Il y a tout juste 50 ans, le 1er octobre 1972, était publié un rapport intitulé « les limites à la croissance (dans un monde fini) », plus connu sous le nom de rapport Meadows, du nom de ses principaux auteurs, Donella et Dennis Meadows.
Ce rapport est une commande du Club de Rome, un groupe de réflexion d’expert·es du monde entier, qui met pour la première fois en lumière les graves dangers que fait peser la croissance économique et démographique humaine sur l’environnement. A une époque où les Trente Glorieuses se terminent à peine avant le premier choc pétrolier, les propositions du rapport Meadows appellent à stabiliser l’activité économique et la croissance de la population pour éviter l’effondrement du système Terre, ce qui constitue une révolution épistémologique. Un constat indéniable établissant scientifiquement l’impossibilité d’une croissance infinie sur une planète aux ressources finies.
Malheureusement cinq décennies et 27 COP plus tard, ce rapport est plus que jamais pertinent mais ses leçons ne sont toujours pas tirées par nos dirigeants : la croissance économique du PIB continue de constituer l’alpha et l’oméga des politiques publiques tandis que les écologistes et partisan·nes de la décroissance, bien que de plus en plus nombreux.ses, sont encore caricaturé·es. Et la COP 27 de Charm el-Cheikh (Egypte) en novembre sera même sponsorisée par Coca-Cola !
En région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez se targue toujours de présider « la région la mieux gérée de France » parce qu’elle obtient AA+ de l’agence Standard & Poor’s. Et ce tandis qu’il coupe les budgets des zones protégées Natura 2000, préférant subventionner les industries touristiques, l’agriculture intensive, les technologies de surveillance et les chasseurs.
Les zones humides sont asséchées pour doubler une route nationale en Haute-Loire, et la moindre goûte d’eau est stockée dans d’immenses retenues collinaires qui défigurent nos montagnes maintiennent sous perfusion de neige artificielle les stations de ski alpin. Cette prédation est même assumée, puisque pour soutenir sans limites le développement économique, la Région annonce « chasser en meute » avec la CCI, le Medef, la BPI et d’autres, au sein d’un « G6 de la relocalisation » pour conquérir de nouvelles parts de marché.
N’osez pas contredire ces stratégies dignes des années 1970. Laurent Wauquiez balaie toute critique de la croissance en stigmatisant en permanence les écologistes au nom d’une soi-disant « écologie positive ». Une expression qui n’aurait pas déplu à Georges Orwell selon lequel : « Le langage politique est destiné à rendre vraisemblable les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent. »
Alors plus que jamais, les écologistes sont du côté de la science. Très bon anniversaire au rapport Meadows. 50 ans plus tard, certain·es auraient tout intérêt à le lire.
Benjamin JOYEUX, conseiller régional
Bravo, bel édito, tout y est ….
L’inculture scientifique et le conformisme économique d’une majorité de nos dirigeants expliquent pour beaucoup le cap “titaniqueste” qui nous est imposé, malgré toutes les alertes et résistances.