Proposer une délibération culture floue, sans orientation budgétaire, après avoir supprimé 4 millions d’euros de budget au secteur culturel, il fallait oser ; vous l’avez fait, sans broncher !
Un tel mépris pour les acteurs de la culture est juste sidérant !
Je rappelle le contexte : Après être revenu sur une baisse du budget culture de 7 % l’année dernière suite à nos alertes, vous avez finalement assumé une baisse de 4M d’euros sans aucune concertation avec les acteurs, avec comme prétexte un rééquilibrage territorial… Les métropole auraient trop, les territoires ruraux pas assez : vous n’avez rien rééquilibré en vérité, mais fait des économies tout azimut et partout: écoles d’art, festival, spectacle vivant, lieux culturels… des métropoles aux territoires ruraux que vous deviez protéger
Les acteurs de la culture ont manifesté leur inquiétude sur le parvis de la Région lors d’une dernière assemblée… au lieu de prendre le temps de les écouter, vous avez préféré transformer la région en bunker, avec entrée par l’arrière, gardée par un service de sécurité renforcé!
Après cet épisode peu glorieux, que voit-on arriver ? une délibération vague, avec quelques choix politiques peu clairs où l’on évoque un rééquilibrage territorial, et des déclarations d’intentions assises sur des concepts du XXes… pour finir sur du flou et un magistral renvoi en commission permanente de la mise en œuvre et de la budgétisation de cette politique…
Si vous ne souhaitiez rien mettre dans cette délibération, le plus simple était peut-être simplement de ne pas l’écrire ! On y trouve aucun nouveau dispositif abouti mais de vagues idées jetées sur le papier du recyclage bien souvent… c’est bien insuffisant pour rassurer les acteurs de la culture dans notre région.
Votre vice présidente nous renvoie au débat budgétaire pour en savoir plus! Est-ce une plaisanterie? Ce budget que vous nous présentez chaque année avec le moins d’informations possible serait suffisant pour afficher vos ambitions en matière de culture… Était-il si difficile que cela d’indiquer dans cette délibération cadre sur quels secteurs, vous comptez engager quels fonds, de détailler un minimum les nouveaux appels à projets envisagés ? Ceux que vous allez refondre comme vous le dites, ceux que vous allez supprimer! Ou cela aurait-il risqué de mettre en valeur une politique culturelle sans ambitions, au budget en baisse…
Votre plan intitulé « Une priorité réaffirmée » ne fait en réalité ni bilan sérieux du mandat précédent, ni propositions crédibles pour revitaliser les secteurs culturels. Pire encore, l’ambition républicaine de mobiliser les arts et la culture pour faire face aux défis démocratiques et écologiques fait complètement défaut.
En matière de dialogue avec les secteurs culturels, il ne suffit pas de mentionner des articles de la loi NOTRe : il aurait fallu respecter les engagements pris dans les conventions pluripartites pour les scènes, les centres et les écoles d’art ! Et si on mentionne la loi, rappelons que la Région pourrait activer une Conférence Territoriale de l’Action Publique sur la Culture – CTAP pour mettre autour de la table des collectivités publiques dans un esprit de coopération qui vous fait complètement défaut.
Si l’on rentre un peu précisément dans le texte, Votre plan traduit une vision dépassée des politiques culturelles, vous êtes resté coincé au XXe siècle : Cette délibération ne fait mention ni des droits culturels, ni de la convention sur la diversité culturelle portés par l’unesco, c’est un problème ! Depuis 20 ans, chercheurs et professionnels travaillent sur les limites de la démocratisation culturelle, … et plutôt que d’embrasser le sujet, vous reprenez la formule largement éculée : “du faire venir à aller vers.” C’est déjà ça, pourrait on dire, … mais la démocratie exige aujourd’hui de soutenir des actions culturelles qui “font avec” les habitants de nos territoires, en toute dignité des personnes. Nous vous proposons des amendements en ce sens, mais ne nous faisons pas d’illusions !
Certes, les projets culturels de territoire et les conventions territoriales d’éducation artistique et culturelles, constituent bien une approche intéressante dans le rapport. Ces dispositifs encouragent la prise en compte de la diversité culturelle et la coopération avec des acteurs éducatifs, sociaux et culturels. Mais il faudrait pour cela y mettre des moyens. Or, sur le dispositif depuis 6 ans, les moyens sont chiches : comment exiger d’une équipe en résidence sur un territoire rural de créer, d’animer et de coopérer avec les acteurs à partir d’enveloppes régionales de 5 000€ à 7 000€ par an ?
Comme axe principal pour faire venir les talents, vous avancez vos grands chantiers vos grands sites, mais c’est insuffisant, inadapté, un effet de communication. Ce bien sont les scènes, les équipes labellisées et les écoles d’enseignement artistique supérieur déjà à l’œuvre sur nos territoires qui doivent être soutenues pour renouveler l’offre artistique et l’éducation artistique et culturelle.
Et puis il y a dans ce rapport un fort espoir mis dans les festivals comme solution au développement territorial des politiques culturelles. Mais le festival, n’est pas une solution miracle, il ne peut se substituer à un service public permanent de la culture ! Les festivals ne répondent pas aux mêmes enjeux notamment en matière de médiation auprès du public, ou de contenus et restent pourvoyeurs d’ emplois précaires. Placer les festivals au cœur d’une politique culturelle régionale traduit là encore une forme de renoncement vis-à-vis d’une politique culturelle qui ambitionne des transformations sociales.
Enfin la transition écologique du secteur culturel ne se décrète pas : elle nécessite une stratégie, une ingénierie de projets et des moyens à peine évoqués dans ce rapport bien décevant.