Intervention de Benjamin Joyeux sur le soutien aux femmes iraniennes

​​Monsieur le Président, cher.e.s collègues,

Être une femme aujourd’hui en Iran, lorsque l’on risque la mort, la torture, le viol et les gaz toxiques, demande un courage extraordinaire. Et c’est bien ce courage qui inquiète et fait même paniquer le régime des Mollahs, et bien au-delà, tous les apprentis dictateurs de la planète.

C’est pourquoi nous nous réjouissons que notre région adopte aujourd’hui ce rapport. Mais cela fait des années que nous réclamons que les aspirations du peuple iranien ne soient pas sacrifiées sur l’autel des enjeux diplomatiques, économiques et commerciaux. 

Ce texte doit être l’occasion de garder un œil vigilant sur l’ensemble des luttes des femmes à travers la planète. Car à différents degrés, le combat actuel des Iraniennes rappelle celui que doivent livrer quotidiennement des millions de femmes partout dans le monde, revêtant ainsi une dimension universelle.

Ce cri de « femme, vie, liberté » est rappelons-le un slogan féministe kurde. Un slogan qui résonne également dans les rues de Kaboul, de Bagdad, de Damas ou d’Ankara, mais également de Kigali, Budapest, Varsovie et

ailleurs. Partout où les droits des femmes sont plus ou moins menacés par le pouvoir politique.

Il ne faut donc pas se contenter d’un rapport puis abandonner demain les Iraniennes, comme la communauté internationale a pu abandonner le peuple syrien, mais bien garder en tête cette dimension universelle de leur combat. Ne pas oublier également que le monde musulman n’a pas le monopole du patriarcat le plus brutal. En République démocratique du Congo par exemple, pays très majoritairement chrétien, les femmes continuent de vivre l’enfer chaque jour loin du regard de la communauté internationale.

Le combat des femmes iraniennes constitue une piqûre de rappel salutaire, y compris pour les pays occidentaux où, si l’égalité progresse, les féminicides sont bien loin d’être éliminés (23 en France depuis le début de

l’année). Et au-delà de ces cas les plus graves, la remise en question de droits fondamentaux comme l’IVG partout en Europe doit également nous interpeller. Comme la volonté d’utiliser le ventre des femmes pour équilibrer notre système de retraite. En règle générale, à chaque fois que le corps des femmes est l’objet d’une surveillance politique, c’est bien le patriarcat sous toutes ses formes qui cherche à maintenir son contrôle.

Il ne faut pas non plus que ce rapport se contente d’un hommage risquant de n’être qu’un vœu pieux en n’abordant pas la question essentielle de l’accueil des réfugié.e.s iranien.ne.s dans notre pays. Car on ne peut

prétendre faire preuve de solidarité si nous refusons encore d’ouvrir réellement notre porte à celles et ceux qui fuient la répression. Tel est le sens de l’unique amendement que nous proposons à ce texte.

N’oublions pas ce que disait Benoîte Groult : « Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours ».

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