À la rencontre des #AgriculteursEnColere

Maud Grard et Bénédicte Pasiecznik, conseillères régionales écologistes d’Auvergne-Rhône-Alpes membres de la commission Agriculture, sont allées à la rencontre des agriculteurs et agricultrices participant au barrage de l’autoroute A7 à Saint-Rambert d’Albon dans la Drôme.

Elles ont pu échanger avec des éleveurs, des arboriculteurs, des céréaliers, des maraîchers, venus de la Drôme, mais aussi de l’Ardèche et de l’Isère pour exprimer un même épuisement. Epuisement par rapport à des conditions de travail difficiles et sans rémunération correcte.

Les paysans et paysannes rencontrés décrivent des coûts de production qui explosent (prix des intrans, charges sociales, prix de l’énergie) alors que les prix de vente n’augmentent pas et ne peuvent pas être négociés avec les centrales d’achat.

Nombre d’entre eux ne parviennent pas malgré leur souhait à vendre leurs produits plus localement et dans des filières courtes (et donc à obtenir des prix de vente plus intéressants) : c’est le cas d’un éleveur en bovin-lait, d’un arboriculteur.

Certains nous indiquent avoir des difficultés à transmettre leur ferme, et lorsqu’ils partent finalement à la retraite, être obligé d’exercer une activité salariée pour compléter une retraite trop faible.

La question règlementaire est surtout abordée par rapport à l’injustice d’être en concurrence directe avec des produits issus d’autres pays européens, ou extra-européens, qui ne respectent pas les règles en vigueur en France. L’exemple nous est notamment donné sur les fruits, avec l’absurdité de se retrouver face à des fruits d’Espagne qui ont fait beaucoup plus de km et qui se vendent tout de même moins cher.

La complexité administrative, les aberrations financières ou la lourdeur des contrôles apparaissent comme un poids supplémentaire pour ces agriculteurs qui sont déjà à bout : décalage de paiements PAC, frais bancaires dédiés, absence d’aide financière en cas d’erreur comptable. Cela contribue à un sentiment d’isolement et un manque de reconnaissance de la profession.

Enfin la répartition des aides de la PAC pose question aussi avec des subventions concentrées par les plus grosses exploitations qui en ont a contrario moins besoin.

Au regard de ces témoignages, la mobilisation apparaît non pas comme le rejet d’une règlementation environnementale trop contraignantecomme voudraient le faire croire certains, mais le fruit d’une politique libérale, basée sur le libre-échange commercial au niveau international et la loi du plus fort lors des négociations nationales entre les agriculteurs, les industriels et la grande distribution.

Nous regrettons ainsi que les alliés de l’exécutif régional votent en faveur des accords de libre-échange au Parlement européen. Nous regrettons également qu’à la Région comme au gouvernement, la cogestion des politiques agricoles avec le seul syndicat majoritaire soit encore d’actualité. Afin de protéger notre environnement et celles et ceux qui nous nourrissent, nous avons urgemment besoin de plus de démocratie dans l’élaboration des politiques agricoles et la garantie d’une rémunération digne pour les agricultrices et agriculteurs.

Des communes au Parlement européen, les écologistes travaillent avec sérieux sur ces sujets. Avec l’arrivée prochaine du projet de loi d’orientation agricole, nous rappelons que des parlementaires écologistes avaient déjà formulé en novembre dernier 10 propositions pour une agriculture qui puisse nourrir sainement la population et qui permette aux paysans de vivre dignement :

#SurLeChamp : Soutenons l’installation agricole – compte-rendu d’une visite de ferme le 13/11/2023

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