Intervention de Maxime Meyer sur “travailler plus pour gagner plus”

Nom de Zeus !
Marty, nous revoilà en 2007 !

Oui, on croirait entendre la DeLorean rugir à nouveau… Après le rock’n’roll des années 50 et le Far West américain, voici le quatrième volet de Retour vers le futur.

Une délibération sortie tout droit d’un vieux manuel des années Sarkozy, repeinte aux couleurs de la com’ régionale : sous couvert « d’expérimentation », on propose aux agents de monétiser leurs jours de repos.

Traduction : travailler plus, se reposer moins, pour une poignée d’euros… Si ce n’est pas un retour à la logique du toujours plus au détriment du bien-être au travail, alors je ne sais pas ce que c’est.

On sent derrière cette délibération un vieux fond idéologique, celui qui n’a jamais digéré les 35 heures. Pourtant, les faits sont têtus. Le rapport Romagnan, remis à l’Assemblée nationale en 2014, l’a largement documenté : non seulement le passage aux 35 heures n’a pas nui à la compétitivité de notre économie, mais la productivité horaire dans les entreprises a même augmenté après leur mise en œuvre. C’est une réforme qui a permis de mieux équilibrer vie professionnelle et vie personnelle, tout en maintenant, voire en améliorant, l’efficacité au travail. Alors non, travailler moins ne veut pas dire travailler moins bien. Ce sont des fantasmes de droite que les faits contredisent depuis 20 ans.

Mais surtout, cette délibération est une opération de communication, un nouvel écran de fumée dont cet exécutif a le secret.

Car soyons concrets : avec 100 000 € sur la table, cela va concerner, au mieux, une cinquantaine d’agents, sur les milliers que compte notre collectivité. Cinquante agents ! C’est une vitrine, un argument de tribune, un post LinkedIn peut-être. Mais certainement pas une réponse sérieuse aux attentes des agents.

Pendant ce temps :
• Aucune proposition de revalorisation du point d’indice avec vos amis au gouvernement, indice gelé la première fois en 2008 par Nicolas Sarkozy, rappelons le ;
• Aucune revalorisation réelle des salaires ;
• Aucune reconnaissance tangible du travail quotidien et essentiel des agents ;
• Et des risques psychosociaux toujours là, toujours minimisés, malgré des alertes régulières.

Les syndicats n’ont pas tardé à faire entendre leur colère, en boycottant le CST mercredi dernier. Le signal est clair : ils ne veulent pas être complices de cette mascarade. Ils dénoncent, à juste titre, une provocation à l’égard de toutes celles et tous ceux qui font vivre notre collectivité au quotidien.

D’ailleurs, même sur le plan technique, cette délibération est bancale :
• Pour les catégories B et C, la monétisation du Compte Épargne-Temps rapportera moins que des heures supplémentaires classiques ;
• Et pour les catégories A ? Cela serait un détournement du Comptes Épargne Temps pour monétiser des heures supplémentaires, ce qui semble incompatible avec leur statut.

Alors à qui s’adresse cette mesure ? À quelques rares profils… En tout cas, elle est faite pour que vous puissiez dire ensuite : « Voyez, on agit ! ». C’est en réalité un coup de com’, rien de plus.

Mais au-delà des chiffres, c’est bien l’image que vous donnez de notre administration qui pose problème. Vous considérez les agents comme une variable d’ajustement, comme une main-d’œuvre qu’on peut pousser toujours un peu plus loin, tant qu’ils tiennent. C’est une insulte à leur engagement.

J’ai travaillé à leurs côtés pendant des années. Je connais leur dévouement, leur sens du service public, leur attachement à cette grande maison. Les agents ne demandent pas qu’on les presse comme des citrons : ils demandent qu’on les respecte, qu’on les écoute, qu’on leur donne les moyens de bien faire leur travail. Quand les agents ont le sentiment qu’on ne les écoute pas, qu’on valorise le surtravail au lieu du travail bien fait, ce n’est pas seulement une erreur managériale : c’est un échec politique.

Ce que nous attendions, c’était un plan d’ampleur pour l’attractivité des métiers publics, pour la qualité de vie au travail, pour la reconnaissance concrète de celles et ceux qui font tourner la Région.

Au lieu de cela, vous nous proposez une expérimentation gadget, injuste, inefficace et provocante.

Monsieur le Président, collègues de la majorité, vous n’êtes pas condamnés à suivre cette logique. Vous avez encore la possibilité de faire preuve de respect pour nos agents en votant contre cette délibération.

Du côté des écologistes, aucune hésitation, nous voterons contre cette délibération, et nous continuerons de défendre un vrai projet de reconnaissance des agents publics.

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