Vœu du groupe écologiste en soutien aux sages-femmes

Notre groupe a déposé un voeu en soutien aux sages-femmes. Par dogmatisme, Laurent Wauquiez a refusé ce voeu en indiquant que ça n’était pas en lien avec les compétences régionales, alors même que les formations de sages-femmes sont une compétence régionale.

Intervention d’Anaïs Widiez en soutien à ce voeu :

Monsieur le Président, mes chères collègues,

Les sages-femmes jouent un rôle central tant dans le suivi quotidien de la santé des femmes que dans l’accompagnement des familles dans les projets de natalité.

Elles font le suivi de la grossesse, les échographies, la préparation à l’accouchement, l’accompagnement de l’accouchement et des fausses couches y compris en pratiquant des actes chirurgicaux, le suivi post-partum psychologique et physiologique de la mère et du nouveau-né.

Mais leur spectre de compétences va bien au-delà. Elles peuvent faire le suivi gynécologique de toutes les femmes, prescrire la contraception, dépister des pathologies et des cancers comme celui du sein, ou du col de l’utérus, accompagner certaines IVG, prévenir et dépister les violences intrafamiliales et conjugales.

Malgré ce niveau de compétences, les sages-femmes sont invisibilisées. Elles passent par la première année de médecine et sont les seules à avoir la double compétence femme – bébé, mais restent sous le contrôle des gynécologues, avec un statut de paramédicale et la grille salariale qui va avec.

De plus, l’accompagnement pourtant marketé dans toutes les maternités n’est pas comptabilisé dans le calcul du temps qui leur est payé in fine. Ce suivi psychologique et pédagogique des familles autour de la naissance est pourtant indispensable pour prévenir et dépister le syndrome du bébé secoué, ou la dépression post-partum.

Les tensions sur les effectifs et le matériel provoquent des situations conduisant à l’épuisement professionnel et à une crise des vocations : 40% des sages-femmes sont en burn out, 55% veulent changer de métier.

Aujourd’hui, les hôpitaux peinent à recruter des sages-femmes, nous souffrons d’une pénurie de gynécologues, notamment dans les déserts médicaux.

Nous devons proposer des solutions pour que le métier redevienne attractif pour tous et toutes. Les sages-femmes ont formulé des demandes claires au gouvernement, que le groupe Les Écologistes demande au conseil régional Auvergne Rhône Alpes d’appuyer, à savoir :

  • Engager une évolution du statut et de la grille salariale des sages-femmes, vers une revalorisation
  • Relancer un plan de périnatalité pour garantir la présence continue d’une sage-femme par femme en salle d’accouchement ;

Achever l’universitarisation de la formation des sages-femmes et en allonger la durée à 6 années au total.

Le texte du voeu, rejeté par la majorité de Laurent Wauquiez :

Vœu présenté par le groupe Les Écologistes

Améliorer les conditions de formation et de travail des sages-femmes  

Exposé des motifs

La région Auvergne-Rhône-Alpes compte un demi-millier d’étudiants et étudiantes en formation de sages-femmes, qui relève de la compétence du conseil régional (art. 73 de la loi du 13 août 2004). Certains territoires sont particulièrement sous-dotés en sages-femmes libérales : le Cantal n’accueille par exemple que 11 sages-femmes libérales (1,5 pour 10 000 femmes contre 2,5 pour 10 000 en moyenne dans notre région).

Les sages-femmes ont pourtant un rôle central tant dans le suivi quotidien de la santé des femmes que dans l’accompagnement des familles dans les projets de natalité.

Depuis des années, les sages-femmes demandent légitimement une meilleure reconnaissance de leur profession et l’amélioration de leurs conditions de travail et de formation, qui implique une nécessaire revalorisation de leur statut. 

Les compétences d’une sage femme

Les sages-femmes sont chargées du suivi de la grossesse, des échographies, de la préparation à l’accouchement, de l’accompagnement de l’accouchement et des fausses couches y compris en pratiquant des actes chirurgicaux, du suivi post-partum psychologique et physiologique de la mère et du nouveau-né.

Leur spectre de compétences va également au-delà de la maternité et de la natalité. Elles peuvent notamment faire depuis 2005 le suivi gynécologique de toutes les femmes, prescrire la contraception, dépister des pathologies et des cancers comme celui du sein, ou du col de l’utérus, accompagner les IVG médicamenteuses, prévenir et dépister les violences intrafamiliales et conjugales.

Un statut et des salaires en deçà du niveau de qualification et des responsabilités

Malgré ce niveau élevé de compétences, les sages-femmes sont invisibilisées.

Alors que les dentistes ont un statut de praticien hospitalier pour le même nombre d’heures de formation (qu’ils réalisent néanmoins en six années), et débutent leur carrière à l’hôpital à 3572€ net par mois, les sages-femmes restent sous le contrôle des gynécologues avec un statut calqué sur celui des professions paramédicales, et peuvent débuter à seulement 1500€ net. Ce ne sont pas les primes de 9€ pour 12h de garde ou de 45€ le dimanche, ni les primes d’urgence aléatoires, qui complètent les salaires à hauteur de l’investissement et des compétences des sages-femmes.

Les risques qu’elles prennent ne sont pas non plus considérés. Pourtant très exposées, elles ne bénéficient pas de la prime d’exposition au sang, et ont reçu trop peu de primes liées au COVID19. 

Des conditions de travail dégradées qui entraînent des risques pour les sages-femmes comme pour les mères et les enfants

Les sages-femmes sont également confrontées à une gestion de plus en plus comptable et de moins en moins humaine de leur travail.  Les tensions sur les effectifs et sur le matériel à disposition entraînent des interruptions de tâche ou des défauts de surveillance qui peuvent s’avérer critiques. Ces manquements conduisent à des situations d’épuisement professionnel et à une crise des vocations : 40% des sages-femmes sont en burn out, 55% veulent changer de métier. Le rapport de l’IGAS commandé lors du Ségur de la santé, et les annonces récentes du ministre de la santé d’une revalorisation salariale symbolique n’apportent pas de réponses sérieuses à cette situation, qui est pourtant connue depuis longtemps. 

Enfin, la tarification à l’acte ne tient pas compte de l’accompagnement, du suivi psychologique et pédagogique des familles autour du nouveau-né, pourtant indispensables pour prévenir et dépister le syndrome du bébé secoué, ou la dépression post-partum, première cause de mortalité des jeunes mamans.

Une évolution nécessaire

Le dernier plan de périnatalité qui détermine le nombre de sages femmes par maternité date de 1998. L’obstétrique et le contexte ont beaucoup changé avec la fermeture de trop nombreuses petites maternités et la multiplication des grossesses et des accouchements plus à risque.

L’élargissement des missions des sages-femmes appelle également une révision des référentiels de la formation, de la durée de celle-ci et du nombre de places ouvertes.

Alors que les hôpitaux peinent à recruter des sages femmes, et que nous souffrons d’une pénurie de gynécologues, notamment dans les déserts médicaux, nous devons proposer des solutions pour que ces professionnels de santé restent, et continuent d’assurer la santé des femmes et des nouveaux nés comme elles le font si bien. Pour cela, le métier doit redevenir attractif pour tous et toutes, mieux doté et mieux valorisé. 

Pour ces raisons, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes demande à l’État : 

  • d’engager une évolution du statut des sages-femmes, avec une grille salariale revalorisée ;
  • de relancer un plan de périnatalité pour garantir la présence continue d’une sage-femme par femme en salle d’accouchement ;

d’achever l’universitarisation de la formation des sages-femmes et d’en allonger la durée à 6 années au total.

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