Intervention de Benjamin Joyeux sur le programme de soutien à la Région du Syunik – Arménie

Monsieur le président, cher.es collègues,

La guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine n’en finit pas d’avoir des répercussions dramatiques sur l’ensemble de la scène internationale. Moscou, alliée pourtant historique de l’Arménie, a depuis février 2022 changé d’alliances stratégiques et s’est ainsi rapprochée de l’Azerbaïdjan comme de la Turquie. Pendant ce temps l’Union européenne, cherchant légitimement à se passer au maximum du gaz russe pour ne plus financer le régime de Poutine et sa folie meurtrière, a signé en juillet 2022 un accord gazier avec l’Azerbaïdjan censé permettre aux Européens de diversifier leur approvisionnement. Une Europe qui, parallèlement depuis 2015, a passé des accords avec la Turquie pour lui sous-traiter sa gestion des flux migratoires, se retrouvant ainsi pieds et poings liés face à un Recep Tayip Erdogan plus incontournable que jamais. Et voici comment nous avons signé les termes de notre impuissance face au drame arménien qui se joue actuellement.

Si on y ajoute le fait que les Etats-Unis sont indéfectiblement liés à la Turquie dans le cadre de l’OTAN, on comprend mieux aujourd’hui pourquoi la communauté internationale, et en particulier les Occidentaux, s’avère incapable d’empêcher l’invasion du Haut Karabagh par l’Azerbaïdjan et pourquoi l’Arménie se retrouve bien seule face aux volontés hégémoniques de Bakou et à ses ambitions panturques. Des ambitions qui ne sont pas pour déplaire à Ankara.

Depuis l’offensive des troupes azéries dans le Haut-Karabakh le 19 septembre dernier et la chute de l’enclave, les Arméniens craignent désormais que l’Azerbaïdjan tente d’attaquer l’Arménie elle-même. Car cela fait trois ans qu’Ilham Aliev réclame la création du « corridor de Zanguezour », censé relier son pays à l’enclave du Nakhitchevan, au sud-ouest de l’Arménie, via la région du Syunik. Ce afin d’offrir une continuité terrestre avec la Turquie, son grand allié, par le biais d’une voie ferrée doublée d’une autoroute. Face à l’hostilité de l’Arménie, Aliev s’est dit prêt à obtenir ce corridor par la force.

Il est donc extrêmement important de réaffirmer, dans ce contexte explosif, notre soutien à l’Arménie et au peuple arménien, et dans ce cadre de soutenir cette région du Syunik, objet des convoitises de l’Azerbaïdjan.

Simplement, pour que notre parole soit entendue et ne reste pas un vœu pieu, on doit bien entendu condamner l’agression de l’Azerbaïdjan, mais on ne peut pas s’en contenter. Nous devons également peser pour que cessent toutes nos relations diplomatiques et commerciales avec le clan Aliev en dénonçant l‘accord gazier entre l’UE et Bakou. Cet accord a rapporté 15,6 milliards d’Euros à l’Azerbaïdjan dont le gaz est passé de 2 à 3% de l’ensemble des importations gazières européennes

De plus, cet argent vient renforcer ce que l’on appelle « la diplomatie du caviar », cette stratégie de lobbying de l’Azerbaïdjan qui consiste en des invitations coûteuses de politiciens étrangers (y compris certains Français membres de partis présents dans cette assemblée), en des cadeaux divers et des pots de vin, ce afin de faire taire toutes les critiques à l’égard de Bakou en matière de droits humains.

C’est la raison pour laquelle le Parlement européen a adopté le 5 octobre dernier un texte réclamant la « suspension » de l’accord gazier avec Bakou et appelant à des « sanctions ciblées » contre l’Etat azerbaïdjanais.

Il convient également de rappeler dans cet hémicycle que ce sont des armes israéliennes vendues à Bakou quelques semaines avant le 19 septembre qui lui auraient servi lors de son invasion du Haut Karabagh. Ce qui avait été dénoncé par Arman Akopian, l’ambassadeur arménien en Israël. Israël et la Turquie sont aujourd’hui les deux principaux fournisseurs d’armes à l’Azerbaïdjan et il faut également avoir cet élément à l’esprit quand on soutient l’Arménie.

Disons-le tout net, notre dépendance au gaz azéri met directement en danger la sécurité du peuple arménien. Une des meilleures alliées d’Erevan aujourd’hui est donc la réussite de notre propre transition énergétique afin de nous passer du gaz azerbaïdjanais.

C’est l’objet du seul amendement que nous proposons à ce texte.

Comme dit le proverbe arménien : « Celui qui ne peut faire une prière chez lui fait la messe chez les autres ». 

