Journée nationale de la résilience face aux risques naturels et technologiques

A l’occasion de la journée nationale de la résilience face aux risques naturels et technologiques, Claudie Léger, conseillère régionale en Savoie, nous explique les enjeux régionaux de sécurité civile.

Pourquoi une journée du 13 Octobre ?

Par résolution du 21 Décembre 2009, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de cette date pour sensibiliser la population aux risques naturels qui concernent leur cadre de vie.

La troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe à Sendai (Japon) en mars 2015 a d’ailleurs rappelé aux dirigeants du monde entier les conséquences des catastrophes naturelles au niveau local, les coûts pour la société par les pertes humaines, les dommages sur l’économie, les atteintes à l’environnement et la nécessité de déployer des politiques publiques de prévention des risques naturels majeurs.

Effectivement, les conséquences du changement climatique coûtent de plus en plus cher. Le coût des catastrophes naturelles a bondi de 24% entre 2020 et 2021 s’élevant à 221 Milliards d’Euros (selon Swiss Ré – chiffres de fin 2021) ! Et la facture sera plus lourde encore avec la trajectoire du réchauffement climatique pour l’instant autour de 2,7°. 

La mise en place de politiques de prévention et d’adaptation aux aléas naturels devient urgente et nécessaire à tous les échelons territoriaux !

Cette année, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires souhaite faire du 13 Octobre la première journée nationale de la « Résilience ». Intitulée « Tous résilients face aux risques », elle met en avant 600 actions labellisées en Métropole et en Outre-Mer pour informer, sensibiliser et « acculturer » les citoyens aux risques majeurs. Cette année, encore plus que les précédentes, cette journée est bienvenue et doit résonner dans l’esprit des français. L’été caniculaire que nous venons de passer avec son lot de désastres :  grande sécheresse (pas terminée) et méga-feux de forêts (en Gironde et aussi dans des départements jusqu’à présents préservés de ces phénomènes), nous confronte à la réalité des impacts du changement climatique ; les catastrophes « naturelles » sont plus fréquentes, s’intensifient, bouleversant notre façon d’habiter notre Terre et menaçant nos conditions de vies.

Qu’est-ce qu’un risque naturel majeur ?

“Le risque majeur est la possibilité d’un événement d’origine naturelle ou anthropique, dont les effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de personnes, occasionner des dommages importants et dépasser les capacités de réaction de la société.”

L’existence d’un risque majeur est liée :

► d’une part à la présence d’un événement potentiellement dangereux, l’aléa , d’occurrence et d’intensité données, qui est la manifestation d’un phénomène naturel ou anthropique,

► d’autre part à l’existence d’enjeux, qui représentent l’ensemble des personnes et des biens pouvant être affectés par un phénomène.

Un événement potentiellement dangereux ALÉA n’est un RISQUE MAJEUR que s’il s’applique à une zone où des ENJEUX humains, économiques ou environnementaux sont en présence.

Deux critères caractérisent le risque majeur :

une faible fréquence : l’homme et la société peuvent être d’autant plus enclins à l’ignorer que les catastrophes sont peu fréquentes

une énorme gravité : nombreuses victimes, dommages importants aux biens et à l’environnement.

La région Auvergne-Rhône-Alpes est particulièrement exposée aux risques naturels : inondations, mouvements de terrain, avalanches, incendies de forêt et séismes.

Hors séisme, 87 % des communes de la région sont concernées par au moins un de ces risques. Le risque inondation concerne à lui seul 77 % des communes de la région. Les risques majeurs (naturels et technologiques) menacent 2,5 Millions d’habitants et impactent 1,5 Millions d’emplois rien qu’en Auvergne Rhône Alpes.

Comment faire face aux risques naturels majeurs ?

Face aux conséquences des risques naturels majeurs et leur aggravation, il y a nécessité de déployer des politiques d’adaptation pour atténuer voire éviter ces conséquences. 

En France, la politique de prévention des risques majeurs repose sur 7 principes complémentaires :

La connaissance des phénomènes, de l’aléa et du risque

La surveillance, la prévision et l’alerte

L’information préventive et l’éducation des populations

La prise en compte des risques dans l’aménagement et l’urbanisme

La réduction de la vulnérabilité des personnes et des biens

La préparation et la gestion de crise

La gestion de l’après-crise et le retour d’expérience

La mise en œuvre conjuguée de toutes ces actions de prévention des risques majeurs est partagée entre les différentes autorités publiques, en premier lieu, Préfets et Maires, qui détiennent les pouvoirs de police et sont responsables de la sécurité de nos concitoyens et de la salubrité publique.  

