Intervention de Cécile Michel – Préparer les mobilités dans la décennie à venir

Total, EDF, Engie… ce ne sont pas de grands hurluberlus écologiques qui nous appellent ces jours-ci à consommer moins d’énergies, de carburants. Et il semble difficile de s’étonner, s’offusquer voire s’étrangler de cette alerte quand on sait que le coût d’un véhicule était déjà proche de 4000€/an avant l’augmentation du prix des carburants que l’on connaît actuellement. 

Alors ce n’est pas anodin que ce rapport contienne à la fois les étapes préalables à la convention TER avec SNCF Voyageurs et, dans le même temps, l’expérimentation de la gestion et de la maîtrise d’ouvrage des routes, alors même que la feuille de route des mobilités – positives 2035 est en préparation.

Ces 2 sujets, on ne va pas se mentir, incarnent de manière exacerbée des positions opposées sur le sujet des mobilités. Je remercie M. Aguilera d’avoir toujours rappelé la logique d’intermodalité au cœur de la feuille de route et de sortir des positions caricaturales. Nous avons besoin de bien mieux que de caricatures pour aborder les mobilités.

Deux grandes bornes (sans jeu de mots) à notre discussion :

–   L’obligation d’ici au 25/12/2023 d’engager l’ouverture à la concurrence : le renouvellement de notre convention TER avant cette date et pour 10 ans nous permettant alors de préparer et contenir cette ouverture à la concurrence, et l’on se réjouit de cette position. Cette décision découle d’ailleurs du troisième paquet ferroviaire européen, que d’aucuns auront l’occasion de mieux comprendre au parlement européen.

–   Les lois LOM et 3DS donnent la possibilité d’expérimenter la prise de compétences sur un certain nombre de dossiers, comme la gestion et la maîtrise d’ouvrage des routes nationales, mais aussi de certaines lignes ferroviaires.

La mobilité est aujourd’hui une réalité importante de notre quotidien, qui peut évoluer vers plus de sobriété quantitativement et qualitativement, sans tomber dans l’interdiction. ​​Le dérèglement climatique, la nécessité de réduire nos GES, mais aussi de protéger nos ressources – foncier et eau notamment – nous imposent de penser des modèles de mobilités qui soient durables tout en restant accessibles. C’est pourquoi nous avons un énorme besoin de nous parler de mobilité, des modes de déplacement, des types de transports nécessaires, des habitudes. Nous avons besoin de nous parler aménagement du territoire et efficacité de l’argent public ; qualité de vie en rural et pollutions atmosphériques en zone urbaine. Nous avons besoin d’interconnecter nos réalités pour trouver des solutions partagées. Alors, ouvrons le débat. Garantissons un débat démocratique qui vous est unanimement demandé à travers l’amendement coporté.

Nous, écologistes, plaidons pour un ambitieux plan ferroviaire en Auvergne-Rhône-Alpes. Evidemment aujourd’hui en l’état du réseau et du service, les TER sont loin de répondre aux besoins en mobilité de la population. Evidemment demain, nous n’aurons pas tous et toutes une gare au pied de notre porte. Et je le dis de manière très claire : une voiture est dans certains territoires nécessaire. Mais le train peut être, doit être le squelette d’un maillage intermodal ambitieux et adapté aux besoins et enjeux.

Nous pouvons donc miser sur plus de lignes, plus de services :

–   Avec la réouverture de certaines lignes : Tram Train de l’Ouest Lyonnais/ dont sa prolongation dans la Vallée de la Brévenne, mais aussi Est Lyonnais, Givors-Condrieu, Thiers-Boën et d’autres encore.

–   Avec une meilleure efficacité de l’argent public : Il nous faut mieux utiliser nos infrastructures et d’abord les infrastructures ferroviaires

o   On ne peut se satisfaire d’investir 226 millions pour gagner 3 min sur la RN88 en bétonnant des terres agricoles. 

o   On ne peut se satisfaire d’un projet de BHNS qui annonce un temps de trajet non concurrentiel en zone très dense là où la solution ferroviaire aurait permis un vrai report modal

–   Avec un véritable choc de l’offre :

o   en milieu dense avec les perspectives de RER qui nécessitent de se parler là aussi, entre collectivités et d’avancer en responsabilité ;

o   en milieu rural aussi, car ce choc de l’offre peut véritablement apporter des solutions réalistes et efficaces, comme nous le montrent les exemples voisins, comme la ligne Merano-Malles en Italie.   

Ne pas déployer le maximum de solutions pour sortir de la dépendance à la voiture, tenter simplement de se dégager d’une seconde voiture quand cela est possible et souhaité, c’est cela qui est punitif. Ne pas apporter des réponses ciblées et avec une vraie efficacité de l’argent public pour ceux et celles qui resteront malgré eux dépendant à la voiture, c’est cela qui est punitif. 

On entend souvent aujourd’hui l’incompréhension face à la diminution des moyens de l’Etat concernant le ferroviaire, pour garantir un maintien des infrastructures en bon état (et on sait qu’il y a de quoi faire)…

On entend aussi ici qu’il faut se recentrer sur nos cœurs de compétence.

On ne peut que s’étonner du choix d’aller vers l’expérimentation uniquement des possibilités issues de la loi 3DS pour le routier.

D’autant que l’on sait que le cœur du sujet sera avant tout sur le volet mobilités du prochain CPER qui laisse à craindre que l’ambition nationale ne soit pas au niveau des besoins.

Bref, expérimentons aussi la prise de compétence des petites lignes ferroviaires comme l’a permis la LOM, facilitée par la loi 3DS. Notre région a de grandes capacités en la matière. Notre région pourrait être la première dans son maillage et son service ferroviaire, socle de l’intermodalité.

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