Monsieur le Président, chers collègues,
UN BUDGET RESPONSABLE ET AMBITIEUX POUR 2025, c’est comme cela que vous le nommez ! Mais vous l’avez dit en commission Finances, il n’est en réalité pas très différent de celui des années passées, et dans la continuité de vos choix politiques.
Rappelons également que la difficulté de la situation budgétaire des collectivités émane d’un gouvernement que vous avez soutenu. Nous avons d’ailleurs bien souvent vu votre conseiller spécial œuvrer pour exister dans la séquence et peser sur les choix portés par l’éphémère Premier ministre Barnier.
Ainsi, vous intégrez des prévisions prudentes en anticipant sur des baisses de recettes avec une loi de finances, dure mais heureusement avortée ; c’est en tout cas, un nouveau prétexte pour trouver 80 millions d’économies à réaliser sur les dépenses de fonctionnement.
Vous parlez donc « d’économies sur les pans les moins prioritaires » mais, vivons-nous dans la même région et dans le même périmètre de compétences ??
Vos pans les moins prioritaires sont donc ces secteurs qui subissent déjà une décroissance permanente à l’euro constant depuis ce début de second mandat, en plus de la purge du mandat précédent.
Dans l’ordre des perdants qui se répète sur les dépenses de fonctionnement :
La formation professionnelle : plus de 25 millions de baisse en crédits de paiement, et notamment sur le dos des missions locales qui vont devoir faire avec 10% de moins en 2025, alors que, nous l’avons déjà rappelé maintes fois, leur budget est identique à l’euro près depuis 2021.
L’enseignement et les lycées : 11 millions de moins car vous évoquez une surestimation des dépenses de viabilisation dans les lycées en 2024. En réalité, il y a encore des lycéens et des enseignants qui ont froid dans leurs salles de classe en ce moment. Mais vous comptez certainement sur les économies à réaliser avec l’externalisation des personnels d’entretien.
Parlons aussi du chapitre environnement de 57 millions d’euros ! Alors que la Région est chef de file, le montant fléché sur cette politique est ridicule. Avec la démission récente du vice-président et la manière dont est limité ce budget, c’est presque une allégorie de l’accélération du dérèglement climatique : avec 10 millions de moins cette année, ce budget perd 1/5ème et fond comme neige au soleil.
Sur tout cela, le Ceser vous alerte. Et, même s’il s’agit d’une lapalissade, redisons-le : les dépenses de fonctionnement, cela sert à fonctionner ! Avec des niveaux de baisse systématique sur des politiques qui touchent aux besoins du quotidien et de l’avenir, vous participez à déconstruire un tissu que nous mettrons des années à reconstruire : soutenir l’éducation, la culture et la formation, c’est un investissement d’avenir !
Très franchement, nous pourrions tout à fait cesser de resserrer encore la ceinture d’un cran sans pour autant dégrader notre taux de désendettement de 2,9 années, le meilleur de France !
[Notons votre effort pour limiter également les dépenses de communication, on vous croit sur parole, mais depuis toujours, vous ne fléchez pas ces dépenses sur la rubrique dédiée, pourtant prévue dans la maquette budgétaire. Impossible donc de savoir si vous dites vrai. Impossible de vérifier vos dires.]
Parlons à présent des pans que vous préservez et qui ne sont pourtant pas des politiques obligatoires, mais sur lesquels vous parlez de « recentrer » les investissements :
Les routes nationales + 27,8 M d’euros d’investissements. Alors que l’expérimentation de reprise de la compétence vous apporte 34,9 M de recettes supplémentaires, vous rajoutez 12,7 M d’euros en fonctionnement. Les comptes ne sont pas bons.
La sécurité, qui est ventilée façon puzzle dans tous les chapitres budgétaires, mais sans que nous puissions en avoir une visibilité fine.