S’adapter nécessairement grâce à la mise en œuvre d’une solidarité collective

La Sécurité Civile est l’affaire de toutes et de tous. C’est un principe affirmé par les deux dernières lois de Sécurité Civile (Loi de Modernisation de la Sécurité Civile d’Août 2004 et Loi MATRAS de Novembre 2021 qui vise à consolider notre modèle de sécurité civile et à valoriser les statuts des sapeurs-pompiers volontaires et professionnels). 

Avec la multiplication des risques majeurs, la loi MATRAS enjoint l’ensemble de la société à œuvrer collectivement pour développer nos capacités de “Résilience” (c’est-à-dire nos capacités de résistance collective et nos aptitudes à surmonter les chocs liés aux catastrophes) ! Chacun.e concourt par son comportement à la Sécurité Civile. 

Pour cela, chacun.e doit être informé des menaces qui le concerne et être en mesure de les anticiper de façon à se protéger en cas d’événement, à limiter les dommages à son logement et à ne pas aggraver la gestion de crise.

La Région doit prendre toute sa part dans l’adaptation aux changements climatiques et face aux conséquences des risques naturels majeurs

La Sécurité ne se résume pas à l’installation de caméras de vidéosurveillance dans les TER ou à l’installation de portiques devant les lycées. La Sécurité c’est aussi l’anticipation des grandes menaces naturelles, technologiques, celles qui nous dépassent et qui pourraient déstabiliser profondément et durablement notre société en cas de réalisation. Cela nécessite une coopération entre les territoires et entre toutes et tous ! 

En ce sens, même si le Président de Région n’a pas de pouvoirs de police, il peut instaurer une véritable politique de prévention des risques naturels majeurs en accompagnement des collectivités locales et des habitant.e.s. Or, jusqu’à présent, les actions de la Région ne vont pas dans le sens de l’anticipation et de l’adaptation aux changements climatiques et ne sont pas à la hauteur des enjeux et de la protection de la population. Les actions vont plutôt en réaction à des événements comme, par exemple, des aides financières (bienvenues) aux communes, entreprises et agriculteurs sinistrés par les épisodes de grêle de ce printemps (20 Millions d’Euros) ! Cela ne saurait suffire à une politique de prévention des risques majeurs.

La Région multiplie les mauvais signaux également quand elle baisse de 7% les subventions à des structures (associations) reconnues nationalement d’utilité publique qui accompagnent les communes, intercommunalités, entreprises dans la mise en œuvre de leur politique de prévention des risques auprès des habitant.e.s ou mènent des projets de recherche. 

Dans le cadre de politiques contractuelles Etat-Région en cours de contractualisation (les contrats de plan Etat-Région), il n’y a pas d’investissements structurants précisément fléchés pour accompagner les collectivités locales en la matière. Le bilan de l’autorité stratégique environnementale( fin 2021)  était très mitigé sur la prise en compte de la prévention des risques majeurs et estimait même une dégradation de la situation. 

Or, la Région peut agir à différents niveaux. Tout d’abord en accompagnant les collectivités locales dans l’investissement d’équipements structurants (ouvrages de protection, systèmes de prévision attendus dans les Alpes du Nord comme l’acquisition d’un radar hydrométéorologique, pour exemple). 

Elle peut également conditionner les aides aux collectivités en fonction du niveau d’intégration des risques majeurs dans leurs plans d’urbanisme (afin d’adapter l’habitat, les mobilités). 

La Région doit soutenir les structures qui œuvrent pour une meilleure diffusion de la culture du risque et la planification de gestion de la crise auprès des communes et des habitants. Elle se doit d’animer des programmes d’information préventive envers le grand public. 

Plus que jamais, les collectivités, notamment en milieu rural, ont besoin d’être soutenues et accompagnées dans la mise en œuvre de la prévention des risques majeurs. Bien souvent, ces dernières disposent de peu de moyens humains et financiers pour se faire accompagner ou employer des chargés de mission dédiés à ces problématiques. Les élus locaux ont aussi un énorme besoin de monter en compétences sur ces sujets d’une grande technicité.  Ce sont les maires les premiers acteurs de proximité en cas d’événement et ils portent de lourdes responsabilités. La Région peut être cheffe de file pour organiser la coopération nécessaire entre les collectivités et leurs partenaires en cas de crise et pour une meilleure adaptation à ces menaces  par l’ensemble de la population.

Le rôle-clé des pompiers face aux risques

🚒Nous souhaitions donc mettre à l’honneur celles et ceux qui assurent la protection quotidienne. Les sapeurs-pompiers, à l’image du SDIS Isère en grève hier, sont toujours plus confrontés aux risques que fait peser le réchauffement climatique dans notre région et réclament des moyens ! Nicolas Laumet, sapeur-pompier dans le Rhône, nous livre ici son témoignage.

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