Mission Lycées : le rapport

« Plus aucun lycée d’Auvergne-Rhône-Alpes n’est en mauvais état ». Telle est la réponse de Laurent Wauquiez à nos demandes répétées d’information et de transparence. 

À cette opacité, nous avons répondu par une initiative innovante : la Mission Lycées, du 31 mars au 30 juin. Nous n’avons eu d’autre choix que de lancer notre propre mission d’information et d’évaluation, que nous avons voulu citoyenne pour donner la parole à celles et ceux qui étudient et travaillent dans les lycées. 

5 716 personnes ont contribué à la plateforme numérique ouverte pour l’occasion, soit 2% de la population lycéenne des lycées publics de la région, et une vingtaine d’organisations ont été auditionnées. Le bilan de cette démarche inédite est sans appel : oui, il y a encore dans notre région des lycées en mauvais état. Et ça n’est pas anecdotique. 

Le volume de données recueillies est important, il nous a permis de rédiger un rapport de près de 200 pages, dans lequel nous formulons 30 recommandations à l’adresse de l’exécutif régional. Ce rapport est une main tendue pour améliorer les conditions d’éducation et de travail dans nos lycées publics, action essentielle pour nos enfants et l’avenir de notre région.

Préface

« Plus aucun lycée d’Auvergne-Rhône-Alpes n’est en mauvais état ». Telle est la réponse de Laurent Wauquiez et de son exécutif à nos demandes répétées d’information et de transparence. Circulez, il n’y a rien à voir.

Pourtant, nous ne cessons d’être interpellés depuis des années par des parents d’élèves, des enseignantes et enseignants et parfois des lycéennes et lycéens, tous inquiets de l’état de leur établissement vétuste, parfois dangereux. Ces dysfonctionnements graves mettent à mal les conditions d’éducation et de travail dans nos lycées.

Si tout est aussi idyllique que le prétend la majorité de droite, alors pourquoi ces retours du terrain ? S’il n’y a rien à cacher, pourquoi avoir exclu l’opposition des conseils d’administration des lycées et avoir refusé notre demande de mission d’évaluation et d’information (MIE) fin 2022 ? Pourquoi entraver le droit le plus basique d’une opposition : contrôler l’action de l’exécutif ?

Les lycées sont le deuxième budget du conseil régional. C’est une compétence majeure et essentielle pour l’éducation de nos enfants et l’avenir de notre pays. Évidemment, c’est un défi permanent : accueillir plus de 200 000 élèves chaque année dans 304 lycées publics de la région, mais aussi plusieurs dizaines de milliers de professeurs et agents de l’Education nationale et 6 700 agents régionaux. Nous sommes conscients qu’un tel défi implique forcément des difficultés conjoncturelles et des priorisations et séquençages budgétaires dans le temps.

Pourtant, l’exécutif de Laurent Wauquiez refuse toute opposition constructive, tout dialogue sur ce dossier qui devrait nous réunir et transcender certains clivages partisans. Mais non, l’exécutif a toujours raison, c’est la réalité qui se trompe.

Nous n’avons eu d’autre choix que de lancer notre propre mission d’information et d’évaluation, que nous avons voulu citoyenne pour donner la parole à celles et ceux qui étudient et travaillent dans les lycées. Avec nos propres moyens, nous avons ouvert une plateforme numérique participative hébergée par Civocracy et nous sommes allés à la rencontre des usagers de 95 lycées lors de tractages militants. Nous avons aussi dû batailler pour avoir accès aux documents des audits commandés par la Région, recopiant à la main des pages entières de données.

Le bilan de cette démarche inédite est sans appel : oui, il y a encore dans notre région des lycées en mauvais état. Et ça n’est pas anecdotique. Qui aurait pu en douter ?

Cependant, notre critique n’est pas totale et stérile : il y a bien sûr eu des réalisations depuis 2016. Mais fermer les yeux sur ce qu’il reste à faire – notamment sur l’isolation thermique, les toilettes ou encore les internats -, c’est faire offense aux centaines de milliers d’usagers et usagères de ces lycées.

