Intervention de Claudie Ternoy-Leger sur la candidature des Jeux Olympiques d’hivers 2030

Il y a un an, nous fêtions les 30 ans des XVI Jeux olympiques d’hiver à Albertville. Albertvillois, nous en gardons un souvenir nostalgique. Les adultes de cette époque, notamment les Bénévoles 92 toujours très actifs, ont les larmes dans les yeux, des dizaines d’anecdotes sur des rencontres extraordinaires. 

Mais, ces jeux ont laissé un héritage contrasté. S’ils ont permis un désenclavement du territoire, ils ont eu aussi des effets néfastes : impacts environnementaux, droits sociaux des travailleurs pas toujours respectés. Quant au boom économique… Dans les années 1990, c’est l’explosion du chômage ! Les grandes entreprises nationales qui ont obtenu les marchés de travaux pour les JO sont reparties. La mairie a drastiquement réduit le budget de fonctionnement au détriment des services aux Albertvillois·es. Nous avons mis près de 20 ans à rembourser la dette des JO.

Les valeurs de l’olympisme : d’amitié entre les peuples, d’universalisme, se heurtent aux exigences du cahier des charges du CIO et des fédérations sportives internationales. Les olympiades sont devenues l’expression d’un sport au service du marché avec des objectifs de retombées économiques mais aux effets dommageables révélés à chaque édition !

Nous aimons le sport, les sports d’hiver et la glisse. Le sport est un vecteur de valeurs auxquelles nous sommes profondément attachés : l’esprit d’équipe, le partage, le lien social, la santé, l’émancipation individuelle, le dépassement de soi… Et nous voulons croire en la capacité unificatrice des jeux olympiques.

“Les qualités pour gagner sont plus importantes que les parties gagnées.” (J. Kessel). Vous nous promettez les jeux les plus vertueux. Mais, comment voter en faveur d’une candidature qui tient en deux pages, sans présentation du cahier technique ? Vous n’êtes pas les premiers à nous promettre des jeux verts. Jusque-là, les précédentes éditions ont plutôt échoué. Paris 2024 prévoit 1,6 million de tonnes de CO2 mais à coup de compensation carbone, à l’efficacité douteuse, minimisant la réduction des EGES !

Permettez-nous de douter du concept “durable”. Quand votre politique Montagne auto-proclamée « la plus durable » d’Europe consiste à mettre le tiers du budget dans l’enneigement artificiel et en quelques mesures de décarbonation ; loin d’être à la hauteur des enjeux d’adaptation des territoires de montagne. L’évaluation de cette politique publique fait-elle partie des critères d’attribution des jeux olympiques ?

Nous ne sommes pas opposés, par principe, mais nous sommes RESPONSABLES. Et au regard de la réalité qu’est le changement climatique, un certain nombre d’études scientifiques démontrent l’incompatibilité des JO d’hiver avec les enjeux climatiques. Nous doutons SERIEUSEMENT de la possibilité de tenir des JO dans des conditions qui seraient « acceptables» en termes d’émissions carbone, de préservation de la ressource en eau et  d’accès large au public.

“En compétition l’à peu près n’existe pas”. Comment voter en faveur d’une candidature à 1,5 Md d’euros sans modalités de financement et au risque de dérapages financiers énormes, risques d’autant plus importants en raison de cette candidature précipitée. Précipitée “Parce qu’il y a une fenêtre de tir” en raison des défections de candidatures comme évoqué par M. Chabert. Mais les défections (la dernière Sapporo) ne vous alertent-elles pas sur les risques de cette candidature ? Est-ce que cette précipitation n’aurait pas plutôt un lien avec un président de Région se rêvant en président de la République porteur de la flamme olympique ?

“En compétition l’à peu près n’existe pas”. Comment voter en faveur d’une candidature jusqu’à présent opaque ? En quoi l’engouement de quelques personnalités autour d’une idée qu’ils trouvent « géniale » décidée en petit comité, constituerait une adhésion populaire !? 

“L’Héritage durable” des JO dépendra du sens que vous donnerez à cet événement. L’organisation de méga-événements sportifs peut-elle encore constituer l’alpha et l’oméga d’une politique de développement économique, touristique. L’héritage durable risque d’être irréparable : celui de la dette financière mais aussi écologique… 

“Le champion tire les leçons du passé, concrétise le présent, pense le futur.” (Luis Fernandez). A priori, nous ne croyons pas en des JO durables et populaires tant que le modèle du gigantisme persiste. Si JO il devait y avoir, alors ce serait l’opportunité de les REINVENTER. Ces JO devraient être exemplaires en mettant le développement des solidarités, le respect de l’environnement, la démarchandisation du sport au cœur de l’événement.

Il y a de nombreux leviers à activer alors comme “l’important est de participer”, nous vous présenterons quelques amendements que nous considérons comme des pré-requis à cette candidature.

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