Intervention de Fabienne GREBERT sur le budget primitif 2023

Toujours la même litanie : réduction des dépenses de fonctionnement – investissement – réduction de la dette. Toujours le même refrain pour rassurer le monde des affaires, sans pour autant répondre aux besoins des Français : la baisse continue du pouvoir d’achat, la précarité énergétique, l’angoisse face à l’avenir, l’insécurité, le dérèglement climatique nous angoissent et, sur tous ces sujets, rien ne progresse, et le pire, c’est que vous semblez ne pas vous en soucier !

Vous êtes pourtant redevables depuis le début de vos mandats : des recettes qui ne cessent d’augmenter. 487 M € en plus inscrits aux recettes de fonctionnement depuis 2021 ; pour quels bénéfices ? Vous êtes pourtant dans la queue du peloton en matière de dépenses de fonctionnement par habitant (330€). Vous y verrez peut-être le signe d’une bonne gestion. Nous vous voyons plutôt comme le fossoyeur des services publics, en particulier en matière de transport, dans les lycées publics, dans la formation professionnelle avec une baisse des dépenses de – 54 M €. 

Cette attitude est d’autant plus cynique que chaque habitant de la Région est désormais le principal contributeur des recettes de la Région. Cette année, chacun d’entre nous contribue à  2071 M €, soit 257 € par habitant. Plus l’inflation est forte, plus les recettes de la Région augmentent. Un peu de redistribution équitable, sans clientélisme, ne nuirait pas. 

Mais ce qui vous intéresse, ce sont les puissants au détriment de l’économie de proximité. Les subventions que vous allez concéder aux entreprises vont bientôt surpasser les investissements dans les transports en commun de voyageurs. Quel bénéfice vont en tirer les habitants de cette Région ? Vous êtes incapable d’en mesurer les bénéfices puisque vous refusez de conditionner vos aides.

Ce qui vous intéresse, ce sont les routes, au détriment des transports ferroviaires.

Ce qui vous intéresse, ce sont les lycées privés au détriment de l’Education nationale publique.

Ce qui vous intéresse, c’est l’agriculture intensive au détriment de l’agriculture paysanne et nourricière.

Ce qui vous intéresse, c’est l’affichage au détriment des actions réelles de transformation de notre Région.

Vous êtes passés maître en effets d’annonces, au point de cumuler 5498 M € de stocks de crédits de paiement, soit l’équivalent de 4,4 années d’investissement. 

Standard and Poor’s peut bien vous délivrer un double AA, mais l’Agence nationale ne s’assure pas que vos promesses sont réalisées. Ce qu’ils ne font pas non plus, c’est valoriser votre niveau d’emprunt pour financer massivement la transition écologique dont nous avons tant besoin. La Région Auvergne-Rhône-Alpes détient un des encours de dette par population les plus faibles de France. Ce n’est pas  le signe d’une bonne gestion mais d’un désinvestissement dangereux pour la Région.

Vous vous félicitez d’être un bon gestionnaire mais vous êtes, pour ce budget 2023, un peu trop prudent. Le taux d’épargne brut de notre Région est encore plus favorable que ce vous aviez estimé l’année passée ! Investir encore plus, dans ce contexte de recettes mécaniquement en hausse, ne nuirait pas tant à vos si bons indicateurs.

L’urgence est là et nous n’avons plus le temps de nous affronter. Nous avons besoin de faire face à la crise autrement qu’avec des pansements sur une jambe de bois et des boucliers tarifaires. Nous avons besoin de nous affranchir des énergies fossiles et autre uranium fournis par Poutine, de viser la souveraineté énergétique, de viser l’amélioration de notre compétitivité, en s’affranchissant des énergies fossiles. Investir 1 milliard de plus sur le mandat porterait la capacité de désendettement à 5,2 années (contre 3,8 années aujourd’hui), et nous laisserait tout de même deuxième au classement des régions ! L’obsession du podium du meilleur gestionnaire ne doit pas se faire en sacrifiant des habitants de la région.

Nous avons vraiment besoin, dans la période, d’investir encore plus dans les transports, pour faciliter la vie et préserver le porte-monnaie des habitantes et habitantes d’Auvergne-Rhône-Alpes, d’investir encore plus dans la rénovation thermique de notre patrimoine, là encore pour le confort et les économies à réaliser sur le coût des fluides.

Vous ne préparez pas l’avenir. Vous nous ramenez à l’ère pompidolienne qui vous est si chère : attachement à la croissance infinie, nucléaire, aviation (qui voit cette année l’engagement de la Région multiplié par 8 par rapport à l’année 2022 : drôle d’action pour une région qui dit vouloir être la 1ère à se décarboner). Mais les temps ont changé, les centrales nucléaires sont à l’arrêt, et il n’a jamais été aussi urgent d’agir pour transformer notre économie et pour investir dans les énergies renouvelables.

Or, vous êtes plutôt le Président des petits gestes.

Vous êtes le Président des passions tristes, de la croissance infinie, du toujours plus, toujours plus gros, de la  peur et du repli sur soi qui attisent l’extrême-droite, dont vous êtes devenus, avec le Président de la République, un des meilleurs marchepieds. Croyez-vous que vos mantras sont de nature à donner du sens, à donner envie de travailler, de s’investir dans la Région ? Nous avons besoin d’investir dans les transports en commun et les mobilités douces.

Nous avons besoin de revoir des jeunes paysans s’installer dans nos campagnes et pour cela que vous souteniez l’ARDEAR, dont vous avez supprimé toutes les subventions et qui étaient pourtant responsables d’un tiers des installations et reprises de fermes dans notre Région.  

Nous avons besoin que vous bifurquiez avant de nous emmener tout schuss, droit dans le mur !

Nous avons besoin que vous financiez la rénovation thermique des logements. Or vous supprimez toutes les aides FEDER pour la rénovation thermique des logements sociaux dans les villes de plus de 100 000 habitants. Les plus précaires d’entre nous qui ont la chance de vivre dans une ville écolo ou sociale valent moins que les autres. 

Nous avons besoin que vous protégiez l’environnement et les 261 sites Natura 2000. Le budget que vous nous proposez est divisé par 2 et le fonctionnement baisse de 8% alors que le dérèglement climatique s’emballe, la biodiversité s’effondre et l’eau commence à manquer. 

Nous avons tous besoin d’espoir, de joie, de sens, de solidarité, de fraternité. Ce que nous vous proposons, c’est de donner la priorité aux investissements dans le service public, d’accompagner les petites communes à préparer l’avenir et à rénover leurs bâtiments pour que nos enfants arrêtent de se geler dans les écoles ou dans les gymnases, de permettre à toutes les entreprises qui ont envie de s’engager dans la transition de le faire vraiment, de préparer notre agriculture aux sécheresses et de préserver nos paysages, pour se revigorer dans les montagnes et les campagnes de notre belle Région.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut