Intervention de Anne Babian-Lhermet –  Plan d’urgence grêle

Intervention d’Anne Babian-Lhermet sur la rapport “Plan d’urgence” suite aux épisodes de grêle. Notre groupe a voté favorablement.

Monsieur le président, cher.es collègues,

Samedi 4 juin, 22h30, l’orage gronde au-dessus de l’agglomération de Vichy. Un grondement de tonnerre plus long que les autres …. Un peu étrange, qui n’en finit pas, accompagné de coups frappés à l’extérieur : la grêle, une grêle comme bon nombre de personnes n’avait jamais vu. Des grêlons entre la balle de ping pong et la balle de tennis, et même des boules de pétanque !

Cet orage de grêle a balayé auparavant les Combrailles, et le sud-ouest du département de l’Allier, semant la désolation sur son passage.

Cet épisode d’une vingtaine de minutes qui a paru une éternité, a laissé des traces qui elles mettront très, très longtemps à s’effacer. Des dégâts qui ne seront pas réparés avant très, très longtemps.

Toitures endommagées, toitures en fibrociment devenues passoires, véhicules très dégradés aux pare-brises brisés, végétation très abîmée, oiseaux morts (la Ligue de Protection des Oiseaux estime à 10 000 le nombre d’oiseaux tués par la grêle sur l’agglomération de Vichy).

Des particuliers doivent être relogés car des plafonds se sont effondrés sous le poids de la laine de verre gorgée d’eau. Beaucoup sont encore à l’hôtel à ce jour. C’est un traumatisme pour des familles qui ont tout perdu.

Les bâtiments publics ont subi aussi de gros dommages : écoles, collèges, salles des fêtes, mairies, églises, hippodrome, opéra …. Des écoles ne pourront pas accueillir d’élèves avant septembre. Les services publics ont été perturbés, des associations solidaires ne peuvent plus accueillir les personnes dans le besoin, leurs locaux étant sinistrés. Des équipements sportifs ont subi de gros dommages, comme au CREPS.

Plusieurs petites communes sont très durement touchées.

Le tissu économique du bassin de Vichy a été fortement affecté par cet épisode de grêle et le sera durablement. Un grand nombre d’entreprises et de commerces ont subi des dommages très importants, avec souvent des outils de production hors d’usage. Ce sont des salariés au chômage partiel… des marchandises perdues, des commerces de centre-ville fermés. 

Et on a vu de longues files d’attente devant les agences d’assurance….

Plus récemment, la semaine dernière, c’est l’est du département qui a été fortement touché par la grêle, les bâtiments agricoles sont sinistrés et les cultures fortement impactées. Et le week-end dernier, ce sont des pluies diluviennes qui se sont abattues sur des bâtiments déjà sinistrés, et ont fait déborder des cours d’eau.

Aujourd’hui, les matériaux pour réparer les dégâts manquent. C’est la course pour obtenir bâches et tuiles. Il y avait déjà une pénurie de tuiles depuis la pandémie, là, c’est très préoccupant, Il y a de fortes tensions sur ces matériaux. 

Les carrossiers sont débordés face aux innombrables véhicules endommagés, les délais de réparation seront très longs. Des toitures en fibrociment devront faire l’objet d’opérations de désamiantage.

Les dégâts sont considérables, et plus importants que ceux de la tempête de 1999.

D’importants renforts de pompiers sont venus de toute la France pour prêter main forte à leurs collègues, et il faut saluer ici leur courage et leur dévouement. Mais aujourd’hui, ils sont partis et il est à craindre que les nouveaux orages provoquent des dégâts d’autant plus graves que les toitures et bâtiments sont très fragilisés par le premier épisode de grêle.

Des artisans couvreurs de toute la France, ont apporté leur précieux savoir-faire pour réparer, bâcher. Cette solidarité fait chaud au cœur.

Et je tiens à saluer l’ensemble des personnels municipaux des villes touchées, et les élu.es qui se sont mobilisé.es pour venir en aide aux sinistrés.

Cet épisode météorologique violent est une conséquence directe du dérèglement climatique. Tout comme les épisodes de canicule, de sécheresses, d’inondations… Préserver le climat, ce n’est plus une urgence, c’est une extrême urgence. Toutes les politiques locales, nationales, européennes doivent être tournées vers l’urgence climatique !

Décarboner toutes nos activités doit devenir une évidence : sobriété et énergies renouvelables sont les solutions à mettre en œuvre immédiatement.

S’il est indispensable de réparer, et nous approuvons le plan proposé ici, il faut s’interroger sur comment adapter notre monde à ces phénomènes, qui, même si nous parvenons à ralentir le réchauffement climatique, ne manqueront pas de se reproduire.

L’adaptation des constructions doit se faire par le choix des matériaux, l’orientation des bâtiments, de nouvelles normes doivent être créées pour éviter les drames que l’on vient de connaître.

Un accompagnement des entreprises pour adapter leurs bâtiments et mettre en sécurité leurs machines et chaînes de fabrication est nécessaire. Adaptation à la grêle, aux vents violents, aux pluies diluviennes. Adaptation au risque inondation : n’attendons pas une catastrophe pour délocaliser/ relocaliser certaines zones d’activités qui sont en zones inondables et  les sols devront être impérativement désimperméabilisés.

Adaptation aussi à la sécheresse : adaptation des bâtiments, des équipements publics. Adaptation aux pénuries d’eau : restauration des zones humides, usage plus sobre de l’eau. Et enfin, adaptation de l’agriculture avec des variétés peu gourmandes en eau. Et des bâtiments agricoles moins vulnérables aux vents violents et à la grêle. 

Les intempéries qui se sont abattues sur le bassin de Vichy, mais aussi dans d’autres secteurs de la région, et dans d’autres régions, démontrent cruellement que l’inaction climatique est punitive.  Aussi, avant que des phénomènes météorologiques plus violents encore ne sèment la désolation, pour que les habitantes et les habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes vivent en sécurité, engageons résolument notre région dans la lutte contre le dérèglement climatique, engageons une révolution de nos comportements, de notre façon de vivre, et accompagnons les acteurs économiques et les collectivités pour adapter nos activités et nos modes de vie.

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