Nous espérons que ce rapport, construit avec la plus grande rigueur, sera reçu tel qu’il est par l’exécutif : une main tendue pour améliorer les conditions d’éducation et de travail dans nos lycées publics, une action essentielle pour nos enfants et l’avenir de notre région. 

Fabienne Grébert et Maxime Meyer, coprésidents du groupe Les Écologistes

Najat Vallaud-Belkacem, présidente du groupe Socialiste, Écologiste et Démocrate

Cécile Cukierman, présidente du groupe Insoumis et Communistes

Guillaume Lacroix, président du groupe PRG – Le Centre-gauche

La genèse du rapport

22 juillet 1983 : loi décentralisation confiant la gestion des lycées aux conseils régionaux

4 janvier 2016 : élection de Laurent Wauquiez à la présidence de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, gel tous les projets de rénovation décidés par les exécutifs de gauche et écologistes des régions Auvergne et Rhône-Alpes, lancement d’un audit.

29 septembre 2017 : vote du « Plan Marshall » (plan pluriannuel d’investissement 2016-2021) pour les lycées en assemblée plénière. 

8 février 2018 : avis favorable de la CADA pour la transmission d’une copie de l’audit des lycées réalisé par l’Apave. Cette copie ne sera obtenue par Monique Cosson qu’à l’été 2020. 

Juillet 2021 : réélection de Laurent Wauquiez, exclusion des conseillères et conseillers régionaux d’opposition des conseils d’administration des lycées.

7 octobre 2022 : demande de création d’une mission d’information et d’évaluation (MIE) sur le bâti des lycées publics de la région par 50 conseillères et conseillers régionaux de gauche et écologistes. 

15 décembre 2022 : rejet in extremis de notre demande de MIE, après plusieurs échanges constructifs en conférence des présidents. Présentation d’un bilan du « Plan Marshall” et d’un nouveau schéma pluriannuel de stratégie immobilière 2022-2030 (SPSI) pour les lycées. 

31 mars 2023 : conférence de presse de lancement de la « Mission Lycées », mission d’information et d’évaluation citoyenne organisée par les quatre groupes écologistes et de gauche du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes pour dresser un diagnostic participatif de l’état des lycées publics de la région via une plateforme numérique hébergée par Civocracy. 

2 mai, 11 mai, 25 mai et 1er juin 2023 : vagues de tractages régionales devant 95 lycées publics de la région.

30 juin 2023 : clôture de la plateforme Civocracy, avec 5 716 réponses reçues. 

20 octobre 2023 : présentation du rapport et des 30 recommandations sur le bâti des lycées publics de la région.

La méthodologie

Une plateforme en ligne, hébergée par Civocracy

Pour recueillir des témoignages de la part des élèves et de la communauté éducative, nous avons lancé une plateforme participative. Après des entretiens avec plusieurs prestataires, nous avons choisi la plateforme hébergée par Civocracy, qui avait déjà été prestataire de la Région pour sa consultation publique, par exemple sur le SRADDET.

Nous nous sommes fixé l’objectif d’au moins 1% de participation de l’ensemble des 200 000 élèves du secondaire des lycées publics de la région.

La plateforme a été ouverte du 31 mars au 30 juin 2023, soit trois mois. 

C’est finalement 2% de la population lycéenne des lycées publics qui a participé, ce qui est bien supérieur aux consultations équivalentes.

Une campagne de communication et de mobilisation autour de 4 vagues de tractage

Nous avons mené une campagne de mobilisation de terrain pour faire connaître la plateforme au plus grand nombre. Cette mobilisation s’est surtout concentrée sur un mois, de début mai à début juin, avec quatre vagues de tractage : le 2 mai, le 11 mai, le 25 mai et le 1er juin. Ces actions ont été conduites devant 95 lycées sur les 304 de la région, choisis aléatoirement afin de garantir la  neutralité de notre démarche.

