Intervention de Maxime MEYER sur le Contrat de plan Etat-Région

Ce Contrat de plan Etat-Région aurait pu être un formidable outil pour engager la transition écologique et renforcer les services publics dont nos territoires ont tant besoin. Mais non. 

C’est un CPER du 20e siècle, que vous nous présentez aujourd’hui, Monsieur le Président. 

Le premier recycleur de France

Vous parlez d’un effort massif et sans précédent. C’est en réalité une augmentation de + 0,072% de la part Région. Mais tout est bon pour mettre en œuvre votre communication.

Ce CPER est en réalité un gloubi-boulga de différents dispositifs, additionné entre eux, sans présentation de leur ventilation : accords territoriaux, plan de relance ou encore fonds européens.

Le point le plus important est l’augmentation artificielle de l’enveloppe des territoires de 42%, mais c’est sans compter le recyclage des projets du précédent CPER. Je pense par exemple au Projet Viva Cité à Aurillac ou encore à la réhabilitation du haras à Annecy. 

On voit d’ores et déjà qu’en réalité, ce CPER est sans doute en diminution par rapport à 2015-2021.

A défaut d’être la Région la mieux gérée de France, nous avons, ici, le premier recycleur de France. Nous ne vous connaissions pas cette qualité, Monsieur le Président.

Les subventions fantômes 

Et encore, ça c’est quand les projets sont recyclés… 

Il y a nombre de territoires qui n’ont aucune nouvelle, comme Annecy qui attend l’argent promis pour la piscine des Marquisats.

Dans vos déplacements, vous vous présentez souvent comme un chevalier blanc, dégainant des millions d’euros d’argent public pour sauver nos territoires. La réalité, c’est que nombre de projets que vous aviez promis ont été laissés de côté. On ne vous connaissait pas adepte du resto basket, M. le président. Sur le resto tout court par contre, nous avons maintenant quelques idées de vos standards. 

Dans la programmation du précédent CPER, c’est seulement 43 % des paiements région qui ont été réglés. 43 % ! Vous pouvez vous glorifier de toutes les notations financières que vous voulez. La réalité, c’est que les territoires sont devenus vos banquiers !

Le traitement des métropoles

Pire encore, vous snobez une partie de notre population en présentant aujourd’hui un CPER sans les contrats avec les métropoles. Elles ne demandent pas qu’un délai, elles demandent surtout à être respectées. 

Envoyer un courrier le 18 juillet 2022, avec des projets imposés ne prenant pas en compte leurs demandes, et exiger une réponse avant le 2 septembre 2022, c’est tout simplement une insulte aux 2,6 millions d’habitantes et d’habitants de nos métropoles.

Vous passez votre temps à nous dire qu’il ne sert à rien de mettre des critères dans nos dispositifs régionaux puisque, je cite, « les maires savent de quoi ils ont besoin ». Encore une fois, deux poids, deux mesures en fonction d’une vision électorale.

Une mascarade de concertation

Dans ces documents, vous arguez d’une concertation très importante. L’exemple des métropoles en dit déjà long mais que dire 

• Des quelques réunions publiques organisées, sans inviter les élu.e.s de l’opposition, 

• Des saisines du CESER qui se font toujours en catastrophe, comme les syndicats représentés le dénoncent vivement !

• D’une consultation publique menée en catimini pendant les vacances de Noël.

Je vous le dis, c’est insuffisant !

Le document indique que 1 400 projets ont été reçus par la région. J’en compte 210 dans le CPER. Où sont passés les 1190 autres ? Sur quels critères ont-ils été écartés ? Nous n’en saurons rien.

La loi prévoit des bilans d’exécution du CPER tous les ans. Que s’est-il passé depuis 2018, date du dernier bilan ? 

Iniquité des territoires

Parlons maintenant des territoires, car c’est aussi symptomatique de votre manière de faire de la politique.

Reportons les chiffres au nombre d’habitants. La Haute-Loire, Le Cantal et l’Allier arrivent largement en tête avec respectivement : 394, 380 et 333 € par habitant. A contrario, le Rhône et la Loire ont droit à trois fois moins. On vous reconnaît bien là !

Vous annoncez également des rénovations et des constructions de Lycées : 0 € pour le Rhône, le Puy de Dôme, la Haute-Loire et le Cantal. Cela me rappelle une discussion avec une bande de jeunes à Arlempdes cet été. Ils fustigeaient la région car ils mettaient 50 minutes pour aller au lycée le matin. Je vous invite à aller écouter un peu plus les vrais problèmes de la population.

La folie des grandeurs

Côté projet, c’est la folie des grandeurs, comme par exemple :

• dans l’Ain, la maison du Petit Prince à près de 18M€

• ou encore le Vélodrome en Haute-Savoie dont le coût est de 72 M€.  

Vous aimez les projets qui brillent, ceux où vous pouvez communiquer fortement, installer vos panneaux bleus et où vous pourrez organiser vos dîners des sommets. 

Un CPER du 20e siècle 

Enfin, la transition énergétique et écologique ne représente que 7% du budget total alloué par la Région. 7% pour répondre aux défis du 21e siècle, en pleine crise énergétique et après un été caniculaire !

C’est de l’inconscience et vous en serez redevables devant les générations futures.

C’est encore plus atterrant quand on regarde le détail :

• 20 M€ sur l’énergie ! Vous pouvez faire de longue tirade sur Facebook pour faire croire aux gens que vous connaissez quelques choses au sujet, mais dans la réalité, vous prévoyez d’accompagner 15 000 projets de rénovation avec cette somme, soit 1 300 € par projet, pour 0,3% des logements de la région. C’est ridicule !  

• Plus de soutien au PCAET, à la qualité de l’Air et à ses 48 000 morts prématurés par an. C’est inadmissible.

• Sans parler des subventions pour l’irrigation. Vous n’avez donc rien appris pendant les sécheresses de cet été, pourtant il me semble bien vous avoir vu mimer une larme devant un glacier.

Côté montagne et fleuves, alors que ce sont les territoires les plus vulnérables aux dérèglements climatiques, vous leur octroyez une enveloppe de 124 millions. 4% du CPER ! La prochaine fois que vous parlerez de nos montagnes, les gens vous rappelleront que vous leur avez laissé des miettes dans ce document.

Le volet mobilité n’est pas encore inclus dans ce CPER, mais celui-ci indique déjà un montant de 107M€ en faveur des routes, contre 59M€ pour le ferroviaire. C’est symbolique de votre intérêt pour les transports en commun.

Dernier point et pas des moindres, l’autorité environnementale n’a pas émis d’avis sur un projet aussi important pour l’avenir de nos territoires. A défaut, nous avons le droit à une analyse d’un bureau d’étude privé, qui est plus que complaisant. Seul point que ce dernier ose mettre en avant comme néfaste : les financements des canons à neige. Préconisation sur laquelle bien sûr vous vous asseyez bien volontiers.

Votre mandat ne s’achève pas en mai 2027, Monsieur le Président, vous avez la responsabilité de préparer notre région à l’avenir… et ce CPER échoue lamentablement.

Aussi, je ne vous apprendrai rien, M. le président, nous voterons contre ce rapport. 

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