Intervention de Maxime MEYER : Mise en oeuvre du SRADDET

Monsieur le Président,

Vous nous le répétez à l’envi, votre ambition pour la région serait d’offrir un cap clair. Ce rapport est donc très étonnant puisque nous assistons ici au bilan brouillon d’un SRADDET mou.

L’opportunité d’un schéma global offrait pourtant la possibilité d’exploiter l’existence de nombreuses corrélations entre aménagement du territoire, infrastructure de transport, environnement, biodiversité et déchet, grâce à de vraies lectures transversales débouchant sur des objectifs ambitieux.

Or, ce schéma dont l’importance est majeure pour l’avenir de notre région se limite trop souvent à être une juxtaposition d’objectifs et de règles, sans vision régionale. C’est une déclaration d’intention, le révélateur d’une schizophrénie entre les objectifs et la réalité de terrains. 

Ce constat est flagrant dans ce premier bilan.

(Un bilan aussi vide que le document d’origine)

Un bilan doit servir tout d’abord à l’évaluation d’une politique publique pour mesurer ses effets afin d’éclairer la décision sur les suites à donner. C’est d’une logique imparable. Eh bien pas ici ! car il n’y a pas d’évaluation et peu d’indicateurs définis alors même que pour certains les données sont disponibles. Ce bilan n’est ni fait, ni à faire.

(Un schéma sans vision et sans cap)

Ce premier bilan démontre que ce SRADDET est un document de communication, en rien prescriptif, avec le refus manifeste d’accompagner les projets des territoires pour qu’ils intègrent une dimension environnementale et durable cohérente. 

Il est même indiqué que la modification du SRADDET pourrait permettre de prendre en compte l’évolution de certaines politiques d’interventions ou de schémas sectoriels. On marche sur la tête. C’est le SRADDET qui doit s’imposer et fixer le cap des autres politiques.

Dans la même veine, ce SRADDET propose le minimum sur la coopération transfrontalière et aucune vision partagée avec les autres régions limitrophes.

En outre, rien n’est prévu pour accompagner la séquence ERC – Eviter, Réduire, Compenser – et on imagine mal atteindre l’objectif de Zero artificialisation nette des sols en 2030 avec ce manque d’ambition.

(Aucune garantie que les règles s’appliquent réellement)

Notre région est riche de territoires différents et pourtant le SRADDET ne fait cas d’aucune territorialisation des règles, ni d’aucun suivi, d’aucune évaluation de la prise en compte des objectifs et des règles par les territoires. Très peu d’ingénierie en interne : l’équivalent de 10 personnes à temps non complet pour le schéma régional le plus important de notre collectivité, et aucun accompagnement de l’ingénierie dans les territoires.

(Rien de concret sur les territoires)

Ce document se gargarise que la région participe à des réunions de concertation et de sensibilisation, mais dans les faits, quelles sont les actions conduites par la région ? Quasiment aucune ou en tout en cas très peu d’actions concrètes.

Dans la réalité, les terres agricoles et naturelles continuent d’être grignotées, et ce sont les collectifs et les associations qui sont sur le terrain pour défendre nos biens communs à la place de la région. Dans la réalité, la région finance toujours des routes, des autoroutes, des retenues collinaires et soutient l’implantation de zones d’activités et commerciales. Dans la réalité, les sols continuent d’être imperméabilisés et on continue de construire des incinérateurs. C’est ici la schizophrénie que j’évoquais plus haut.  

Ironie de l’histoire, la politique la plus concrète du volet environnemental du document réside dans le « plan régional de promotion de l’arbre en milieu rural et en milieu urbain » voté en juillet 2020 et proposé par le Groupe RCES lors du précédent mandat. 

(Un SRADDET qui ne répond pas au grand défi du 21ème siècle)

Il n’y a aucun moyen alloué pour concevoir un aménagement durable des territoires, compatible avec les évolutions climatiques, les tensions économiques, les évolutions démographiques, la consommation galopante des terres agricoles et naturelles, l’exposition des populations à la pollution, l’effondrement de la biodiversité, et j’en passe.

Le peu d’indicateurs fournis démontre d’ores et déjà que nous n’atteindrons pas les objectifs fixés. Sur les gaz à effet de serre par exemple, ils ont baissé de 2% sur les 5 dernières années en Auvergne-Rhône-Alpes, comment imaginer qu’on atteindra les 30% de baisse d’ici 2030 que fixe ce document à cette allure ? 

Rappelons quand même qu’au regard des dernières évolutions du climat, l’Union européenne a fixé l’objectif de 55% de baisse d’ici 2030 en avril dernier. Rappelons également le rapport alarmant du GIEC paru cet été qui met en exergue un réchauffement climatique inarrêtable.

Rappelons également que, depuis son adoption en 2019, nous vivons une des plus grandes crises sanitaires, humaines et économiques que l’humanité ait connue. Rappelons aussi que ce que nous vivons depuis plusieurs mois remet en question notre capacité de résilience et nos modes de vie.

Il faut donc revoir complètement cette copie. C’est nécessaire pour l’avenir des habitantes et habitants de notre région.

Ce n’est pas votre volonté puisque vous proposez une simple modification à la marge de ce document. Au regard de ce premier bilan, nous écologistes, nous pensons que ce document doit être révisé en profondeur. C’est pourquoi nous proposerons 2 amendements au vote.

2 réflexions sur “Intervention de Maxime MEYER : Mise en oeuvre du SRADDET”

  1. Merci pour votre intervention, sur un constat qui n’étonnera personne
    Ou peut on trouver les amendements que vous avez proposés ?
    L’exécutif de la Région pourrait-il être “attaqué” juridiquement sur son insuffisance concernant cette obligation de schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires ? Du genre affaire du siècle mais en local ?

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