Le succès de cette mobilisation a même entraîné un dysfonctionnement de la plateforme, lors de la vague de tractage du 1er juin. Les équipes de Civocracy nous ont confié n’avoir jamais vu ce niveau de fréquentation sur leur site.

La mobilisation de terrain est celle qui a généré le plus de flux sur la plateforme, bien loin de l’impact des articles de presse (52 articles recensés sur 31 médias différents) ou des publications sur les réseaux sociaux, y compris certains posts partagés par des personnalités politiques ayant une bonne couverture médiatique (Najat Vallaud-Belkacem, Marie-Charlotte Garin, etc.). A noter qu’aucune publication numérique n’a été sponsorisée. Cela démontre l’importance des outils traditionnels pour mobiliser les personnes concernées face aux outils numériques émergents

L’obstruction de l’exécutif régional 

Dès le lancement de la démarche participative, l’exécutif a adressé un courrier à l’ensemble des agents leur intimant de ne pas contribuer à la Mission Lycées au nom du devoir de réserve qui s’impose aux agents de la fonction publique alors que ce devoir de réserve ne s’applique pas en l’espèce. La majorité de droite a également répliqué en organisant des points presse pour vanter l’action de la Région en faveur des lycées et conspuer la démarche citoyenne. 

Ces initiatives de la majorité régionale amènent à s’interroger encore une fois sur son degré de tolérance envers le débat d’idées et le respect de l’opposition.

De nombreuses auditions  

Durant toute la durée de la mobilisation, nous nous sommes attachés à entretenir des liens réguliers avec les organisations lycéennes, les organisations de jeunesse et les élus aux conseils académiques de la vie lycéenne (CAVL). Ils ont été d’une aide précieuse par leur mobilisation sur le terrain pour faire connaître notre initiative, mais également par les critiques et recommandations qu’ils ont formulées afin que nous puissions améliorer la démarche.

Nous avons également auditionné de nombreux syndicats d’agents, d’enseignants, de proviseurs, et des fédérations de parents d’élèves, avant et pendant la mobilisation pour écouter leur point de vue sur la situation des lycées en Auvergne-Rhône-Alpes.

Une analyse détaillée des documents disponibles

Enfin, cette mission s’est accompagnée d’un travail d’analyse et de « décorticage » des données du « plan Marshall » de 2017 et du bilan présenté en assemblée plénière de décembre 2022, ainsi que de l’exploitation des données des audits de l’Apave, recueillies lors des séances de recopiage. 

Un plan Marshall sans l’ambition de son titre

Selon le CESER, en 2017 déjà, la notion même de plan Marshall pouvait être relativisée : “en tenant compte des dépenses réalisées en 2016 (226 M€) et du taux d’exécution moyen constaté (92 %), la dépense annuelle annoncée pour la période 2017-2021 se situe dans la continuité des précédentes mandatures, de l’ordre de 230 M€/an.” 

C’est là une tendance permanente de l’exécutif de Laurent Wauquiez d’annoncer des montants colossaux en agrégeant parfois des dispositifs très différents, en recyclant des annonces, le tout à grand renfort de communication. 

Un bilan trop beau pour être vrai 

L’audit de l’Apave de 2016, préalable au plan Marshall, a dressé la liste de 58 lycées jugés en mauvais ou très mauvais état et ayant fait l’objet d’un audit approfondi. D’après l’audit de 2020, plus aucun lycée public de la région ne serait en mauvais ou très mauvais état et seulement 15 établissements sur 302 seraient dans un état jugé moyen. Tous les autres seraient en bon ou très bon état. 

Au-delà des insuffisances de la méthodologie, lors de la consultation des audits, nous avons malheureusement constaté que certains décrivaient des situations loin d’un lycée en bon état. Nous ne comprenons pas ce tour de passe-passe entre des audits factuels très nuancés et un résumé semblant indiquer qu’il n’y a plus de difficultés.

