Intervention de Benjamin Joyeux sur le plan d’action régional pour les chrétiens d’orient et les minorités religieuses

Monsieur le président, cher.es collègues,

Ce que les évènements récents au Moyen-Orient montrent, c’est que les dictateurs et les régimes fondés sur la violence finissent toujours par tomber. Ainsi du défunt régime de Bachar El Assad, tombé en onze jours après avoir massacré pendant plus d’une décennie tout un peuple, avec l’aide de la Russie de Poutine et l’Iran des Mollahs. Alors même si les nouveaux maîtres de Damas peuvent susciter des craintes légitimes pour l’avenir, surtout avec la Turquie d’Erdogan en embuscade, on ne peut que se réjouir pour le peuple syrien d’être enfin débarrassé du Boucher de Damas.

Or quel message la France envoie actuellement au peuple syrien ? Celui de restreindre l’asile pour les réfugiés, après avoir laissé près de 600 000 syriens mourir pendant plus de dix ans dans une indifférence coupable. Nous n’avons jamais été à la hauteur de l’espoir suscité par les Printemps arabes et pire, nous n’avons fait depuis que souffler sur les braises des divisions dans la région, fermant nos frontières d’un côté, vendant de l’autre sans vergogne des armes à des dictateurs sans se préoccuper des peuples soumis à leur joug. Et en 2024, cocorico, la France est deuxième exportateur mondial d’armement, devant la Russie.

Quant à la Bande de Gaza, de prison à ciel ouvert, elle est devenue depuis le 7 octobre 2023 un immense champ de ruines, où règnent la famine et la désolation et où des milliers de civils meurent à petit feu, loin de notre regard coupable. Nous continuons de ne pas regarder la réalité en face et de laisser le gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou mettre la région à feu et à sang sans aucun égard pour le droit international. 

C’est dans ce contexte géopolitique explosif que s’inscrit ce plan régional pour les Chrétiens d’Orient. Un plan bien trop insuffisant, tant financièrement que politiquement, envoyant un message non universel mais civilisationnel, au sens du « choc des civilisations » de Samuel Huntington. Ce alors que depuis plus d’un an, malgré nos demandes réitérées, notre région s’est montrée incapable de prononcer la moindre expression en faveur de la paix dans la région et de compassion pour la population gazaouie. Il y a deux peuples dans la région qui sont aujourd’hui en grave danger de disparition, les Kurdes et les Palestiniens.

Alors au-delà des Chrétiens d’Orient, bien évidemment en danger et qu’il faut soutenir, c’est d’un plan régional bien plus ambitieux sur la forme et universel sur le fond dont nous avons besoin, dont la seule boussole serait le respect des règles du droit international et humanitaire pour l’ensemble des peuples de la région victimes des violences de la guerre, sans aucune distinction.

Notre région ne se montrant absolument pas à la hauteur des enjeux et tournant le dos à l’universalisme, nous ne pouvons que nous abstenir sur ce plan.

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