Lettre ouverte suite aux baisses drastiques de subventions régionales aux acteurs culturels décidées par Laurent Wauquiez

Les élu·es du groupe Les Ecologistes, rejoints par celles et ceux des groupes “Socialiste, Ecologiste et Démocrate” et “PRG – Le Centre gauche” ont pris connaissance des baisses drastiques annoncées aux acteurs culturels par l’exécutif régional de Laurent Wauquiez.

Les coupes budgétaires massives pour les institutions culturelles de Lyon et de Grenoble fragilisent tous les secteurs artistiques et culturels de notre région. Dans une période difficile post-confinements, la reprise des fréquentations n’est pas encore là. L’abandon par la Région de la Villa Gillet, les coupes pour la Biennale d’art contemporain comme des grandes scènes auront des impacts très négatifs, y compris pour les équipes indépendantes et les formations supérieures. La droite régionale préfère l’évènementiel bling-bling à la culture !

Nous avons décidé d’adresser à Laurent Wauquiez une lettre ouverte.

Notre lettre ouverte

Monsieur le Président,

Vous avez voulu nous faire croire lors du vote du budget en décembre dernier que le budget régional dédié à la culture ne baisserait pas en 2022. Une fois de plus, cette déclaration ne sera donc qu’un écran de fumée et de la poudre aux yeux.

Vous vous en prenez directement aux acteurs culturels sur les métropoles de Lyon et de Grenoble. L’attaque est donc bien ciblée : le TNP à Villeurbanne, l’Opéra et la Villa Gillet à Lyon, la Biennale d’art contemporain, le Festival Lumière sur la métropole de Lyon, la MC2 et l’Observatoire des politiques culturelles à Grenoble. Autant d’institutions culturelles qui ont prouvé leurs valeurs et ont été fortement soutenues par vos prédécesseurs de droite dans les années 1990. La Région Rhône-Alpes de l’époque est même à l’initiative de la création de la Villa Gillet que vos décisions mettent en grand danger. 

Toutes ces institutions contribuent à la structuration et à la vitalité des filières artistiques et culturelles en région, bien au-delà des métropoles où elles sont implantées. Vos décisions ne sont compréhensibles qu’à la lumière de votre hargne vis-à-vis des responsables politiques écologistes et de gauche de Lyon et Grenoble.

Dans cette période difficile pour les arts et la culture, le montant des baisses est non seulement incompréhensible, mais aussi totalement aléatoire. La Villa Gillet voit sa subvention totalement supprimée alors que l’Observatoire des politiques culturelles subit une baisse de subvention de 40%, ce qui traduit une fois de plus l’arbitraire de ces coupes budgétaires. Comment est-il possible de les acter sans même donner une justification aux responsables concernés ? Vos choix instillent un climat de défiance entre l’institution régionale et les acteurs culturels du territoire.

Le budget Culture (62 millions d’euros), soit-disant maintenu, place la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le peloton de queue des régions françaises avec un ratio de 2,1% du budget global et cache en réalité une baisse de moyens pour les acteurs culturels puisque certains projets ont déjà été augmentés. Ceux du Musée des Tissus, de la Maison Saint-Exupéry dans l’Ain, du site de Gergovia dans le Puy-de-Dôme, entre autres. Votre investissement sur ces projets, sur lesquels vous ne prévoyez aucune coopération territoriale avec les autres collectivités, nous semble surtout traduire votre seule volonté de vous en attribuer tous les mérites et d’en tirer un prestige personnel.

Si elle présente un intérêt indéniable, nous prenons acte que l’augmentation de leurs moyens ne pourra aboutir qu’à des restrictions dans les autres secteurs de la culture. Lors de l’assemblée plénière relative au vote du budget, le groupe Les écologistes avait proposé un amendement pour augmenter le budget de la culture afin de conforter les filières culturelles alors que les confinements les avaient fragilisées. On voit bien ici comment votre obsession malsaine d’essorer le budget d’intervention d’Auvergne-Rhône-Alpes, loin d’inscrire la Région comme une collectivité « la mieux gérée de France », met en péril en réalité la vitalité du tissu culturel régional, et les emplois qu’il génère.

La vice-présidente à la culture argumente sur la nécessité de mieux servir, « de rééquilibrer » certains territoires. Nous doutons fort que la politique culturelle de la Région soit réellement conduite avec des critères transparents de rééquilibrage, les décisions d’octroi de subventions semblant plutôt relever en permanence de l’arbitraire voir du clientélisme. 

Si la Région voulait intervenir de manière plus volontariste auprès des acteurs culturels et des territoires les plus fragiles, alors pourquoi ne pas soutenir de manière plus conséquente les CTEAC – conventions territoriales d’éducation artistique et culturelle – qui touchent particulièrement les territoires ruraux et les intercommunalités qui souhaitent développer des actions en partenariat avec les départements et la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) ? Pourquoi ne pas mieux financer les actions culturelles dans les lycées dont la Région a la responsabilité, plutôt que de supprimer le dispositif Lycéens à l’Opéra ? Pourquoi ne pas avoir créé d’ores et déjà un fonds d’urgence, comme les Écologistes l’avaient proposé l’an passé, pour conforter les équipes artistiques et lieux indépendants en grande fragilité actuellement ? Bien des dispositifs existant ou à créer permettraient de le faire, mais nous, conseillères et conseillers de la Région ne voyons rien venir !

Les conseils régionaux, créées en tant que collectivités de plein exercice en 1986 grâce aux lois de décentralisation, ont pris leur place dans le co-financement des institutions et des filières culturelles et leurs soutiens sont devenus indispensables pour le maintien d’un modèle économique qui soutient la diversité de la création, de la production et de la diffusion sur les territoires. 

Votre attaque en règle, Monsieur le Président, pourrait mettre à mal ce fragile équilibre républicain. Vous devrez rendre des comptes à l’avenir.

Salutations républicaines.

Dans la presse

Notre mobilisation a un écho dans la presse :

Le Monde : “Laurent Wauquiez impose une baisse brutale des subventions culturelles à Lyon” (3 mai 2022)

Libération : “En Auvergne-Rhône-Alpes, la culture va faire ceinture” (9 mai 2022)

Lyon Capitale : Maison de la Danse, Subsistances… d’autres lieux culturels à Lyon touchés par les coupes budgétaires de la Région ? (12 mai)

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