Si le plan d’investissement sous le précédent mandat a évidemment contribué à améliorer l’état des lycées, la vitesse et l’ampleur de cette amélioration globale ont de quoi interroger lorsque dans le même temps, de nombreux retours de terrain nuancent ce bilan.

Un bilan financier très nuancé 

Nous avons analysé les données issues du bilan du plan Marshall en les mettant en perspective avec celles du nouveau plan d’investissement pour la période 2022-2030 présenté lors de l’assemblée plénière de décembre 2022. On constate un recyclage important des opérations du précédent plan. En effet, seulement 25 opérations sur les 199 opérations sont nouvelles, les autres étant des opérations non menées mais prévues par le précédent plan soit un taux de recyclage de 87% !

Ce recyclage n’est pas surprenant au regard des montants inscrits en crédits de paiement dans les budgets primitifs de ces dernières années. En effet, il n’y a pas eu de hausse aussi considérable que ne laissait présager la communication de l’exécutif

En 2015, les conseils régionaux d’Auvergne et de Rhône-Alpes avaient inscrit 235 126 560 euros en investissement pour les lycées publics. En 2022, ce montant s’élevait à 286 912 000 euros, soit une hausse de 22%. Dans le même temps, l’indice du coût de la construction calculé par l’INSEE a augmenté de 23,5%.

Les grands gagnants de la politique régionale en investissement sont en réalité les lycées privés avec 8 250 000 euros en 2015 contre 22 544 000 euros en 2022 (+273%). 

Enfin cette hausse, minime, du budget en investissement pour les lycées publics, ne doit pas cacher la baisse des budgets de fonctionnement, avant la crise inflationniste. Entre le budget 2015 des deux exécutifs de gauche et écologistes, et les budgets 2017 et 2018 sous la présidence de Laurent Wauquiez, les lycées publics avaient perdu 10% de leur budget (- 36 M€). Les aides sociales, projets pédagogiques et innovations démocratiques ont été asséchés, les agents manquent et ne sont plus remplacés. Le budget de fonctionnement par lycéen a baissé de 14,6% entre 2015 et 2022. 

Des disparités majeures

Les données issues de la plateforme mettent en évidence de grandes disparités selon les territoires, le type d’établissement et l’indice de position sociale. Nous ne pouvons savoir si ces disparités sont souhaitées ou renforcées par l’exécutif régional, mais elles sont une donnée factuelle à traiter d’urgence pour garantir l’égalité d’accès à l’éducation dans notre région. 

Disparités territoriales

Les notes attribuées par les répondants à leur lycée dans chaque département sont éloquentes. Le département ayant la plus forte moyenne étant la Haute-Loire avec 7,26 sur 10, suivi du Cantal (6,95) et de la Savoie (6,39). L’Ain termine à la dernière place du classement en obtenant la note de 4,77

Disparités selon le type de lycée

Sur les 5 716 réponses reçues, 4 893 indiquent un type d’établissement. Les lycées privés ne comptabilisent que 111 réponses complètes ou partielles (1,61% du total) mais une note moyenne de 6,40, quand les lycées publics reçoivent une note moyenne de 5,67 pour 4 441 réponses complètes ou partielles. Mais au sein des lycées publics, la disparité est grande entre, d’une part les lycées généraux et technologiques et d’autre part les lycées professionnels. 

Disparités selon l’IPS (Indice de position sociale)

Enfin, nous avons croisé les IPS des établissements et la note moyenne donnée dans les établissements ayant reçu plus de dix réponses. Il tend ainsi à démontrer une corrélation entre l’IPS et l’état du lycée : les lycéennes et lycéens des établissements les plus favorisés socialement considèrent en moyenne que leur lycée est en meilleur état que celles et ceux des lycées les moins favorisés

Les lycées ayant un IPS inférieur à 90 obtiennent une note moyenne de 5,28/10, ceux à l’IPS compris entre 90 et 110 obtiennent 5,69/10 en moyenne, quand ceux à l’IPS supérieur à 100 obtiennent 6,54/10 en moyenne. 

