Intervention de Fabienne Grébert sur le débat d’orientation budgétaires

Bien gérer l’argent, c’est possible ! Tel est le titre de votre rapport. Fini la région la mieux gérée de France ! Serait-ce la fin des fanfaronnades et un retour à des réalités plus modestes ? 

Malheureusement non, car vous poursuivez votre politique d’austérité budgétaire qui maintient les habitantes et habitants de notre région au régime sec !  

D’un côté, vos recettes de fonctionnement augmentent de 4,3%, de l’autre les dépenses n’augmentent que de 2%, alors que l’inflation est estimée dans le projet de Loi de finances à 4,9% ! Vous faites donc le choix délibéré de dégrader nos services publics. Qui va payer l’addition? Les usagers du train qui subissent déjà une dégradation du service ferroviaire et une hausse des abonnements ? Les lycéens et lycéennes qui passent leur hiver en manteau dans leur salle de classe et voient les tarifs de cantine augmenter ? Les agents de la Région, soumis à une pression croissante et dont les postes sont même menacés d’externalisation pour les agents de nos lycées ? 

Les recettes

La principale recette de fonctionnement de la Région, c’est la TVA : 60% en 2022, soit 2,2 Mds. Cet impôt, c’est le plus inégalitaire en France. Que vous soyez milliardaire ou femme de ménage, la taux de TVA sur le paquet de pâtes est toujours le même. Plus les prix s’envolent et plus les Français galèrent pour boucler leur fin de mois, plus les recettes de TVA augmentent et plus la Région s’enrichit. 

Nous devrions porter un discours commun sur la remise à plat de la fiscalité des régions, avec plus d’autonomie fiscale, et moins de recettes liées à la consommation et à l’inflation, ou encore au nombre de litres de carburants brûlés dans le cas de la fraction d’accise perçue sur les produits énergétiques. 

D’une part, parce que ces recettes sont incertaines : les prévisions de recettes du projet de Loi de finances étaient toujours plus élevées que la réalité, comme le souligne l’avis du CESER. 

D’autre part, parce que ces recettes n’incitent pas à agir pour réduire la surconsommation ou encore la place de la voiture thermique individuelle. Plus on consomme, plus on produit d’émissions de gaz à effet de serre, plus la TVA augmente, plus les recettes régionales augmentent, et plus on retarde les politiques d’adaptation au dérèglement climatique. 

Comment être invité dans ce contexte à la sobriété énergétique, à repenser nos besoins? 

Le courage politique invite à prendre le taureau par les cornes, en engageant une transition écologique radicale. Mais financièrement, cela pourrait revenir à nous tirer une balle dans le pied. C’est une situation ubuesque. 

Les dépenses

Cependant, à défaut de politique écologique ambitieuse, vous pourriez au moins œuvrer à réduire les inégalités sociales pour compenser cette TVA injuste. Mais aux antipodes de ça, vous avez compressé les budgets de fonctionnement depuis 2016. 

En 2024, allez-vous encore tailler dans le vif dans la formation professionnelle ? Externaliser tous les personnels des lycées?

Vous auriez pu investir dans l’avenir, dans l’humain. Non ! Le budget formation professionnelle plafonne !
Vous auriez pu investir dans la rénovation énergétique . Non ! Vous vous retirez de la SPL Oser ; vous supprimez les fonds FEDER pour aider les bailleurs sociaux à rénover les habitats destinés aux plus modestes.
Vous auriez pu garantir le maintien du pouvoir d’achat des habitants de cette région. Non ! vous vous retirez du dispositif France Rénov et des opportunités de réaliser des économies d’énergie dans les foyers. 

Fort avec les faibles… mais pour les forts, pas de régime sec ! Vous nous habituez depuis le début de votre mandat à pérenniser sans condition les profits et les activités des multinationales du BTP, avec des investissements pharaoniques dans les routes, pour l’aéronautique et ses sous-traitants, pour du pain et des jeux avec le soutien du géant de l’événementiel GL Events et la candidature aux JO 2030 !

Vous semblez plus inquiet de la dette financière que de la dette climatique que vous laissez aux générations futures. Vous devriez pourtant être prudents quant au relèvement des taux d’intérêt, à ce train-là, vous ne devriez pas garder très longtemps votre notation AA+. 

D’ailleurs, cette notation ne reflète guère votre manque d’ambition en matière d’adaptation au dérèglement climatique et votre capacité à transformer vos promesses en actes. 

