Intervention de Catherine BONY sur le rapport “La Région agit pour les lycées”

La région agit pour ses lycées.

Votre volonté, affichée depuis la rentrée scolaire, de mettre le paquet sur les lycées et pour les lycéens et lycéennes pourrait être une bonne nouvelle, mais elle nous laisse malheureusement mi-figue mi-raisin.

D’un côté des pistes d’action semblent montrer qu’enfin la direction vers une véritable transition écologique est prise, d’un autre les mesures, et surtout les budgets, sont loin d’être à la hauteur des enjeux.  

Ce rapport décline votre action pour les lycées selon 3 axes.

Vous dotez, premier axe, et comme la loi vous y oblige, chaque établissement d’une dotation générale de fonctionnement qui devrait couvrir ses besoins annuels en matière de viabilisation, de matériel pour l’administration et l’équipe pédagogique, de travaux de petit entretien.

Mi-raisin !

Mais cette dotation pour 2023 est en baisse de 5 millions d’euros par rapport à celle de 2022 (qui n’avait pas bougé depuis 2018) alors que le nombre d’élèves continue à progresser et que vous avez construit des nouveaux lycées. Sans compter que l’inflation s’emballe. Alors c’est sûr, on l’entend déjà, on rogne sur les budgets pédagogiques pour payer les factures.

Mi-figue.

Certes un budget d’appoint (comme le chauffage que certains personnels logés par nécessité absolue de service installent parce que leur logement est très mal isolé et qu’on ne va pas chauffer tout un lycée pour quelques appartements…), le dispositif énergie 2023, est d’ores et déjà prévu pour ceux qui n’auront pas les moyens de faire face.

Mi-raisin !

Quand on voit que presque la moitié des lycées ont demandé une rallonge pour finir 2022 (il y en a tout de même pour 8,5 M€, qui n’apparaissent d’ailleurs pas au budget supplémentaire), on imagine qu’ils seront très certainement nombreux dans la même situation en 2023. Les prélèvements sur les fonds de réserve ne vont pas être possibles éternellement.

Mi-figue.

Pour prétendre à ce dispositif énergie, les lycées devront s’engager à respecter un plan de sobriété.  

Et c’est le deuxième axe de ce rapport, vous planifiez une douzaine d’actions pour réduire les dépenses énergétiques, vous parlez même de sobriété…

Mi-raisin !

Certaines pistes sont du bon sens, les personnels et élèves ne vous ont sans doute pas attendu pour mettre en œuvre des mesures de sobriété d’usage. J’ai souvenir d’un chef d’établissement qui avait fait supprimer une ampoule sur deux dans toutes les salles pour parvenir à honorer la facture d’électricité. Aujourd’hui il installerait des ampoules LED.

Mi-figue.

Le plan massif et généralisé de solarisation des lycées nous réjouit : on en rêve et on vous le propose depuis si longtemps. Et nous allons même vous aider par amendement à lui donner plus d’ampleur et d’efficacité.

Mi-raisin !

L’action 7 vise à prioriser les opérations d’investissement du PPI 2022-2030. Vous avez donc élaboré un PPI pour les lycées… il était temps ! Certains bâtiments sont vraiment en piteux état. Plus on en parle, plus on en découvre. Les personnels du lycée Auguste Bouvet à Romans ont fait parler d’eux à la rentrée, ceux du lycée Aristide Bergès à Seyssinet, ceux du lycée Saint-Exupéry à Valserhône, ceux du lycée Descartes à Cournon pourraient en faire autant pour cause de passoire énergétique, de locaux très dégradés ou d’absence de végétalisation.  Vous avez pensé aux frimas, aux périodes d’humidité, au gel et à la neige peut-être, que les lycéens, lycéennes et toute la communauté éducative affrontent l’hiver. Et vous avez oublié que le dérèglement climatique provoque également des périodes de canicule insupportable. Vous n’avez rien prévu pour lutter contre les vagues de chaleur particulièrement éprouvantes au moment des examens.

Mi-figue.

Troisième axe, vous engagez la lutte contre le gaspillage en restauration lycéenne. Vous avez pour objectif de servir des aliments de qualité et labellisés, de produits de saison et en majorité de la région. C’est certainement une bonne piste pour que les jeunes terminent leur assiette. Si les lycées sont encouragés à acheter des denrées produites localement, il faudra davantage soutenir l’installation de paysans et paysannes. Vous les soutiendrez ?  

Mi-raisin ! 

L’objectif de valorisation de déchets alimentaires nous paraît rester bien modeste.

Mi-figue.

La région agit pour ses lycées… oui mais tardivement, contrainte et forcée, rattrapée par la force des choses. Et son action n’est ni ambitieuse ni innovante. Le contexte mondial et la situation nationale n’expliquent pas tout. Le prix des énergies flambe, l’inflation augmente, certes. Mais les travaux de rénovation thermique des bâtiments auraient pu être accélérés depuis bien plus longtemps. La végétalisation des cours et la production d’énergies solaires auraient pu être initiées sans attendre d’être au pied du mur.  D’autres, avant nous dans cette assemblée, ont demandé le diagnostic de l’état des bâtiments et le plan pluriannuel d’investissement pour tous les lycées de la région. Ils sont restés longtemps sans réponse. Elles apparaissent aujourd’hui dans la précipitation à changer les ampoules dans les classes et peser les restes des plateaux repas… 

Sur ce rapport, nous demanderons donc un vote par division.

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