Intervention de Maxime Meyer sur le pacte pour les territoires ruraux et les volets métropolitains du CPER

Où est passée la politique d’aménagement du territoire du conseil régional ? 

Cette question, nous ne nous la posons plus vraiment en réalité. Nous savons maintenant depuis longtemps que vous n’avez pas de vision pour notre grande région. 

Cette délibération est symptomatique d’une opposition que vous orchestrez artificiellement et systématiquement  entre les territoires ruraux et les territoires urbains de notre région. 

En effet, nous ne sommes pas dupes quant à la création d’une délibération pour les pactes, auparavant votés en commission permanente, pour la mettre en parallèle du CPER métropoles.

Les Pactes 

Sur les pactes tout d’abord qui s’adressent aux départements caractérisés, notamment, par une plus faible densité et des difficultés plus prégnantes que le reste du territoire régional : l’Allier, l’Ardèche, le Cantal et la Haute-Loire. 

Vous vous gargarisez d’avoir engagé 360 M€ sur ces territoires lors de la précédente génération de Pacte, mais c’est en réalité un regroupement de crédits de différents programmes (contrats région, contrats ambition, CPER, FEADER, etc.), qui ne vous sert juste qu’à faire un petit coup de communication, comme vous en avez le secret. 

La réalité, c’est que vous nous demandez de voter une délibération alors même que nous ne savons pas réellement ce qui a été financé concrètement dans la précédente génération, alors même qu’aucun bilan n’a été dressé. Au-delà de l’absence d’une vision, c’est la preuve qu’en plus, vous naviguez à vue.

Vous vous cachez derrière votre petit doigt pour dire qu’il n’est pas possible de faire un bilan de ces pactes, alors même que nous possédons en France un des instituts statistiques le plus performant du monde : l’INSEE. A noter tout de même que 22% de l’enveloppe est consacrée à des routes et seulement 2% au réseau ferroviaire, et 0% aux transports publics. Vous êtes resté sous Windows 98. 

Au-delà des données et des chiffres, je vais vous partager un indicateur de l’échec de cette politique, un indicateur de la vraie vie : lors de mes vacances en famille en Haute-Loire l’été dernier, ma fille s’est fait une entorse. Nous avons dû rouler pendant 50 minutes, sur du goudron flambant neuf, pour trouver le premier appareil de radiologie. Votre vision du territoire contribue à vider nos campagnes, en construisant des axes routiers, aspirateurs d’habitantes et d’habitants vers les villes, grignoteurs de nos terres agricoles pour construire des lotissements pavillonnaires et suppresseurs de nos services publics et de nos emplois locaux. 

Nos territoires ruraux méritent mieux, particulièrement les plus de 1 million d’habitantes et d’habitants de ces départements. 

CPER

Sur le volet métropolitain du Contrat de plan Etat-Région maintenant. Ce document fait suite à l’adoption en octobre 2022 du volet territorial.

Force est de constater que vous accouchez d’un document après des négociations douloureuses. Les tableaux de financement en témoignent puisqu’un grand nombre de projets ne sont soutenus que par un seul partenaire, mettant parfois même en péril leur viabilité puisque les budgets totaux nécessaires ne sont pas alloués. 

Comme pour le volet territorial, vous annoncez des gros chiffres, mais la réalité est tout autre. 

Le soutien de la Région aux projets portés par les métropoles est tout simplement ridicule : 

• Grenoble : 10,55 M€
• Saint-Etienne : 15 M€
• Clermont : 6,3 M€
• Lyon : 13 M€

C’est cela la réalité.

Et parfois même, vous avez exigé que les métropoles mettent le même niveau de financement sur les projets portés par la Région.

Afin de grossir les chiffres, vous intégrez également des projets qui sont de notre seule compétence, comme la construction du nouveau lycée de Caluire, qui permet à lui seul de gonfler les chiffres de 55 M€. A ce jeu, vous auriez dû ajouter les nouveaux locaux du conseil régional rues Smith et Montrochet. Tant qu’il y a d’la gêne, y’a pas de d’plaisir !

Au-delà, les critiques que nous avions relevées dans le volet territorial reste d’actualité dans ce document : 

• Vous êtes le premier recycleur de France puisque vous réintégrez des projets du précédent CPER, avec diminution en plus de la part Région, comme par exemple la patinoire et l’Arena à Saint-Etienne
• Vous êtes le roitelet des subventions fantômes puisque plusieurs territoires sont encore en attente du paiement de projets issus du précédent CPER. 
• Vous êtes l’autocrate des promesses non tenues, comme en atteste votre désengagement sur la refonte des gares Part-Dieu et Perrache pour servir le projet de RER métropolitain, ou sur la patinoire de Saint-Etienne.  
• Vous êtes le seigneur des panneaux car vous financez les projets qui brillent, ceux pour lesquels vous pouvez communiquer fortement et installer vos panneaux bleus. 
• Vous êtes le champion de l’écologie punitive car aucun projet soutenu par la Région ne vise à nous adapter au réchauffement climatique, alors même que certains projets proposés par les métropoles relevaient de notre compétence, comme la création d’un pôle de l’économie circulaire ou le soutien à la maîtrise foncière pour le maraîchage à Grenoble.  

In fine, sur la partie projet de ce CPER, c’est finalement 80 € d’investissement par habitant dans les métropoles, mais c’est en réalité beaucoup moins.

Les 2,5 millions d’habitantes et d’habitants de nos métropoles méritent mieux. 

Conclusion

Enfin sur l’ensemble de ce rapport. 

Contrairement à ce que vous pensez, la politique que vous portez a abouti au gigantisme urbain, à l’urbanisation sauvage et au déclin de nos campagnes. 

Nous, écologistes, nous portons une vision de l’aménagement du territoire diamétralement opposé à la vôtre, qui repose sur le principe de « vivre et travailler au pays ». 

Nous portons une vision de complémentarité, de solidarité et d’équité entre les territoires ruraux et urbains, où il est possible de se déplacer en transports en commun, de manger des produits frais et locaux, de travailler ou de se faire soigner près de chez soi. 

Notre mission est de veiller à ce que l’aménagement du territoire se fasse au bénéfice de toutes et tous, avec en ligne de mire l’amélioration de notre qualité de vie et l’adaptation au changement climatique. Une nouvelle fois, vous échouez dans l’exercice. 

Je vous le dis sans détour, notre grande région, Auvergne-Rhône-Alpes, mérite mieux qu’un président qui attise les divisions, surjoue les clivages entre ville et campagne pour nourrir son récit personnel. Un président qui se sert d’elle comme d’un marchepied hypothétique vers l’Elysée. 

Pour toutes ces raisons, nous voterons contre l’ensemble de ce rapport.