Décharge de Chauvilly (Ain) : de l’arsenic, mais pas de panique ?

Communiqué de presse du 24 mars 2022

Scandale sanitaire dans l’Ain : De l’arsenic, mais pas de panique ?

Près de la décharge de Chauvilly, entre Cessy et Gex (Ain), des quantités préoccupantes de polluants se déversent librement dans la nature depuis des années. Alertés par les associations de riverains, Les Écologistes interpellent les autorités et demandent que des mesures concrètes soient enfin prises, pour protéger les habitantes et habitants. 

A priori, il s’agit d’une simple décharge, sur un site naturel et paisible, entouré de cours d’eau et de jolis villages. A l’est de l’Ain, bordé par les montagnes, entre Gex et Cessy, le site de Chauvilly est exploité depuis les années 80 pour la gestion des déchets. Et dans une zone géographique qui attire de plus en plus les habitants, la gestion des déchets est une question incontournable. Mais c’est une toute autre image qui apparaît sur les résultats du laboratoire d’analyse… 

Le déni de l’Etat sur les lixiviats

En théorie, les sites d’enfouissement des ordures ménagères sont soumis à des règles très strictes pour protéger la santé des riverains et leur environnement pendant et après leurs exploitations. Notamment concernant le traitement des lixiviats, les “jus de poubelles” qui s’en écoulent. La législation impose, avec obligation de résultats, de collecter et de traiter ces lixiviats pour prévenir ou réduire les risques sanitaires.

L’Association ATENA, soutenue par les écologistes, alerte depuis plusieurs mois sur la présence alarmante de polluants aux abords de l’ancienne décharge, et ce dans une zone référencée à “protection forte pour les ressources en eau potable”. Confrontée à des réactions dédaigneuses, l’association a sorti le porte-monnaie et financé elle-même prélèvements et analyses. La facture est plus lourde que prévue… Et les résultats sont effarants : arsenic, métaux lourds, azote global, autant de polluants, dont l’origine artificielle ne peut être remise en cause, sont présents en quantité alarmante (Cf. article de l’association) ! 

Comme l’indique Maxime Meyer, conseiller régional écologiste de l’Ain, “Nous sommes peut-être devant un scandale sanitaire majeur. L’Etat et la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) doivent diligenter au plus vite des études et le cas échéant exiger la dépollution et la remise en état du site par ses exploitants”. 

Pourtant, dans son rapport du 24 juin 2021, la DREAL indique que le site ne peut pas être considéré comme pollué. Et ce, malgré les résultats des analyses de l’association qui prouvent le contraire. Et que le traitement des lixiviats n’est pas réalisé en conformité avec l’arrêté de remise en état. Arrêté produit en 1999 pour mettre définitivement fin à l’exploitation de la décharge…

Une succession de catastrophes environnementales

Car ça n’est pas tout. Depuis cette date, et malgré l’absence totale d’autorisation administrative de stockage définitif, des quantités importantes de déchets inertes ont été entreposées sur ce site. Jusqu’à la seconde catastrophe. En 2018, la surcharge des matériaux a entraîné l’écroulement d’une digue et le déversement de boues modifiant le cours du Maraîchet et polluant l’Oudar, affluent de la Versoix qui se jette dans le lac Léman.

La responsabilité des exploitants a été pointée du doigt par un jugement, rendu en février de 2021, où l’association France Nature Environnement Ain s’était portée partie civile. Surprise générale donc, lorsque ces mêmes exploitants ont déposé une nouvelle demande d’autorisation pour stocker des déchets inertes. Autorisation qui a été accordée.

La décharge de Chauvilly est sujet à controverse depuis de nombreuses années. Au regard de l’état du site et de l’accident de 2018, il est invraisemblable que rien n’est été fait pour remettre en état le site et stopper l’exploitation” nous explique Louis D’Eramo, co-secrétaire départemental d’EELV Ain, “Toutes ces tonnes de gravas entreposées ici donnent l’impression de cacher les problèmes sous le tapis” s’alarme ce militant du Pays de Gex. 

Une mobilisation locale croissante

Le récent enregistrement du site en Installation de stockage de déchets inertes (ISDI) n’est-elle rien de moins qu’une recherche de régularisation d’une situation qui existe depuis plus de 20 ans ? Les écologistes avaient fait un grand nombre d’observations au printemps 2021, au moment de la consultation publique associée. Dans une lettre, nous demandions à Madame la Préfète de l’Ain de refuser cette demande d’enregistrement. Nous préconisons également qu’elle diligente la DREAL afin de confirmer ou non les suspicions de pollution. Il semblerait que c’est maintenant chose faite sans le concours de l’Etat ! 

Ces pollutions peuvent avoir un impact grave sur la flore, la faune et sur la santé des personnes qui vivent ou séjournent à proximité, qu’il s’agisse des riverains ou de l’aire d’accueil des gens du voyage implantée scandaleusement en bordure de la décharge et considérée comme l’une des pires de France par une étude récente

Pour défendre l’environnement et la santé, une association s’est créée contre la demande d’enregistrement ISDI de la décharge. Cessy – Les riverains de Chauvilly (site de l’association) a pour but d’alerter les habitants, les élus et les pouvoirs publics sur ce projet de stockage de déchets. Avec ténacité, ses membres dénoncent les insuffisances et les atteintes à l’environnement qui paraissent graves et irréversibles. 

Suite à la validation par la préfecture de la demande d’enregistrement, cette association  a déposé le 23 décembre 2021, un recours auprès du Tribunal administratif contre le projet d’ISDI de Chauvilly. En effet, la présence de 66 espèces protégées, la sensibilité de la zone concernant la gestion de l’eau et les nuisances considérables de l’exploitation sur les riverains auraient dû naturellement conduire la Préfète de l’Ain à demander une étude d’impact complète et à basculer le dossier en procédure d’autorisation comme demandé par les riverains et les écologistes. 

Toute la lumière doit être faite sur cette affaire. Il est invraisemblable que ce soient des citoyens qui défendent l’intérêt général sur leurs deniers personnels!” conclut Maxime Meyer.

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