Intervention de Reynald GIACALONE sur la priorité à la sécurité : gare zéro délinquance

Vous nous présentez dans ce rapport une expérimentation pour un objectif zéro délinquance dans les gares de notre région. Malgré le titre quelque peu démagogique et racoleur de ce rapport, nous y trouvons des éléments politiques qui vont dans le bon sens.

Pour l’expérimentation que vous nous proposez, il y avait le choix entre quatre gares, celles de Valence, Clermont-Ferrand, Lyon Perrache et Lyon Part-Dieu. Une située dans une ville gérée par un maire socialiste, deux dans une ville gérée par un maire écologiste et une autre dans une ville gérée par un maire LR, accessoirement vice-président de votre exécutif. 

A l’issue d’un suspense hitchcockien insoutenable, c’est le choix de Valence qui est sorti du chapeau comme lieu d’expérimentation. J’imagine déjà l’objectivité qui vous caractérise rejaillir à l’occasion du futur bilan de votre expérimentation. Sans savoir lire dans les boules de cristal, je peux d’ores et déjà imaginer votre enthousiasme à ce moment-là. Plus sérieusement, nous sommes profondément choqués que les villes de Lyon et, j’imagine, Clermont-Ferrand n’aient pas été informées d’un tel projet. Sans coopération entre tous les partenaires, il n’y aura pas de protection efficace de nos concitoyens.

Cependant, je le disais en préambule, nous trouvons des éléments positifs dans ce rapport. Principalement sur les moyens humains et la question des effectifs qui viennent compléter les outils de la vidéosurveillance qui, jusqu’à maintenant, constituaient l’alpha et l’oméga de votre politique sécurité.

Si nous voyons du positif, nous avons également des doutes. Le premier est juridique et il nous vaut de déposer un amendement porté par ma collègue Myriam Laidouni-Denis et un second sur les violences faites aux femmes, axe majeur de notre politique sécurité qui, lui, sera présenté par Benjamin Joyeux. L’acceptation de ces deux amendements nous amènerait à voter ce rapport s’il n’y avait la question des moyens apportés à la convention. Car toute convention sans moyen ne sert à rien. 

Voyez que nous ne sommes pas la caricature que vous faites de nous, caricature de moins en moins respectueuse et républicaine du reste.

Nous sommes des élus responsables qui réussissons dans nos territoires, s’il nous semble inutile de le préciser, il me semble fortement utile de vous le rappeler. Et comme tout élu responsable, nous sommes des militants du droit élémentaire à la sécurité pour toutes et tous.

En revanche, il y a deux grandes différences majeures entre nous, la première c’est que nous affirmons que l’insécurité est marquée par les inégalités sociales et géographiques. Certes, elles n’expliquent pas tout, mais force est de constater que les plus touchés au quotidien sont les plus pauvres. Il faut donc travailler à réduire ces inégalités.

L’autre grand point de divergence, c’est que nous agissons au quotidien sans faire de cette thématique une thématique douteuse, stigmatisante et effrayante qui, au lieu de régler les problèmes, oppose des populations et fait croire que l’autorité est dans le camp des personnes bien nées et la soumission dans celui des catégories les moins favorisées de la société ou qui fait croire aussi que seule la droite a le souci de sécurité. Nos commissions caractérisent assez bien cette caricature de la politique que plus personne ne croit. À l’avant-dernière commission Sécurité, le mot “Guillotière” a été prononcé 19 fois. Alors je pose la question, y a-t-il zéro délinquance à Rillieux, à Saint-Priest, à Décines ou à Bron, ville où j’ai été élu et où rien n’a été réglé malgré les effets d’annonce par tous les médias ?

Nous ne sommes pas dans le dogme, nous ne sommes pas opposés à la vidéosurveillance mais nous sommes opposés au guichet qu’est devenue cette commission, nous sommes opposés au fait que cet outil soit l’alpha et l’oméga de votre politique. Nous préférons la politique de l’effectif à celle de la caméra même si l’un doit être au service de l’autre : un effectif avec une mission de prévention, d’éducation, de médiation mais aussi de répression car il n’y a pas de République sans autorité.

Nous, élus écologistes, pensons qu’il faut contribuer à protéger et co-construire les conditions d’une vie plus sûre et donc de faire converger et coopérer tous les acteurs publics contribuant à la sécurité dans le cadre de nos compétences, en particulier dans les lycées, les trains et les gares.

Nous voulons accompagner les territoires qui agissent pour optimiser et renforcer le lien entre la police, la justice et l’éducation et pas uniquement pour attribuer des subventions pour financer aveuglément la vidéosurveillance.

Il faut donc soutenir toutes les actions de prévention de la délinquance et accompagner les lycées dans ce domaine mais aussi celui de l’éducation à la citoyenneté et au respect des règles de droit. Il faut soutenir l’accompagnement des sanctions et l’action contre la récidive, mobiliser et soutenir toutes les structures associatives travaillant sur la question de la citoyenneté (centres sociaux, MJC…), contractualiser avec l’Etat une présence humaine renforcée pour accompagner les lycéennes et les lycéens en vie scolaire. Voilà ce que nous souhaitons.

Tant que vos rapports se contenteront de financer uniquement de la vidéosurveillance, nous nous y opposerons. Pas pour voter contre l’outil, vous l’aurez compris, mais pour l’accompagner d’autres politiques publiques et faire de la sécurité l’affaire de toutes et tous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut