Voici notre traditionnel retour de la commission permanente (CP) du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, qui a eu lieu ce vendredi 23 mai 2025 en visio. Pour rappel, la CP est un organe représentatif de l’assemblée plénière, composée de 68 personnes (dont 9 écologistes), où les décisions sont prises à huis clos, sans débat et où il n’y a pas de compte rendu public.
Pour cette troisième commission permanente de 2025, nous avions 89 rapports à voter (3102 pages et un total d’engagements financiers de 110 millions d’euros), le tout pour une durée exceptionnellement longue (par rapport aux standards habituels de l’exécutif) de 34 minutes.
🚊 Transports : 110 000 euros pour renommer une gare
Un rapport nous a été présenté pour le changement du nom de la gare TGV de Valence. Un changement majeur qui consistait à renommer la gare “Valence TGV Rhône-Alpes Sud” en “Valence TGV Auvergne Rhône-Alpes”, le tout pour la modique somme de 110 000 euros !
La Région pourrait choisir de développer son offre de transports et par exemple financer des études pour la réouverture de gares sur la rive droite du Rhône. Cela a de quoi interroger sur les priorités de l’exécutif surtout dans une période de restrictions budgétaires pour les collectivités territoriales.
Devant les protestations de l’ensemble des groupes de gauche et écologiste, ce rapport a été retiré. Pour revenir lors de la prochaine commission permanente au mois de juin ? À suivre.
🏫Lycées : l’exécutif revient sur ses pas
À la fin des travaux du lycée Pierre Brossolette de Villeurbanne, nous avions suggéré de le renommer Gilberte et Pierre Brossolette. L’exécutif nous avait ri au nez en disant qu’il venait d’être inauguré, sans nous prévenir bien sûr, puisque nous sommes exclu∙es des conseils d’administration. Nous avons exprimé notre joie de voir notre proposition, hier retoquée, aujourd’hui soumise à l’approbation de la commission permanente.
🚨 Enseignement supérieur recherche : croisade wauquiste contre Lyon II
Une fois de plus, Laurent Wauquiez joue les shérifs à l’université ! Le scénario IEP Grenoble se répète pour l’université Lumière Lyon II accusée d’islamo-gauchisme et qui se verra privée de subventions à hauteur de plus de 18 millions d’euros. En commission, la vice-présidente accuse Lyon II d’avoir rompu le pacte républicain, sans connaître le détail du processus interne et sans savoir que la présidente a mobilisé sa référente laïcité pour résoudre les problèmes. Une occasion en or pour Monsieur Wauquiez de s’afficher à l’extrême droite, et peu importe si les 28 000 étudiant·es d’une grande université publique en pâtissent.
♻️ Environnement : enfin un cap clair…ou pas !
Après trois mois de vacance du poste depuis la démission de Thierry Kovacs, la commission environnement a un nouveau vice-président en la personne de Christophe Fournier. En revanche, toujours aucun∙e directeur∙ice à la direction de l’environnement, illustrant l’importance de plus en plus relative que lui accorde l’exécutif.
Néanmoins, un espoir est apparu, pour sa présentation en commission et expliquer ses motivations, le nouveau vice-président a déclaré : “j’aime beaucoup les déchets !”.
Des propos concis mais audacieux et réellement novateurs ! Devant de telles convictions en matière d’environnement, nul doute que nous allons assister à l’affirmation de politiques publiques régionales fortes dans ce domaine !
✈️ Economie : les aéroports régionaux toujours autant financés
La Région Auvergne-Rhône-Alpes s’engage aux côtés du syndicat mixte de l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon sous prétexte de développement économique. L’aéroport de Saint-Etienne, gouffre financier depuis qu’il ne reçoit quasi plus d’avions, espère donc des aides pour combler le déficit des vols charters. La petite dizaine de charters qui se poseront cette année risque donc d’être subventionnée pour le plus grand bonheur de quelques-uns dont les sociétés de voyage. Goutte de kérosène sur le gâteau pas bio, certains avions se posent d’abord à St-Exupéry pour redécoller vers Saint-Etienne, et repartir avec leurs nouveaux voyageurs. Un vol de 15 minutes inutile à vide au-dessus des agglomérations lyonnaise et stéphanoise. Les écologistes refusent cette subvention.
🧓Pass’Région Seniors : vitrine politique, vide social
4 millions d’euros pour un Pass’Région Seniors construit à la va-vite, sans coordination avec les politiques locales, sans concertation avec les acteurs socio-économiques, et surtout sans contrôle sur les offres. Les réductions ne sont ni financées par la Région (au contraire du Pass’Région des lycéen∙nes) et ne garantissent aucune bonification des offres : on surfe sur l’existant pour habiller un dispositif vide. Derrière l’emballage social, c’est du pur clientélisme : chaque élu∙e vante “son” partenariat local, dans une logique de retour politique, pas d’efficacité publique. La Région finance la publicité des acteurs qui acceptent d’être référencés et, par la même occasion, organise sa propre promotion auprès des plus de 65 ans d’Auvergne-Rhône-Alpes. Une politique de façade, pensée pour l’image, pas pour les bénéficiaires. De nouveaux panneaux bleus en perspective !
📚Formation : clientélisme assumé !
Une nouvelle fois, une entreprise OPTEVEN SERVICES se voit proposer un pont d’or par la Région pour s’installer au Puy-en-Velay et récupère 100 000 euros de financement pour l’intégration et la formation de 50 nouveaux salarié∙es ! Formations qui pourraient être financées sur d’autres dispositifs : soit par l’OPCO de branche, soit par Pôle Emploi puisqu’il s’agit de demandeur∙euses d’emploi entrant en prise de poste !
Le pire est que le texte de la délibération est on ne peut plus explicite sur le caractère complètement “dérogatoire sur le critère du secteur d’activité (secteur des services aux entreprises) et sur le critère d’effectif de l’entreprise (plus de 800 salariés)”. Le clientélisme est assumé : il faut bien sûr faire une exception pour cette entreprise et le gérant parle très bien de cet effet d’aubaine !
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=nAg_SKPiv4k
Et le lien direct vers l’interview de Wauquiez : https://youtu.be/nAg_SKPiv4k?t=309
Rajoutons qu’à raison de 414 heures de formation par salarié∙e, cela ne débouche même pas sur un diplôme ou une certification qui permettrait à ces salarié∙es, en cas de départ ou de licenciement, de faire valoir auprès d’une autre entreprise les compétences acquises. Du gâchis !