Défendre l’élevage plein air, les femmes, les hommes qui le font vivre !
Notre groupe a porter un amendement lors de la dernière assemblée plénière de juin, afin de créer un fonds régional d’urgence sanitaire agricole pour l’élevage plein air permettant d’intervenir immédiatement en soutenant les agriculteurs victimes d’une crise sanitaire, et d’affecter une enveloppe de 500 000 € en autorisation d’engagement (chapitre 939) permettant d’intervenir immédiatement en soutenant les agriculteurs victimes d’une crise sanitaire.
Il est primordial de venir en aide logistiquement, financièrement et humainement auprès de ces éleveurs et éleveuses qui font face à des normes sanitaires drastiques, souvent inadaptées à l’élevage plein-air et aux productions fermières alors que d’autres solutions méritent d’être discuté(e)s.
Ce reportage a été réalisé dans le cadre d’une journée de déplacement en compagnie de Benoît Biteau, député européen, vice-président de la commission Agriculture du Parlement européen :
Défendre l’agriculture de plein air
L’élevage de plein-air est plébiscité par les consommateurs. Plus respectueux du bien-être animal, il permet également des systèmes de production agricole plus vertueux au niveau environnemental : pâturage herbager diversifié pour les bovins plutôt que rations à base de maïs irrigué et de soja OGM importés très consommateurs d’énergie pour la production, la récolte, la distribution ; moindre artificialisation des sols avec des bâtiments plus réduits ; participation du parcours herbacé à la ration des volailles, etc.
Pourtant, cet élevage est menacé du fait d’une réglementation sanitaire de moins en moins adaptée à l’élevage paysan de plein-air. Nous prenons aujourd’hui des risques en cherchant à endiguer des questions sanitaires par une artificialisation et une concentration toujours plus grande, plutôt que par la mise en place de nouveaux équilibres écosystémiques. La course à l’export plutôt que la recherche d’élevage autonome contribuant à la souveraineté alimentaire de notre pays fait ainsi oublier le fameux “bon sens paysan”.
Les élu·es écologistes au conseil régional se mobilisent aux côtés des éleveurs et éleveuses face à la gestion des risques de zoonose (maladie infectieuse pouvant être transmise de l’animal à l’homme) qui pèsent fortement sur les élevages de plein air (brucellose, salmonellose, grippe aviaire). Cette gestion a conduit en particulier à des dérives et des drames pour les animaux mais aussi pour les éleveurs et éleveuses concernés :
- abattage du troupeau de bovins d’Eric Forestier et affrontements injustifiés entre éleveurs et naturalistes sur la question de l’abattage massif des bouquetins sauvages en Haute-Savoie suite à la détection d’un cas de brucellose (Collectif Sauvons l’élevage de plein air) ;
- abattage de poules pondeuses suite à la détection de salmonelles en Haute-Loire (collectif Ponte 43) ;
- dans le cadre de la grippe aviaire, claustration des animaux pour les élevages de plein air, sans régulation de la concentration des élevages industriels dans certaines zones et accompagnement indigne des mesures d’abattage et d’enfouissement lors de la multiplication des cas de grippe aviaire (collectif Sauve qui poule)
Des réglementations doivent changer au niveau européen mais aussi au niveau national (arrêté ministériel) afin de ne plus pénaliser l’élevage de plein-air et de revenir à un juste principe de précaution.
Le conseil régional doit s’engager pour soutenir l’élevage de plein air à plusieurs niveaux :
- soutien de la diversification, soutien à des programmes de recherche pour la résilience de l’élevage plein air et, à court terme, dans le cadre des politiques régionales de soutien à l’agriculture, au même titre que les indemnisations liées aux conséquences des aléas climatiques,
- Près de 50 élevages ont été touchés en 2021 en région Auvergne-Rhône-Alpes, il est primordial de mettre en place une aide d’urgence de la région, comme cela est réalisé sur de nombreuses filières, pour la prise en charge de l’abattage et l’équarrissage des volailles, mais aussi pour un accompagnement social et psychologique des éleveurs impactés
La situation en Auvergne-Rhône-Alpes
Depuis 2019, le nombre d’élevages touchés par la salmonelle a considérablement augmenté. Le seuil de prévalence de 2 %, fixé par l’Europe, a été largement dépassé en 2020 et 2021 (189 troupeaux positifs en 2020). La France et la Belgique sont les deux seuls pays à dépasser ce seuil. La région Auvergne-Rhône-Alpes est de loin la plus touchée.
La DGAL considère que la suppression des analyses de confirmation depuis l’arrêté du 1er août 2018 n’explique en rien la dégradation de la situation. Pourtant ces analyses de confirmation permettaient de sauver 40 % des élevages
Salmonelles : quel risque pour la santé humaine ?
Le nombre de TIAC (toxi-infection alimentaire collective) en 2020 est en baisse (effet covid avancé, avec la fermeture des restaurants) : 519 malades en 2020 (au lieu de 807 en 2019). Les aliments à base d’œufs seraient responsables de 48 % des TIAC, ce qui réduit le nombre de malades à la salmonellose imputables à la consommation d’œufs (de plein air notamment).
En 2020, 3 personnes sont décédées ; 26 personnes ont été hospitalisées (au lieu de 42 en 2019), mais il n’est pas précisé quels aliments sont à l’origine de ces 3 décès et de ces 26 hospitalisations.
>> Il est nécessaire qu’un état des lieux plus poussé soit réalisé et que le plan de lutte soit corrélé à la gravité du risque. Il n’est pas acceptable d’abattre des millions de poules sans même se poser la question de savoir si elles sont malades et quelles sont les conséquences morales et financières pour les éleveurs.
>> Les élevages plein air, et en particulier les petits élevages, sont à nouveau clairement montrés du doigt, alors que leur responsabilité n’a pas été démontrée.