Cette situation est préoccupante : des moyens accrus devraient être investis pour permettre de bonnes conditions d’enseignement lorsque l’environnement social est difficile. 

Zoom sur : 
L’exemple de la cité scolaire Sembat-Seguin à Vénissieux (Métropole de Lyon) est significatif : la communauté éducative se mobilise auprès de l’Éducation nationale et de la Région pour demander des moyens adaptés à la situation alors que le bâti se dégrade. Là aussi, l’engagement régional n’est pas à la hauteur. De la même manière, les travaux de 18 millions d’euros promis au lycée Aragon-Picasso de Givors (Métropole de Lyon) pour la rénovation de la restauration et de l’internat tardent à se matérialiser. Présents dans le plan Marshall, ils figurent de nouveau dans le nouveau schéma pluriannuel d’investissements, mais sans engagement sur les délais. Ce lycée conserve aujourd’hui une certaine mixité sociale, mais les retards pris interrogent sur les objectifs de l’exécutif régional sur ce lycée.

Les principales problématiques soulevées

Premier enseignement de la Mission Lycées : oui, il existe encore des lycées en mauvais état dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. 

Par ailleurs, de nombreux lycées sont dans un bon état global, mais comportent parfois un bâtiment ou une zone spécifique problématique

Une nécessaire planification des travaux d’ampleur, selon les besoins remontés par les lycées, permettrait d’améliorer la situation sans attendre qu’elle se dégrade et ainsi d’espacer dans le temps les restructurations importantes et les engagements financiers qu’elles impliquent.

26 lycées analysés précisément Le nombre de réponses au questionnaire selon les établissements varie énormément, certains lycées n’ont eu qu’une contribution et d’autres ont dépassé la barre de la centaine de contributions (jusqu’à 279 contributions reçues pour le lycée du Bugey à Belley dans l’Ain).Nous avons choisi de retenir au moins deux lycées par département afin d’en établir les fiches techniques, dénommées ici monographies (en annexe du rapport). Pour chaque département, nous avons retenu les deux lycées avec le plus grand nombre de participations, peu importe la note moyenne attribuée. De ce fait, certains des lycées analysés sont en bon état et d’autres en mauvais état. Il est important de préciser que les 26 monographies servent à donner un aperçu de la situation des lycées dans la région mais qu’il ne s’agit pas d’une liste exhaustive. D’autres lycées que ceux analysés en détail sont en mauvais état ou méritent au moins des actions pour remédier à des dysfonctionnements ou avaries.
> Les monographies

Les principales problématiques soulevées sur le bâti

Les questions 6 et 8 proposées sur la plateforme permettent de dégager des tendances importantes sur les problématiques rencontrées dans les lycées publics de la région. 

A la question 6 « Quels sont les endroits qui vous semblent problématiques / dans un état critique dans votre lycée ? », nous avons reçu 4 616 réponses. Deux espaces arrivent largement en tête : les toilettes avec 51,2% d’occurrence, et les salles de classe avec 47,9%. 429 personnes (soit 9,3% des répondants) ont indiqué n’avoir recensé aucun problème dans leur établissement. 

A la question 8  « Avez-vous vécu une des situations suivantes au cours des 12 derniers mois dans votre lycée ? », nous avons reçu 4 084 réponses. Les réponses les plus fréquentes concernent l’isolation thermique des bâtiments, été comme hiver : 51,4% des répondants mentionnent avoir eu trop chaud l’été pour travailler, 45,1% trop froid l’hiver. Les problématiques matérielles se détachent : fenêtres cassées ou insuffisamment étanches (44,3%), radiateurs dysfonctionnels (44%), absences ou pannes de stores, rideaux ou volets (36,8%).

L’isolation thermique des bâtiments

L’isolation thermique des bâtiments est la première préoccupation  : pluis de 50% des contributions mentionnent une difficulté sur ce point. 

L’audit 2020 relève que de très nombreux lycées n’ont pas de diagnostic de performance énergétique ou qu’il est obsolète. L’isolation des bâtiments et leur ventilation, de façon à les rendre énergétiquement économes et efficaces, doivent donc être vite repensés.

Lycée Auguste Bouvet (Romans sur Isère, Drôme)
Lycée du Bugey (Belley, Ain)

Les sanitaires : 

Les sanitaires décrochent la palme du lieu le plus problématique, avec 51,2% d’occurrences, soit 2 365 personnes sur 4 616 réponses à la question 6. Cet enjeu est mentionné 205 fois dans les réponses à la question 10 (question ouverte). 

Lycée du Bugey (Belley, Ain)
Lycée Charles Poncet (Cluses, Haute-Savoie)

Les internats

Tous les répondants n’étaient pas concernés, mais ils sont tout de même 812 à avoir indiqué l’internat comme un endroit problématique de leur établissement. 

Nous estimons à 28 000 le nombre de lycéennes et lycéens en internat dans un lycée public, soit environ 14% des effectifs, souvent originaires de territoires ruraux. Laurent Wauquiez, qui se prétend régulièrement le défenseur de la ruralité, gagnerait à faire du confort des internes une priorité. 

Lycée René Descartes (Cournon, Puy-de-Dôme)
Lycée du Chablais (Thonon les Bains, Haute-Savoie)

Les fuites d’eau

28,5% des personnes mentionnent des fuites d’eau dans leur lycée (1 162 occurrences). 

L’audit de 2020 décrit de nombreuses dégradations, causées par des toits à l’étanchéité dégradée, des évacuations des eaux pluviales inadaptées. Des contributions mentionnent la présence d’humidité et le développement de moisissures sur les plafonds et les murs dans les salles de classes, les chambres d’internat ou encore les logements de fonction.

Lycée Jean Monnet (Yzeure, Allier)

Les équipements sportifs

Pour 742 répondants (16,1%), les gymnases sont dans un état problématique. Le terme “gymnase” apparaît 167 fois dans les questions ouvertes, avec des témoignages parfois inquiétants.

Enfin, de trop nombreux établissements n’ont pas de gymnase en propre, ce qui rend complexe l’organisation des activités sportives et génère des frais de déplacement. On peut d’ailleurs s’interroger sur la politique régionale en la matière, avec par exemple le nouveau lycée Mérieux à Lyon, livré sans gymnase. 

Douches du gymnase du lycée Alain Borne (Montélimar, Drôme)

Les salles spécialisées (laboratoires, ateliers, salle informatique, CDI)

18,7% des répondants indiquent des problèmes avec leur salle informatique, 12,3% avec leur laboratoire de sciences, 10,4% avec leurs ateliers et 7,5% avec le CDI. Par ailleurs, 538 répondants à la question 8 (13,2%) estiment que les ateliers, salles informatiques ou laboratoires sont mal équipés dans leur établissement, et 1 325 personnes (32,4%) indiquent que le matériel informatique n’est pas efficace. 

Lycée Gabriel Voisin (Bourg-en-Bresse, Ain)

Le manque d’espaces verts et d’ombre

27,7% des répondants à la question 6 (1 133 réponses) considèrent qu’il n’y a pas assez d’arbres et d’ombre dans la cour et les espaces extérieurs. La problématique de l’ombre est mentionnée 27 fois à la question 10 et les arbres 19 fois.

Les vagues de chaleur sont de plus en plus précoces et tardives, Auvergne-Rhône-Alpes étant la région qui se réchauffe le plus vite en France. 

De nombreux témoignages pointent aussi le manque de bancs (31 mentions à la question 10) dans les espaces extérieurs.

Lycée Roger Deschaux (Sassenage, Isère)

Autres problématiques soulevées sur le bâti : 

Le manque d’espace : 680 personnes (16,7%) pointent un manque d’espace, avec des salles de classe trop petites ou trop peu nombreuses. Cette problématique va s’aggraver dans certains secteurs : selon l’Insee, le nombre de lycéens devrait croître de 8,3 % entre 2017 et 2030, avec des évolutions très inégales d’un territoire à l’autre. 