L’action économique avec toujours une absence totale de conditionnalités des aides et d’aides à la transition, et un soutien à des filières pas forcément vertes, ni vertueuses. Le Ceser là aussi vous alerte sur l’abandon de l’économie sociale et solidaire, pourtant essentielle pour préparer l’avenir.
Avec vous, ce budget, c’est l’esprit de Noël, c’est une opération de magie à grande échelle !
Une épargne brute maintenue, et même augmentée de 4 % avec pourtant un investissement soi-disant record dans les transports qui augmente de 299 millions, soit 126% ! Waouh
Par quelle formule magique pouvez-vous proposer 407 M millions d’euros inscrits en dépenses d’investissement dans les transports, en maintenant 768 M d’épargne brute ?
En réalité, votre petit tour de “passe-passe” d’écriture comptable, comme vous le dites, avec la création de cette SPL dans les transports cette année vous permet d’invisibiliser la dette sans dégrader vos ratios financiers.
Rappelons qu’il s’agit en réalité de matériels roulants déjà financés depuis des décennies comme le rappelle le Ceser. Avec 407 millions, vous avez donc l’ambition d’acquérir 10 nouvelles rames et de rénover une partie du parc. Ça fait tout de même un peu cher la rame et les comptes ne sont toujours pas bons. Vous ne ferez ainsi probablement pas plus que les dernières années en termes de dépenses réeles. Bref, on se demande si, dans les transports, vous ne donnez pas surtout dans la cavalerie.
Nous sommes en tout cas époustouflés devant ces opérations d’équilibriste et de prestidigitation !
Il est assez effarant, et même inquiétant, de lire vos justifications de baisse d’investissement notamment et encore sur les lycées :
Vous citez ainsi la soi-disant superbe exécution de votre plan Marshall qui date du mandat précédent pour privilégier à présent « des petites opérations de maintenance et d’entretien » avec pourtant une inscription de 376 M d’euros d’autorisations de programme annoncés, mais 53 millions de moins investis en réalité. Quel paradoxe !
Il semble donc qu’il n’y ait plus rien à faire de ce côté ; ce constat a le mérite de confirmer que votre nouveau schéma d’investissement dans les lycées, annoncé en grandes pompes en 2023, était bien une coquille vide avec seulement 26 opérations nouvelles. Pourtant, il y a toujours des lycées dans un piètre état dans notre Région et qui, de ce fait, restent des passoires thermiques dont le coût d’entretien est exponentiel. Si seulement, la solarisation de nos bâtiments scolaires avait été engagée, nous pourrions espérer une maîtrise des lycées et des centres de formation dans leurs dépenses d’énergie…! Nous aurions véritablement réalisé un investissement à fort impact positif !
Enfin, voilà qui m’amène à parler du BUDGET VERT qui revient avec une périodicité curieuse, des pourcentages farfelus et des modalités de calcul dont nous souhaiterions avoir le détail, puisqu’à présent sa présentation va devenir obligatoire.
Disparu l’année passée, il revient ainsi en force après celui présenté en 2023 mais pas sur la base des crédits de paiement réels. Encore un coup de baguette magique !
Ainsi, vous estimez à 35,47% les dépenses d’investissements à impact positif sur l’environnement, mais par exemple 0 sur la santé. Pourtant, votre politique de création de centres de santé en ruralité serait un bonus pour la limitation des transports et pourrait être comptabilisée dans ce budget vert. Au contraire, vous y mettez la totalité du budget transports alors que routes et bus sont loin d’être exemplaires en termes d’émissions de CO2.
Là encore, de quel chapeau sortez-vous vos formules de calcul ! Et que dire des investissements à impact négatif ? Il y en a encore trop pour que notre Région soit réellement sur une trajectoire vertueuse.
Vous l’avez compris, vos choix ne sont pas les nôtres.
Nous proposerons donc une série d’amendements responsables qui visent à notre sens à recentrer les efforts d’investissement et les dépenses de fonctionnement dans les “pans” que nous considérons prioritaires, mais surtout essentiels pour la vie et l’avenir des habitantes et des habitants de notre Région.