Intervention de Florence Cerbaï sur les villages remarquables

J’habite à côté de deux de ces plus beaux villages de France… des villages médiévaux, des sites naturels fantastiques et une rivière qui vient lécher des vieilles pierres… des sites où la beauté de la nature et de l’architecture se conjuguent et nous font du bien, à nous, visiteurs ou habitants.

L’autre face de cette réalité, ce sont des rues pavées désertes l’hiver, une école déplacée dans un regroupement scolaire à 2 km, près de la nationale, où se trouvent aussi des lotissements récents et des logements sociaux, là où vivent beaucoup de familles de la commune, près desquelles se trouvent les commerces ouverts à l’année… 

Ce qui faisait la vie du village ancien s’est décalé, près de la route… Oui, l’été, les touristes sont nombreux dans les rues anciennes, grâce en partie à ces labels de sites remarquables que nous soutenons… et une économie saisonnière y bat son plein, mais ce n’est pas suffisant ! Nous avons besoin de remettre de la vie à l’année dans les sites patrimoniaux et votre délibération fait totalement l’impasse sur celà !

Nous attendions une politique d’aménagement ambitieuse qui s’appuie sur le patrimoine remarquable des territoires ruraux : qui favorise l’installation d’artistes, d’artisans d’art, d’entreprises et d’associations, qui soutienne des projets collectifs,  amorce une stratégie culturelle spécifique, préserve ces sites naturels…

Nous attendions une politique qui se penche sur la manière d’habiter ces centres anciens :  qui favorise l’installation à l’année et pas la multiplication des gîtes et résidences secondaire aisées… et ce n’est pas simple, il faut convoquer les acteurs du logement social et de l’accession, interroger les nouvelles manières d’habiter pour les conjuguer à l’urbanisme médiéval… proposer des jardins familiaux ou partagés dans ces zones d’habitat à forte densité… des rénovations thermiques adaptées, les mettre à la portée des foyers modestes et moyens…

Avec cette délibération, vous allez aider à repeindre des volets, ravaler des façades, reconstruire des murets,… ce n’est pas inutile, mais c’est insuffisant. La « fierté du patrimoine » ne fait pas une politique publique d’aménagement en zone rurale, juste une punchline .

Ce rapport est vide, une redite des appels à projet existants qui masque mal votre manque de travail sur cet aspect de la ruralité. Vous évoquez la fondation de France, sans citer d’axe de partenariat, c’est un peu léger. Enfin, ce texte n’a même pas été présenté en commission culture et patrimoine…

Nous voterons ce rapport, parce qu’on ne peut pas être contre ce qu’il y a dans ces lignes, nous pouvons juste déplorer ce qu’il n’y a pas !