Intervention de Anne BABIAN-LHERMET sur la région aux côtés des entreprise contre la crise énergétique

Monsieur le président, cher.es collègues,

La crise énergétique qui touche l’Europe, n’épargne pas les entreprises de la région. Petites et grandes, quelles que soient leurs activités, elles sont touchées.

S’il était impossible de prévoir quand cette crise adviendrait, les écologistes alertent depuis des décennies sur son inéluctabilité. Il y a une dizaine d’années, c’était la perspective de l’épuisement du pétrole qui faisait craindre un début d’effondrement de nos économies. Et puis, hélas pour le climat et la biodiversité, des gisements nouveaux de gaz et de pétrole ont été exploités, faisant reculer, pour un temps, le mur énergétique.

Face à la flambée des prix de l’énergie qui n’en finit pas, des entreprises sont étranglées, sont confrontées à un problème de survie à court terme, et risquent de se poser la question de délocaliser à moyen terme. Beaucoup d’entreprises n’avaient pas jusqu’ici réfléchi à leur gestion de l’énergie, et elles prennent brutalement conscience de la nécessité d’agir, en premier lieu, sur la sobriété et l’efficacité énergétique. Elles ont besoin d’être accompagnées, les CCI croulent sous les demandes.

Le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement ne touche pas toutes les entreprises, il faut donc aider celles qui n’en bénéficient pas, mais aussi anticiper car ces mesures ne pourront pas durer. Depuis des décennies, nous alertons sur l’indispensable prévention en matière d’énergie. L’énergie la moins chère est celle que l’on ne consomme pas, et il faut donc investir dans les économies d’énergie comme cela aurait dû être fait depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, le mur est devant nous, l’urgence pousse à agir extrêmement rapidement puisque des usines fortes consommatrices d’énergie (gaz ou électricité) ont dû mettre à l’arrêt leur production, ou réduire fortement leur activité. ADISSEO est cité dans ce rapport, mais c’est aussi, depuis quelques jours, ERASTEEL aussi à Commentry qui a mis ses ouvriers au chômage technique en fermant deux fours. C’est un bassin économique qui est durement touché par ces baisses d’activités.

Ce plan est bienvenu dans l’urgence pour soutenir et accompagner ces entreprises qui vont être en grande difficulté. Cette crise énergétique devient une crise sociale (chômage partiel) et risque de déboucher sur une crise économique d’ampleur.

Ce plan est un plan d’urgence avec peu de moyens (il ne concerne qu’une infime partie des entreprises de la région, et les montants annoncés sont faibles, environ 25 M en autorisation de programme en tout) alors qu’il faut penser le long terme et accompagner toutes les entreprises, même celles qui bénéficient du bouclier tarifaire, quelles que soient leurs tailles et leurs activités, pour qu’elles s’affranchissent des énergies fossiles (gaz et pétrole) et de l’électricité nucléaire. C’est bon pour le climat et bon pour réduire leur vulnérabilité face aux crises géopolitiques.

Les économies d’énergie doivent être la priorité, des aides en ingénierie ou financières (prêts ou subventions) doivent être allouées pour transformer les process de production et pour isoler les locaux industriels ou tertiaires.

Les aides aux entreprises en général, jusqu’ici données sans critères, doivent être conditionnées aux économies d’énergie, et au recours aux énergies renouvelables. Il faut revoir les modalités d’attribution pour préparer l’avenir.

La crise énergétique actuelle a de multiples causes, comme la guerre en Ukraine, et aussi la baisse importante de la production d‘électricité nucléaire.

L’investissement dans le nucléaire n’a pas baissé en France depuis 20 ans contrairement aux idées reçues. La filière nucléaire est une impasse, c’est elle qui est une des causes de la crise énergétique actuelle en France, ce sur quoi les écologistes alertent depuis plus de 40 ans. Cette crise est le fruit de l’aveuglement des pouvoirs successifs et cette situation aurait pu être évitée si les écologistes avaient été entendus.

La transition énergétique est une affaire sérieuse et la croyance dogmatique dans le nucléaire a déjà fait perdre beaucoup d’argent public, a affaibli EDF et a fait prendre du retard au développement des énergies renouvelables et des économies d’énergie.

La centrale de Fessenheim, dont la fermeture est présentée comme une des causes de la baisse de production d’électricité, produisait 12 TWH / an, alors que la perte de production d’électricité en 2022 s’élève à 120 TWH !

La production a diminué à cause de l’allongement des périodes de maintenance et par le lancement d’opérations visant à prolonger les réacteurs les plus anciens, et par la découverte de défaillances, corrosion, fissures …

Et, non, ce n’est pas à cause des écologistes que ces centrales vieillissantes sont à l’arrêt.

Les propos qui accusent les écologistes d’être la cause de la chute de la production d’électricité nucléaire relèvent du complotisme et visent à masquer le bilan catastrophique de cette technologie qui, en plus d’être dangereuse et d’être un gouffre financier, nous emmène aujourd’hui dans le mur.

Le plan de solarisation des entreprises et des exploitations agricoles présenté dans le rapport est une bonne chose, mais nous pensons qu’il faut aider les entreprises qui le souhaitent, à s’appuyer sur d’autres énergies renouvelables, méthanisation, géothermie et à utiliser tous les procédés existants comme la récupération de chaleur ou l’usage de la biomasse. Il faut mieux accompagner les projets d’écologie industrielle, de mutualisation au sein des zones d’activité (comme la construction de réseaux de chaleur par exemple)Les dispositifs d’aides sont nombreux, qu’ils soient d’état, de la région ou d’autres collectivités territoriales. Aider les entreprises à les mobiliser est une première étape, aussi nous proposons que la région mette en place un guichet unique pour aider les dirigeants d’entreprises, en particulier des TPE et PME, à se retrouver dans ce maquis de dispositifs. Ce guichet unique permettrait aux entreprises de trouver des renseignements et de l’assistance tant sur le plan financier, que sur le conseil, pour les économies d’énergies et la recherche d’énergies alternatives d’origine renouvelables.

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