La formation, grande oubliée de l’exécutif régional, pourtant compétence centrale de la Région !
Comme au premier mandat (2016-2021), Laurent Wauquiez a continué d’appliquer des baisses régulières de budget en fonctionnement sur cette politique structurante.
Encore aujourd’hui par exemple, les budgets des acteurs de l’orientation et de l’accompagnement (missions locales, maison de l’information sur la formation et l’emploi, centre d’information sur le droits des femmes et des familles, …) ou des acteurs de l’insertion par l’activité économique (chantiers d’insertion, par exemple) sont à budget constant depuis 2021, alors même que l’inflation et les coûts de l’énergie augmentent et grèvent de fait leur marge de manoeuvre.
En 2018, Laurent Wauquiez a également refusé de prendre en charge la gestion du Plan d’investissement des compétences (PIC) aux côtés de l’Etat, contrairement aux autres régions (cf. https://www.lesechos.fr/politique-societe/regions/plan-dinvestissement-competences-auvergne-rhone-alpes-campe-sur-son-refus-pour-le-moment-240649 ).
Ce PIC était un dispositif national de grande ampleur, à destination prioritairement des demandeurs d’emploi et des personnes sans diplômes pour ramener vers l’emploi ces publics éloignés.
Ainsi, c’est Pôle emploi qui a donc géré le PIC depuis 2019, sans que la Région ne participe ni à son financement, ni à son déploiement !
Bilan du PIC en Auvergne-Rhône-Alpes ( Retrouvez le bilan du PIC en Auvergne-Rhône-Alpes – Pôle emploi | pole-emploi.org )
Or, ce plan s’achève au 31 décembre 2023 et les discussions entre l’Etat et la Région battent leur plein, mais s’éternisent et la fumée blanche n’est pas encore sortie de l’hôtel de région !
Lundi 11 décembre dernier, se tenait le comité plénier du CREFOP1, instance qui permet la coordination des acteurs de l’emploi et de la formation. La préfète de région y a présenté le bilan du PIC période 2019-2023 en soulignant sa réussite au-delà des objectifs (100 000 demandeurs d’emploi) : 138 000 demandeurs d’emploi dont 46% de femmes avec un taux de retour à l’emploi de 60,4% en Auvergne-Rhône-Alpes (taux moyen sur la France : 57,2%). Elle a confirmé l’excellent portage et déploiement assurés par les services de l’Etat et Pôle emploi, mais elle a également interrogé le vice-président Blancher sur la position de la Région pour la nouvelle période à venir : 2024 – 2027.
Bilan du PIC en Auvergne-Rhône-Alpes ( Retrouvez le bilan du PIC en Auvergne-Rhône-Alpes – Pôle emploi | pole-emploi.org )
Pour ce nouveau plan, l’Etat investit au niveau national 3,9 milliards d’euros mais attend des régions qu’elles prennent en charge 60% du budget prévu et assurent le déploiement et la coordination des actions de formation.
À 15 jours de son lancement, Jacques Blancher, vice-président Formation de la Région, a eu une réponse qui n’augure rien de bon : “tous les éléments sont sur le bureau du président Wauquiez, prêts à être étudiés.”
Non seulement le vice-président ne semble pas souverain dans la décision, ce qui atteste encore une fois l’omnipotence de Laurent Wauquiez qui ne laisse aucune marge de manoeuvre sur ces vice-présidents, mais également le président de Région semble jouer le bras de fer jusqu’au dernier moment pour espérer négocier à la baisse probablement l’engagement de la Région.
Quoi qu’il en soit, rien de bon dans cette négociation qui traîne, à tel point qu’une nouvelle convention a été provisoirement signée entre Pôle emploi et la Région qui autorise pour l’instant Pôle emploi à continuer de gérer le nouveau PIC, pour ne pas interrompre le dispositif et permettre sa continuité.
Nous pensons que, si la Région a pensé reprendre la nouvelle édition du PIC, c’est que Laurent Wauquiez, en campagne pour les présidentielles, y trouverait une occasion de se mettre en visibilité en matière d’action, comme il le fait sur le volet Économie et relocalisation de l’industrie. Néanmoins, nous craignons plus qu’il refasse le même coup qu’en 2018 en abandonnant un dispositif qui ne bénéficie pas à son électorat…
À suivre donc, sans grand optimisme pour l’ensemble des demandeurs d’emploi qui pourraient bénéficier d’une formation sur un métier dont les débouchés existent sur leur bassin de vie…
1 Instance qui réunit recteur d’académie, syndicats patronaux (MEDEF, CGPME, ), services de la DREETS (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), préfète de région, représentants de l’Education nationale, missions locales, Cap emploi, Pôle emploi, et bien sûr un représentant du conseil régional, en la personne du vice-président de la politique Formation
Article écrit par Véronique Vermorel, conseillère régionale de l’Isère.