Intervention d’Albane Colin sur les voies vertes

Après les annonces gouvernementales de la relance du plan vélo, cette délibération était une opportunité de réaliser un plan vélo volontariste et permettre à chacune et chacun d’adopter une mode de déplacement sain, économique et durable.

Mais ce que vous nous proposez aujourd’hui est incomplet sur les véloroutes voies vertes, et vide en termes de mobilité du quotidien.

Votre délibération se limite au minimum : mobiliser les 360 millions des fonds Feder, de la relance du plan vélo, du CPER, pour le réseau de véloroutes voies vertes. Mais de manière incomplète : alors que certaines véloroutes manquent dans le rapport, tout comme l’élaboration d’un schéma régional.

La population s’empare du vélo dès que c’est possible. L’usage a augmenté de 11% l’année dernière après une augmentation record de 24% les années précédentes. Mais ce qu’on note aussi, ce sont les fortes disparités entre les territoires : l’usage augmente en ville et mais plus à la campagne.

Et j’en connais trop la cause… sur les 17 Kms que je parcours quotidiennement, moins de la moitié sont sécurisés. Sur l’autre moitié, comme de nombreuses et nombreux cyclistes, je risque ma vie.

C’est le manque d’aménagements, de sécurisations, de stationnements de dispositifs d’acquisition de cycle qui bloquent le développement nécessaire du vélo; et c’est là que notre collectivité doit jouer son rôle.

Le modèle du tout voiture a atteint ses limites en termes d’occupation de l’espace, d’impact environnemental et sanitaire, et de coût économique. Afin que tout le territoire français soit couvert par une Autorité Organisatrice, la Loi d’Orientation des Mobilités, permet aux intercommunalités de se doter de la compétence mobilité et ainsi de lever le Versement Mobilité. Les choix d’engagement et de financement sont disparates, les recettes du versement mobilité sont très différentes d’un territoire à l’autre.

Ce phénomène accroît les inégalités déjà criantes entre les territoires, contre lesquelles la Région, cheffe de file en matière d’aménagement du territoire notamment dans le cadre du SRADDET, doit agir.

La délibération est dénuée d’une politique intégrée et globale autour du vélo : aucune concertation n’a eu lieu en amont avec les territoires, les associations d’usagers, qui ont pourtant une connaissance approfondie des priorités et des enjeux…

Vous auriez pu faire bénéficier les lycéennes et les lycéens d’une politique d’incitation et d’accès au vélo.

Vous auriez pu faire bénéficier les usagères et les usagers des TER de solutions suffisantes pour l’embarquement des vélos, de stationnements sécurisés,

Vous auriez pu apporter de l’ingénierie dont ils manquent cruellement, notamment pour prioriser, échanger, se coordonner entre territoires voisins.

Vous auriez pu saisir l’opportunité pour appuyer une économie locale et non délocalisable, circulaire.

Vous auriez pu intégrer un volet biodiversité tant pour la préservation, que pour la découverte de nos pépites via les voies vertes.

Les moyens engagés dans cette délibération ne sont pas suffisants, Cette délibération énonce un désengagement plutôt qu’un engagement en faveur des infrastructures cyclables. 20% de cofinancement, c’est inférieur au dispositif antérieur. Cela positionne la Région dans un rôle de saupoudrage à vocation communicante, pas dans un rôle de levier d’accélération des projets sous maîtrise d’ouvrage locale.

20%, c’est nettement moins que ce que la Région consacre aux opérations routières, Rappelons que le chantier de déviation de la RN88 au droit du Puy-en-Velay est subventionné à hauteur de 90%. Ce différentiel de taux résume vos choix politiques.

Le développement d’une capacité de maîtrise d’ouvrage directe pour certains itinéraires stratégiques, est une très bonne nouvelle. Encore faut-il que cette maîtrise d’ouvrage débouche. Sur la ViaRhôna entre Pierre Bénite et Givors, la Région a jeté l’éponge en 2022, 6 ans après avoir revendiqué la maitrise d’ouvrage du tronçon. L’avis de la commission d’enquête publique, pointant la faiblesse et les manquements des études environnementales, mérite d’être médité pour éviter de nouveaux fiascos de ce type.

La délibération oublie que la Région est cheffe de file en matière d’intermodalité vélo-Transports collectifs. Et pour cause, le dispositif du contrat d’aménagements de mobilités vertes qui avait permis de susciter des dizaines de projets de transformation des gares TER en pôles d’échanges multimodaux, est en voie d’abandon. Le CAMV prévoyait un financement à 50% des itinéraires cyclables en rabattement vers les gares TER. Il vient allonger la longue liste des désengagements de la Région en faveur d’infrastructures du quotidien essentielles à la transition écologique des mobilités.

Trop de choses manquent dans ce rapport qui n’est pas à la hauteur des enjeux. “l’écologie positive” dont se revendique Laurent Wauquiez est en fait une écologie inactive, au regard de ce que proposent d’autres régions. La Région Auvergne Rhône Alpes doit elle aussi se mobiliser pour un réel maillage cyclable.

1 réflexion sur “Intervention d’Albane Colin sur les voies vertes”

  1. Pascal Le Brun

    Belle intervention , merci Albane de remettre les pendules à l’heure face à la comm de Wauquiez !

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