Durant trois jours, Bénédicte Pasiecznik, conseillère régionale de la Métropole de Lyon et membre de la commission Agriculture, s’est rendue au 60e salon international de l’agriculture à Paris pour représenter notre groupe, aux côtés d’une délégation de parlementaires et d’élus locaux écologistes.
En ce début d’année marqué par une forte mobilisation du monde agricole, il est important de continuer à écouter et soutenir une profession en difficulté qui peine à vivre de son activité et où la moitié des agriculteur.trices sera en âge de partir à la retraite dans les dix prochaines années.
Installation en agriculture, revenu paysan, filière bio, accès au foncier ou encore enjeux sanitaires, les sujets abordés étaient nombreux et les échanges riches avec les éleveurs, associations, syndicats et collectivités.
Un revenu digne pour les paysan.nes
Durant ces trois jours, Bénédicte Pasiecznik a eu l’occasion d’échanger sans tabous avec les représentants des principaux syndicats agricoles : la FNSEA, la Confédération paysanne, les Jeunes agriculteurs et la Coordination rurale.
Une des raisons principales de la colère agricole de ces dernières semaines reste la juste rémunération du travail des agriculteur.trices. En effet, selon l’Insee, 18% des agriculteur.trices ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté…
La faute au modèle majoritaire agricole actuel qui précarise les paysan.nes autant qu’il épuise les sols et détruit la biodiversité, et où ce sont surtout les aides publiques qui permettent d’en faire une activité rentable. Or aujourd’hui, 80% des aides publiques de la PAC sont captées par 20% des agriculteur.trices en raison de la distribution des aides à l’hectare. Plus l’exploitation est grande, plus elle percevra d’aides. Or ces exploitations ne sont pas forcément celles employant le plus de monde ni celles avec un modèle d’agriculture vertueux.
Il est donc urgent de procéder à une réorientation des aides publiques afin d’encourager l’émergence d’un nouveau modèle agricole offrant une juste rémunération aux agriculteur.trices et un impact moindre sur l’environnement et les ressources naturelles.
Pour un modèle agricole respectueux de l’environnement
Bénédicte Pasiecznik a également rencontré les responsables de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour discuter pesticides et enjeux sanitaires avec plusieurs constats : il faut poursuivre les études sanitaires sur l’impact des pesticides, et en particulier dans le cadre de partenariats européens, et il faut mettre en oeuvre les interdictions, lorsque cela est nécessaire. Les solutions techniques existent en grande partie et souvent, seule l’interdiction permet de les mettre en oeuvre effectivement. Les échanges avec les représentants de la FNAB (Fédération nationale de l’agriculture biologique) prouvent que l’agriculture bio montre le chemin vers une agriculture garante de la santé des agriculteurs, des consommateurs et des milieux. Il appartient à la puissance publique de soutenir massivement ces démarches.
La délégation écologiste s’est également rendue sur le stand d’Interbev (Association nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes) pour signer leur engagement sur les mesures miroirs co-écrit avec la FNH (Fondation pour la nature et l’Homme) et l’Institut Veblen. Dans l’Union européenne et en France les normes sociales, environnementales et sanitaires font partie des plus élevées au monde. Cependant, le niveau d’exigence n’est pas le même selon les régions du monde et cela crée des déséquilibres au détriments des agriculteur.trices européen.nes. Une situation aggravée par la négociation d’accords de libre échange avec des pays ne respectant pas toujours ces normes et important tout de même leurs produits en Europe. Pour y remédier, les mesures miroirs consistent à imposer les mêmes exigences aux produits importés qu’aux produits européens, une mesure qui commence à faire son chemin dans le débat public depuis quelques semaines.
Pour une alimentation saine
Un modèle d’agriculture plus respectueux de l’environnement, qui rémunère au juste prix les paysan.nes profite aussi aux consommateur.trices avec des produits de qualité. L’enjeu d’une alimentation saine est reconnu par la plupart des décideurs politiques et des lois prennent en compte cet enjeu. C’est le cas de la loi EGALIM qui impose notamment 20% de produits bios dans la restauration scolaire. Il s’agit d’un levier majeur de l’alimentation, la rencontre avec la FNAB (Fédération nationale de l’agriculture biologique) allait dans ce sens.
En Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont près de 27 millions de repas par an servis dans les lycées et la Région dispose d’un énorme levier via la commande publique en termes de productions locales et bios. Nous avons d’ailleurs interpellé Laurent Wauquiez à ce sujet.
Nous regrettons que la Région ne soutienne pas davantage la filière bio dans la crise qu’elle traverse. Par rapport à la mise en œuvre de la loi EGALIM sur la restauration collective, elle entretient un amalgame entre produits locaux et produits bios alors que l’un et l’autre sont loin d’aller de pair. En outre, elle met souvent au même niveau certification bio et HVE (Haute valeur environnementale) alors que cette dernière est très peu exigeante.
Que ce soit à travers la protection de la biodiversité, les questions sanitaires, l’alimentation, la rémunération et les conditions de travail des agriculteur.trices, l’agriculture est notre affaire à toutes et tous. La région Auvergne-Rhône-Alpes dispose d’un territoire favorable et d’excellents leviers pour mettre en place une politique agricole ambitieuse, tournée vers la transition agroécologique, à nous de nous en saisir !