Agriculteurs en colère : ne nous trompons pas de combat !

Communiqué de Presse
du lundi 29 janvier 2024

Agriculteurs en colère : ne nous trompons pas de combat !

Depuis une semaine, des agriculteurs et agricultrices se mobilisent partout dans le pays pour exprimer leur colère face à un système à bout de souffle, qui les plonge dans la précarité. En réponse, le gouvernement a formulé plusieurs annonces insuffisantes, refusant d’admettre la nécessité d’un changement de modèle de l’agriculture et se servant des écologistes comme bouc émissaire. 

Au Puy-en-Velay (43), à Vienne (38), à Valence (26), à Saint-Rambert-d’Albon (26), à Saint-Laurent-d’Agny (69), à Clermont-Ferrand (63), les conseillères et conseillers écologistes d’Auvergne-Rhône-Alpes sont allé·es ces derniers jours à la rencontre des agriculteurs et agricultrices en colère mobilisé·es sur des barrages d’autoroute et lors d’autres actions pour écouter, échanger, comprendre et débattre. 

Nous avons rencontré des agriculteurs et agricultrices sans bannière syndicale ainsi que des responsables de chambres d’agriculture et des syndicats (FDSEA, Jeunes agriculteurs et Confédération paysanne). À chaque fois, de riches échanges avec des éleveurs, des arboriculteurs, des céréaliers, des maraîchers exprimant un même épuisement. Épuisement par rapport à des conditions de travail difficiles et sans rémunération correcte. Alors qu’un agriculteur se suicide tous les 2 jours, il est temps d’affronter les causes de cette détresse. 

Des raisons de la colère bien différentes des revendications de la FNSEA

Nous entendons la colère du monde agricole. Cette mobilisation révèle une crise profonde de la rémunération et de la reconnaissance des paysans. En 2023, 18% des foyers agricoles sont sous le seuil de pauvreté. L’endettement moyen atteint 200 000€. Le revenu agricole a chuté de 18% : les prix des produits baissent sous la pression des centrales d’achat et des industriels, tandis que les prix s’envolent, au profit des grandes entreprises qui ont vu leurs marges augmenter de 48 %. Dans le même temps, les agriculteurs voient les coûts de production exploser (prix des intrants, charges sociales, prix de l’énergie). Augmentation du GNR (gazole non routier), de l’électricité et retard de paiement des aides de la PAC (Politique agricole commune) mettent le feu aux poudres. 

Cette mobilisation n’est pas le rejet d’une réglementation environnementale trop contraignante comme voudraient le faire croire certains. Elle exprime l’injustice des politiques libérales mises en œuvre, soutenues par le centre et la droite. L’injustice d’être en concurrence directe avec des produits issus d’autres pays qui ne respectent pas les règles en vigueur en France. Elle rejette la loi du plus fort lors des négociations nationales entre agriculteurs, transformateurs et grande distribution, et la concentration des aides de la PAC sur les plus grosses fermes. 

Ne nous trompons pas de colère, et rétablissons des faits

Des obligations administratives excessives pèsent sur le quotidien et les règles de biosécurité sur les élevages plein air sont surdimensionnées pour les élevages paysans, mais le mirage d’une « suppression des normes » ne résoudrait pas les problèmes

La réelle problématique est le revenu paysan, résultat de la Politique agricole commune actuelle et des politiques ultra-libérales. Les élu·es écologistes entendent rétablir les faits et dénoncer les causes de cette crise : 

  • La PAC votée en 2021 au Parlement européen par la Macronie, les Républicains de Laurent Wauquiez et le RN et contre laquelle Les Écologistes se sont battus, favorise l’agrandissement des exploitations, est trop inégalitaire avec au niveau européen 80 % de l’aide versée aux 20% des agriculteurs les plus riches et ne répond pas aux enjeux d’aujourd’hui et de demain.
  • Les accords de libre-échange constituent des fossoyeurs de l’agriculture. Les écologistes luttent sans relâche contre ces accords, qui privilégient certaines exportations au détriment de la sécurité alimentaire et du bien-être paysan.
  • La non-application de la loi Egalim laisse le champ libre au “triangle de l’enfer” que sont l’agro-industrie, les géants de l’agroalimentaire et la grande distribution, qui font leur marge à la fois sur le dos des consommateurs et consommatrices et de celles et ceux qui nous nourrissent ! 

La Région doit sortir de l’hypocrisie 

Les annonces du gouvernement du 26 janvier ne sont absolument pas à la hauteur de la crise, pas plus que la politique agricole régionale d’un Laurent Wauquiez qui se dit aux côtés des agriculteurs, et instrumentalise la mobilisation en cours à des fins politiciennes, alors même qu’il n’a cessé de soutenir le modèle mortifère de la FNSEA, avec des méthodes parfois douteuses

Renaud Daumas, agriculteur bio à Retournac, conseiller régional (Haute-Loire) membre de la commission Agriculture interroge : « Que fait la Région aujourd’hui sur ce sujet ? Elle a supprimé la subvention aux ADDEAR pour l’installation agricole, et elle n’utilise même pas le levier de la commande publique : les lycées de la région ne disposent pas des budgets nécessaires à la mise en place de repas de qualité valorisant les produits locaux. »

Il est temps de soutenir vraiment la transition agro-écologique et non pas le nouveau triptyque porté par le gouvernement et l’exécutif régional, numérique / robotique / génétique qui poursuit une fuite en avant vers l’endettement sans répondre aux raisons de la crise agricole qui couve depuis longtemps déjà. La Région devrait plutôt mettre en place une politique de protection de la ressource en eau et des terres agricoles, dans l’intérêt de tous. La bétonisation des terres agricoles n’est pas compatible avec le soutien au monde agricole. La Région doit en particulier cesser la construction de routes et jouer son rôle dans la mise en œuvre du zéro artificialisation nette (ZAN).

Il est temps au niveau régional de soutenir toutes les installations, et de ne pas concentrer les financements sur les investissements mais aussi de soutenir spécifiquement les installations hors cadre familial ou créant de la valeur ajoutée ou de l’emploi. 

Bénédicte Pasiecznik, conseillère régionale (Métropole de Lyon) membre de la commission Agriculture : « Les écologistes sont les premiers alliés des agriculteurs. Nous agissons dans les collectivités que nous dirigeons et nous portons des propositions à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen, pour protéger les paysans face à un marché libéral et aux défis climatiques, face aux bétonneurs des terres agricoles et aux destructeurs du vivant.  ».

Il est temps d’œuvrer pour notre souveraineté et sécurité alimentaire. Il est temps de refaire le lien entre agriculture et alimentation, de réformer la Politique agricole et alimentaire commune, de déployer la  sécurité sociale de l’alimentation. Il est temps que les politiques de soutien à l’agriculture soient élaborées démocratiquement, en associant l’ensemble des syndicats agricoles, et pas le seul syndicat majoritaire. 

Les Écologistes appellent la majorité de Laurent Wauquiez à cesser ses incohérences et à soutenir une réelle transition écologique du modèle agricole qui soit durable et rémunératrice pour celles et ceux qui nous nourrissent. 

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