Lutte contre les violences faites aux femmes, retour sur les assises régionales du 24 novembre

Ce jeudi 24 novembre, se tenaient au conseil régional les assises sur les violences faites aux femmes. Nombre d’acteurs et d’actrices de terrain étaient présentes, et nous saluons leur engagement tenace et ancien sur ces questions.

Monsieur Wauquiez fait bien de reconnaître sa prise de conscience tardive, et le fait que cette lutte peine à mobiliser, à cause de l’omerta et des tabous qui pèsent dessus. En revanche, s’il en est qui participent de cette difficulté c’est bien l’exécutif du conseil régional. 

En cédant avec un certain cynisme aux sirènes de la stratégie électoraliste qui consiste à soigner éhontément l’extrême droite, après que celle-ci ait affiché un désintérêt réactionnaire pour la question des violences faites aux femmes, avant de demander la suppression de la subvention à l’association Filactions. Nulle doute que le calendrier du mois de Novembre et la mobilisation féministe, dont nous avons été l’alerte, auront obligé le président de région à revoir sa position concernant cette subvention, à une cause qui n’a pas besoin de mises en garde pour être fondamentalement apartisane – et non apolitique – et ancrée dans les valeurs républicaines.

En annonant 6 fois dans un même discours sur les violences faites aux femmes la référence aux barbares, dont Laurent Wauquiez ne peut ignorer le sens (étymologiquement “étranger”), une position dogmatique et xénophobe qui méconnaît – ou méprise – la réalité des faits, alors que tout le monde sauf l’extrême droite sait que 85% des viols sont commis par des proches de la victime, dans des espaces privés loins des caméras de surveillance. Au coeur du système des violences faites aux femmes, point de barbare, ni de migrants, mais des coupables auxquels l’exécutif refuse catégoriquement de s’attaquer : le patriarcat et son corollaire la culture du viol.

En refusant de travailler avec l’opposition sur cette question qui touche absolument tous les recoins de notre société, lorsque nous avons proposé un voeu – rejeté – en soutien aux sages femmes qui sont aux premières loges de la prévention et du traitement des violences faites aux femmes, lorsque nous demandons que soient libérés les logements vacants des lycées pour les hébergements des femmes victimes de violences et leurs familles, lorsque nous demandons en commission lycées que soient désignés les référents égalité (absents des trois quarts des lycées auralpins malgré l’obligation en vigueur depuis 2020), lorsque nos demandes d’actions de prévention auprès des jeunes et dans les lieux publics sont ignorées ou moquées, lorsque nous tentons de démontrer que le langage aussi est vecteur de discriminations et qu’une communication épicène peut aussi participer à l’égale représentation des femmes et des hommes dans les imaginaires.

Alors, quelques initiatives sont tout de même intéressantes, comme la distribution d’outils reconnus de longue date comme le violentomètre ou les boutons d’alerte, le financement de logements pour les victimes, ou la promotion des actions d’empowerment, à travers le sport notamment. Malheureusement ces actions n’auront qu’un faible effet sur le quotidien des femmes tant que les obsessions sécuritaires, partisanes et patriarcales resteront le cœur des politiques régionales, et qu’aucune action ne sera menée pour lutter en premier lieu contre le sexisme et les logiques de domination.

Article écrit par Anaïs Widiez, conseillère régionale écologiste de la Métropole de Lyon.

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