Le niveau du stock d’autorisation de programme s’élève à 4 823 M€ en 2022. 

L’enseignement attend encore que vous débloquiez 1,174 Md de crédits de paiement. Il serait temps, vu l’état de vétusté de certains lycées constatée lors de notre Mission Lycées, dont nous rendrons les conclusions demain après-midi.

Il reste encore 1,135 Md de stock d’autorisations d’engagement à dépenser dans le domaine du transport.  Il serait temps, compte-tenu de votre désengagement chronique dans le domaine du transport ferroviaire, la procrastination pour l’achats de rames, la fermeture de gares, de petites lignes, le manque d’entretien et de réponses aux usagers du transport qui en ont marre de voyager debout, de subir des retards et de voir les horaires de train discrètement supprimés.

Votre seule obsession, c’est de réduire la dette. Mais pour qui, pourquoi ? Notre modèle de société va droit dans le mur. Les scientifiques nous le disent, nous le répètent, se livrent eux aussi désormais à des actes de désobéissance civile, faute d’être entendus.

Pendant ce temps, vous nous mettez aux ordres du marché, de la mondialisation, alors que votre boussole devrait être orientée vers le soin des Auvergnats et des Rhônalpins, à sécuriser leur avenir. 

Vous utilisez notre région comme marche-pied de votre supposé destin national avec des moyens financiers qui ne sont pas les vôtres :

–        des suppressions pures et simples de subventions aux maires des communes qui hésitent à vous adouber, au détriment des habitants de ces mêmes territoires,

–  après de premières perquisitions du Parquet national financier, vous êtes aujourd’hui sous le feu des médias pour de supposés emplois fictifs. Vous déstabiliser par ces multiples affaires notre institution régionale. 

–        Vous creusez non seulement la dette climatique, mais aussi la dette de confiance des Français à l’égard des politiques. Cela se voit dans les sondages !

Alors, pour sortir du bois, vous êtes prêts à n’importe quel coût d’éclat médiatique. Pourtant, personne n’est dupe sur le ZAN et cela se confirme dans ce débat d’orientation budgétaire.

Si vous étiez vraiment l’ami des territoires ruraux, vous auriez déjà signé le CPER Mobilités et proposé des alternatives à la voiture individuelle thermique, véritable gouffre financier pour les habitants des campagnes.

Si vous assumiez réellement votre rôle pour faire face au défi de l’artificialisation des sols, vous orienteriez les fonds européens à la revitalisation des territoires ruraux, à la création d’activités économiques dans les petites villes qui n’aspirent qu’à une chose, c’est de se développer aux côtés des métropoles, mais pas les unes contre les autres. 

Si vous assumiez réellement votre rôle de chef de file sur la biodiversité, vous auriez fait confiance aux structures porteuses actuelles pour gérer les zones Natura 2000 avec le souci d’efficience qui les anime et l’expertise de leurs salariés.

Si vous souhaitiez vraiment préserver nos ressources en eau, vous cesseriez d’investir les mégabassines et la neige artificielle.

Si vous étiez soucieux de notre jeunesse et de son avenir, vous n’accepteriez plus qu’ils apprennent dans des lycées, non plus en mauvais état, mais pour certains en état avancé de vétusté, voire d’insalubrité !

Si vous étiez vraiment soucieux de baisser la dette financière, vous veilleriez à ne pas dépenser 300 M€ sur la RN88 et à aggraver la dette climatique que vous êtes en train de laisser aux générations futures. 

C’est pourtant sur tous ces sujets qu’on attendrait une bonne gestion de l’argent public, pas sur des ratios qui ne disent rien, des investissements qui aggravent la dette écologique que nous laissons aux générations futures. 

Nous avons le choix entre deux mondes, le vôtre qui nous mène plus ou moins vite au chaos, qui cherche à diviser la société, à nous monter les uns contre les autres, à faire le lit de tous les obscurantismes que vous prétendez combattre. 

Ou un monde qui relocalise les décisions politiques, qui retisse des liens affectifs avec le territoire, avec ses habitants, avec le vivant. C’est bien là qu’il faut mettre des moyens d’action, humains et financiers au plus près des territoires, créer des coopérations pour enfin bifurquer, redonner forces et espoirs pour dessiner un avenir plus humain, plus joyeux, plus serein. Il est encore temps de prendre le virage. Ne prenez pas le risque de tomber dans le ravin ! 

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