Le stationnement des vélos : 440 répondants (10,8%) indiquent que “le lycée ne permet pas de garer son vélo / scooter dans un abri sécurisé”, alors même que les deux compétences majeures du conseil régional sont les mobilités et les lycées. Le terme “vélo” apparaît ensuite dans 37 réponses aux questions ouvertes 7 et 10. 

L’amiante : Certaines contributions pointent la dangerosité de certains matériaux présents dans les lycées. Des dalles recouvrant les sols sont cassées libérant possiblement de l’amiante. Des vitres sont fixées avec du mastic contenant également de l’amiante.

L’accessibilité : 14 répondants ont soulevé des problématiques d’accessibilité dans les réponses ouvertes.

Au-delà du seul bâti, certaines problématiques sont évoquées de manière récurrente : 

Le bâti des lycées publics de la région Auvergne-Rhône-Alpes est le sujet de notre démarche participative et l’axe central de notre questionnaire en ligne. Cependant, de nombreux témoignages évoquent d’autres problématiques relatives aux lycées de la région et nous estimons important de les mentionner :

  • Une relation distendue entre la collectivité et les lycées ;
  • Une gestion du personnel des lycées en flux tendu et un recours croissant à des prestations externes ;
  • Un service de restauration scolaire insuffisamment priorisé ;
  • Une évolution des soutiens pédagogiques qui ne correspond pas aux besoins- ;
  • Des lycéennes et lycéens insuffisamment écoutés et entendus (Pass Région, transports, etc.).

Nos 30 recommandations

Démocratie et évaluation

  1. Généraliser les visites des conseillers régionaux dans les lycées, tout au long de l’année, afin d’entendre les revendications et besoins de l’ensemble de la communauté éducative ;
  2. Réintégrer l’opposition régionale républicaine dans la répartition des représentations du conseil régional au sein des conseils d’administration des lycées afin de favoriser la présence effective des élus ;
  3. Développer des consultations publiques numériques sur les sujets d’intérêt régional, tout en maintenant une forte présence sur le terrain afin de favoriser la participation ;
  4. Prendre réellement en compte l’avis des répondants à ces consultations dans l’élaboration des politiques publiques régionales ;
  5. Installer un espace de dialogue permanent avec les lycéennes et lycéens et avec les organisations de jeunesse, en créant notamment un conseil régional des jeunes ;
  6. Créer une page sur le site du conseil régional rendant visibles toutes les consultations en cours ;
  7. Impliquer les élus du conseil régional et du CESER dans les processus de consultation pour mobiliser davantage de public ;
  8. Garantir un accès aux données brutes (anonymisées) pour toutes les consultations.

Finances

  1. Réaliser un audit détaillé sur la performance énergétique des lycées avec un volet préconisations ;
  2. Mettre à jour le SPSI (schéma pluriannuel de stratégie immobilière) en intégrant les préconisations de ce rapport et le futur audit ;
  3. Déterminer les montants estimés pour chaque opération annoncée dans le SPSI ;
  4. Augmenter d’au moins un milliard d’euros en autorisations de programme et crédits de paiement le SPSI 2022-2030, portant les crédits de paiements à 3,81 Md€ pour la période afin de répondre aux différentes attentes et faire face à la hausse des coûts des matières premières ;
  5. Assurer un traitement égal dans les rénovations des lycées publics, qu’ils soient généraux et technologiques, professionnels ou agricoles, et accorder une attention particulière aux établissements ayant un IPS faible ;

Qualité du bâti

Lancer un grand plan d’adaptation des lycées au dérèglement climatique :

