Intervention de Maxime Meyer sur une région pionnière qui innove et agit pour tous les handicaps

12 millions ! 17 % des Françaises et des Français !

C’est en effet 12 millions de personnes qui déclarent avoir au moins une limitation sévère dans une fonction physique, sensorielle ou cognitive, dont 80% qui souffrent d’un handicap invisible. 

Et au moins une personne sur deux sera confrontée au cours de sa vie à une situation de handicap ponctuelle ou définitive. 

Les personnes en situation de handicap subissent différents types d’oppression : handiphobie (attitude de rejet et/ou de dégoût vis-à-vis du handicap), non-respect des droits des personnes handicapées (droits au logement, à l’emploi, à l’éducation, à la liberté de son mode de vie, à l’information, aux loisirs), inaccessibilité à certains espaces publics, sous-représentation dans les médias, ou encore en politique. Toutes les personnes concernées ou proches de personnes handicapées le savent. Il est indispensable que notre société change d’attitudes pour mettre fin à ces discriminations et pour permettre une réelle inclusion des personnes handicapées. C’est à la société de s’adapter, pas aux personnes en situation de handicap de redoubler perpétuellement d’efforts. 

Nous reconnaissons donc le caractère volontariste et globalement positif de la politique menée par le conseil régional. Je tiens aussi ici à saluer la vice-présidente Sandrine CHAIX, rare membre de l’exécutif ouverte à la discussion. Permettez-nous tout de même d’émettre quelques remarques, bien entendu constructives, à l’égard de cette délibération.

Un catalogue plutôt qu’un plan stratégique

Le plan « Une Région pionnière qui innove et agit pour tous les handicaps » s’apparente plus à un recensement des différentes actions du conseil régional en lien avec le handicap depuis 2017 plutôt qu’un véritable plan.

Véritable catalogue, ce document a le mérite de montrer l’ensemble des actions conduites par la délégation handicap du conseil régional, sans pour autant apporter une vision globale, ni budgétaire des actions conduites. Nous aurions préféré une démarche de type “Agenda 22”, initiée dans plusieurs autres régions. 

Pas de bilan global

La Région indique dans cette délibération avoir inclus un volet handicap dans l’ensemble de ses politiques, mobilisant les budgets des politiques concernées, afin de mettre en œuvre des actions spécifiques complémentaires. Mais le rapport ne fournit ni bilan, ni montant par politique régionale, seulement un montant global. Nous souhaiterions que ce détail nous soit communiqué. Que dire finalement de la non-intégration dans les schémas régionaux comme le SRADDET ou le SRDEII ?

Manque de concertation

La question du handicap devrait nous rassembler puisqu’elle est bien éloignée de nos clivages politiques habituels. Pourtant, cette politique a été construite avec bien trop peu de  concertation, comme en témoigne la saisine en urgence du CESER.

Faible budget

D’un point de vue budgétaire, les 5 millions dégagés par le conseil régional, sur un budget total de 4,6 milliards semblent bien dérisoires au regard de la politique volontariste affichée. Au-delà de ce budget dédié, le budget annoncé dans les politiques transversales est lui aussi très bas : 31 M € sur 6 ans. Que dire de ce montant face aux besoins immenses des citoyennes et des citoyens en situation de handicap, y compris dans les politiques dont nous avons pleinement la compétence ?

Manque d’ambition sur les compétences majeures du conseil régional

Ces faibles budgets sont un indicateur du manque de moyens des ambitions affichées, notamment sur certaines compétences majeures du conseil régional : 

1ère compétence, les transports : sur les 82 gares TER prioritaires, seules 47 sont accessibles aujourd’hui ;

2e compétence, les lycées : sur 288 lycées à rendre accessibles, seulement 71 le sont à 100% et 35 lycées ont bénéficié de travaux de rénovation intégrant la mise en accessibilité. 211 restent donc inaccessibles d’après le rapport. 

Et que dire enfin du deux poids deux mesures opéré entre les minibus sportifs offerts gratuitement et les camions aménagés à peine subventionnés ?

Manque de fonctionnement

Nous le répétons souvent, mais c’est d’autant plus vrai dans le champ des politiques en faveur du handicap. Un investissement ne trouve sa pleine utilité qu’avec des personnes ou des acteurs pour le faire vivre, ce qui nécessite des crédits de fonctionnement. Pourtant, le fonctionnement représente à peine un quart du budget alloué à cette politique. Pour ne citer qu’un exemple : les personnes en situation de handicap ont bien entendu besoin de gares accessibles, mais elles ont aussi besoin d’aides humaines dans les dites gares. 

Pas de partenariats 

Enfin, il ne semble pas imaginable de déployer un plan handicap sans créer de lien étroit avec les associations et les autres institutions comme l’agence régionale de santé, les départements, les collectivités territoriales ou encore les services de l’État. Ce document n’en fait aucune mention. 

L’engagement et les efforts de la vice-présidente Sandrine Chaix sont louables, mais ils ne suffisent pas à engager de véritables politiques transversales en faveur de l’inclusivité. Cette politique a besoin d’un soutien financier réel et l’implication de l’ensemble de l’exécutif. 

Le texte proposé par l’exécutif régional va cependant dans le bon sens, nous le voterons donc sans hésitation, tout en portant des amendements pour combler ses lacunes, comme par exemple l’absence totale de la problématiques des aidants, de la prise en compte du respect des lois sur l’accessibilité, ou encore l’association des personnes en situation de handicap à la conception des projets. 

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