Journée du Travail social : la Région doit soutenir d’urgence ces métiers essentiels

Ils et elles sont « éduc spé », assistants-es sociales, assistants familiaux, moniteurs-éducateurs, éducateurs et éducatrices de jeunes enfants ou encore médiateurs… Ils et elles exercent des métiers en première ligne face aux conséquences sociales du Covid, aux inégalités sociales et à l’explosion de la précarité, aux difficultés d’autonomie. Ils et elles sont en prise avec les urgences sociales les plus vives, dans nos quartiers populaires comme dans les villes moyennes et les campagnes. Ce sont des métiers mal connus, parfois méprisés et vus comme des voies de garage, et très souvent mal payés.

Ces professionnel-les du travail social accompagnent dans la vie quotidienne, aident à l’insertion, ou participent à l’autonomisation de publics variés. Ils et elles interviennent auprès de personnes handicapées, de jeunes enfants et d’adolescents, d’adultes en difficulté ou auprès de très jeunes enfants ou de familles.

Leur autre point commun, encore moins connu, c’est que leur formation relève directement du conseil régional. Tellement mal connu que beaucoup d’élu-es l’ignorent, et peu s’y intéressent. Au conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, l’exécutif ne communique jamais sur cette compétence, alors qu’il n’est pas avare de valorisation en tous genres. La dernière assemblée plénière a ainsi vu l’adoption d’un grand plan « Région des ingénieurs et techniciens ». Mais toujours rien pour la « Région des travailleurs sociaux ».

La compétence n’est pourtant pas nouvelle : le financement des centres de formations sanitaires et sociales est une compétence obligatoire des régions depuis la loi de Décentralisation de 2004. Le conseil régional a la main sur la carte des formations, et sur les ouvertures et fermetures de places. Il peut également améliorer les conditions d’études, mieux communiquer sur ces métiers (orientation) ou encore investir dans les instituts de formation.

Ce désintérêt pour cette filière de formation est d’autant plus incompréhensible qu’il est fortement pourvoyeur d’emplois locaux, non délocalisables et d’une très grande utilité sociale.

Le secteur des formations sanitaires et sociales (les deux sont souvent liées dans les statistiques) représente 16% de l’emploi salarié en région Auvergne-Rhône-Alpes. C’est un secteur en tension : en 2019, sur 35 000 projets de recrutement, plus de la moitié sont jugés difficiles par les employeurs. Et cette tension devrait s’accroître avec le vieillissement de la population, le maintien à domicile et une vague de départs en retraite.

Le conseil régional pourrait développer une politique plus ambitieuse pour rendre ces formations et ces métiers plus attractifs :

1.   Augmenter le nombre de places de formation, notamment sur les métiers les plus tendus. Les collectivités locales, notamment les métropoles, font face à une pénurie de personnel pour les crèches. Or la Région à la prérogative  de la formation des Educateurs et Educatrices de Jeunes Enfants (EJE). Pour l’instant elle est restée sourde à nos appels et aux demandes des maires.

2.   Améliorer les conditions de vie des étudiantes et étudiants, souvent peu privilégiés. A contrario, l’exécutif de Laurent Wauquiez a décidé de réduire comme peau de chagrin le « fonds d’aide d’urgence », créé en 2008 pour permettre d’accompagner les étudiantes et étudiants en grande difficulté dans la réussite de leurs études. En 2020 et 2021, ce sont 114 dossiers qui ont été acceptés pour 145 000 € d’aide chaque année. A la commission permanente d’octobre, l’exécutif a fait adopter une forte restriction du dispositif : baisse du plafond d’aide de 3 500 à 3 000 euros, exclusion de certaines situations et suppression de la commission chargée d’étudier les dossiers. Résultats : les commissions de février et mars n’ont validé que 21 soutiens, sur 77 demandes, soit 27% de taux d’acceptation ! Cela montre bien le rétrécissement du dispositif, avec des conséquences évidentes sur le maintien dans les études pour les étudiantes et étudiants précaires.

3.  Communiquer davantage sur ces métiers. La Région est compétente en matière d’orientation, et elle n’hésite pas à communiquer par tous les moyens possibles, y compris sur du vent. Pourquoi ne pas mettre le « coup de com permanent » au service de quelque chose de vraiment utile : les métiers du travail social ?

4.   Soutenir dans la durée les structures employeuses du travail social. Les métiers du social sont souvent exercés dans des associations, des structures médico-sociales, des CCAS. En sabrant dans les financements aux associations, et en abandonnant tout soutien aux quartiers populaires, l’exécutif actuel a été responsable d’un plan social déguisé dans ces métiers. Les rares financements annuels au compte-goutte ne permettent aux structures de se projeter, et entraîner la multiplication des contrats précaires. Alors même que les besoins augmentent, il n’est pas plus de maintenir une telle austérité budgétaire en matière d’action sociale.

En attendant que l’exécutif découvre enfin le sujet, ou tout du moins qu’il change de braquet, nous réaffirmons tout notre soutien aux travailleuses et travailleurs sociaux. 

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