Je vous remercie,

Monsieur le président, cher.es collègues,

La guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine n’en finit pas d’avoir des répercussions dramatiques sur l’ensemble de la scène internationale. Moscou, alliée pourtant historique de l’Arménie, a depuis février 2022 changé d’alliances stratégiques et s’est ainsi rapprochée de l’Azerbaïdjan comme de la Turquie. Pendant ce temps l’Union européenne, cherchant légitimement à se passer au maximum du gaz russe pour ne plus financer le régime de Poutine et sa folie meurtrière, a signé en juillet 2022 un accord gazier avec l’Azerbaïdjan censé permettre aux Européens de diversifier leur approvisionnement. Une Europe qui, parallèlement depuis 2015, a passé des accords avec la Turquie pour lui sous-traiter sa gestion des flux migratoires, se retrouvant ainsi pieds et poings liés face à un Recep Tayip Erdogan plus incontournable que jamais. Et voici comment nous avons signé les termes de notre impuissance face au drame arménien qui se joue actuellement.

Si on y ajoute le fait que les Etats-Unis sont indéfectiblement liés à la Turquie dans le cadre de l’OTAN, on comprend mieux aujourd’hui pourquoi la communauté internationale, et en particulier les Occidentaux, s’avère incapable d’empêcher l’invasion du Haut Karabagh par l’Azerbaïdjan et pourquoi l’Arménie se retrouve bien seule face aux volontés hégémoniques de Bakou et à ses ambitions panturques. Des ambitions qui ne sont pas pour déplaire à Ankara.

Depuis l’offensive des troupes azéries dans le Haut-Karabakh le 19 septembre dernier et la chute de l’enclave séparatiste, les Arméniens craignent désormais que l’Azerbaïdjan tente d’attaquer l’Arménie elle-même. Car cela fait trois ans qu’Ilham Aliev réclame la création du « corridor de Zanguezour », censé relier son pays à l’enclave du Nakhitchevan, au sud-ouest de l’Arménie, via la région du Syunik. Ce afin d’offrir une continuité terrestre avec la Turquie, son grand allié, par le biais d’une voie ferrée doublée d’une autoroute. Face à l’hostilité de l’Arménie, Aliev s’est dit prêt à obtenir ce corridor par la force.

Il est donc extrêmement important de réaffirmer dans ce contexte explosif notre soutien à l’Arménie et au peuple arménien, et dans ce cadre de soutenir cette région du Syunik, objet des convoitises de l’Azerbaïdjan.

Simplement, pour que notre parole soit entendue et ne reste pas un vœu pieu, on doit bien entendu condamner l’agression de l’Azerbaïdjan, mais on ne peut pas s’en contenter. Nous devons également cesser toutes nos relations diplomatiques et commerciales avec le clan Aliev en dénonçant l‘accord gazier entre l’UE et Bakou. Cet accord a rapporté 15,6 milliards d’Euros à l’Azerbaïdjan dont le gaz est passé de 2 à 3% de l’ensemble des importations gazières européennes

Et cet argent vient renforcer ce que l’on appelle « la diplomatie du caviar », cette stratégie de lobbying de l’Azerbaïdjan qui consiste en des invitations coûteuses de politiciens étrangers et d’employés d’organisations internationales, en des cadeaux divers et des pots de vin, ce afin de faire taire toutes les critiques à l’égard de Bakou en matière de droits humains.

C’est d’ailleurs pourquoi le Parlement européen a adopté le 5 octobre dernier un texte réclamant la « suspension » de l’accord gazier avec Bakou et appelant à des « sanctions ciblées » contre l’Etat azerbaïdjanais.

Il convient également de rappeler dans cet hémicycle que ce sont des armes israéliennes vendues à Bakou quelques semaines avant le 19 septembre qui lui auraient servi lors de son invasion du Haut Karabagh. Ce qui avait été dénoncé par Arman Akopian, l’ambassadeur arménien en Israël. Israël et la Turquie sont aujourd’hui les deux principaux fournisseurs d’armes à l’Azerbaïdjan et il faut avoir cet élément à l’esprit quand on soutient l’Arménie.

Disons-le tout net, c’est notre dépendance au gaz azéri qui met directement en danger la sécurité du peuple arménien. Une des meilleures alliées d’Erevan aujourd’hui est donc la réussite de notre propre transition énergétique afin de nous passer du gaz azerbaïdjanais.

C’est l’objet du seul amendement que nous proposons à ce texte.

Comme dit le proverbe arménien : « Celui qui ne peut faire une prière chez lui fait la messe chez les autres ». 

Je vous remercie,

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