  1. Réhausser l’ambition de rénovation énergétique des bâtiments avec pour objectif la passivité énergétique de tous les lycées de la région à l’horizon 2035 et en utilisant des matériaux locaux et biosourcés, et embaucher des thermiciens au sein de la direction des lycées du conseil régional pour assurer un suivi fin et individualisé des établissements ;
  2. Déployer sans attendre un plan d’installation de volets, stores et rideaux dans les lycées et repeindre, quand cela est possible, les toitures en blanc afin de réduire l’impact des vagues de chaleur dans l’attente de travaux structurels ;
  3. Investir dans l’adaptation des cours de lycées au réchauffement climatique, en suivant les recommandations du Cerema avec une végétalisation massive, l’installation de protections solaires et d’équipements rafraîchissants et un aménagement favorable à la gestion des eaux pluviales ;
  4. Renforcer les équipes d’entretien de la Région, en particulier pour les réseaux de chauffage ;
  5. Créer des stationnements vélo sécurisés et en nombre suffisant dans l’ensemble des lycées publics et expérimenter le prêt de vélo par l’établissement ;

Assurer le confort nécessaire pour garantir des conditions de travail et d’étude satisfaisantes dans nos lycées :

  1. Anticiper le pic démographique à l’horizon 2030 et la possible décrue au-delà en planifiant les investissements nécessaires.
  2. Créer un plan régional spécifique pour les sanitaires des lycées :
  • Augmenter le nombre de sanitaires dans les établissements et réparer les sanitaires existants mais défectueux, notamment à destination des personnes à mobilité réduite
  • Engager des travaux de mise en accessibilité des toilettes pour les élèves en situation de handicap,
  • Assurer la disponibilité constante d’équipements (savon, papier-toilette, séchage des mains, poubelles, etc.),
  • Installer des distributeurs gratuits de protections hygiéniques,
  • Prévoir des sanitaires à proximité de chaque classe et des lieux à forte circulation (cour de récréation, préau, cantine) dans les constructions futures d’établissements,
  • Embaucher suffisamment d’agents régionaux pour garantir la propreté des sanitaires.
  1. Moderniser tous les internats en installant autant que faire se peut des salles de bain dans chaque chambre et équiper les salles d’étude de prises électriques et connexion internet en nombre suffisant ;
  2. Equiper les établissements de véritables réseaux informatiques cohérents et de connexions Internet efficaces et stables et mettre à disposition des établissements un service de maintenance des réseaux informatiques ;
  3. Etablir un plan pluriannuel de rénovation et mise aux normes des ateliers ;
  4. Rendre les 304 lycées accessibles aux personnes en situation de handicap, en menant des audits participatifs avec des personnes concernées pour engager des travaux utiles et efficaces et rendre l’accessibilité et la mise en sécurité réellement universelle ;
  5. Établir un diagnostic de la présence de l’amiante dans chaque lycée et mener les travaux nécessaires.

Enjeux hors bâti

  1. Revoir les modalités de communication entre la Région et les lycées publics : participation de tous les élus régionaux aux conseils d’administration des lycées, renforcement de la direction de l’Education et des Lycées pour assurer ce suivi ;
  2. Revoir la gestion du personnel des lycées pour limiter le recours à des prestations extérieures d’urgence, envisager un pool de remplacement sur les secteurs urbains et revenir à une gestion des services de restauration et d’entretien uniquement en régie publique ;
  3. Faire un état des lieux de la tarification de la restauration dans les lycées publics d’Auvergne-Rhône-Alpes et développer une trajectoire d’harmonisation avec une tarification sociale, comme le font par exemple les régions Bretagne, Ile-de-France et Centre-Val de Loire ;
  4. Inciter les établissements à développer la part des produits locaux et biologiques dans les repas, au-delà des seules obligations de la loi Egalim, et garantir une alternative végétarienne équilibrée pour chaque repas ;
  5. Augmenter la dotation globale de fonctionnement des lycées pour permettre la tarification sociale et l’amélioration de la qualité des repas, dégager des marges de manœuvre pour l’organisation d’activités pédagogiques, tout en conservant des fonds de réserves suffisants.

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