Intervention de Maud Grard sur le plan régional de lutte contre les violence faites aux femmes

Chers collègues,

Au 2 octobre 2023, on dénombrait 97 féminicides depuis le début de l’année en France qui s’ajoutent aux plus de 200 000 victimes de violences conjugales chaque année. 

Lorsque l’organisation de notre société repose sur la domination masculine et crée ainsi des inégalités, cela engendre un coût humain et financier. Plus exactement, le patriarcat, puisque c’est de cela dont il s’agit, entraîne une destruction de richesse considérable pour la société.

3,6 milliards d’euros : c’est le coût annuel estimé des violences conjugales en France. 

Les préjudices des violences envers les femmes sont profonds et durables. 

Les atteintes directes à la santé physique et psychique des victimes sont les signes les plus évidents, mais les violences ont aussi des conséquences sur l’aptitude au travail, la capacité des femmes à déployer leurs compétences dans la société. Elles entraînent des séquelles à long terme, tant psychologiques que physiques sur les victimes et leurs enfants, sur tout l’entourage de ces femmes. 

En tant qu’élus de la République, nous avons le devoir de nous saisir de cet enjeu et nous nous réjouissons donc fortement de la présentation de ce rapport par l’exécutif régional. Quand une action va dans le bon sens, nous savons le souligner. 

J’aimerais tout de même attirer votre attention sur trois points dans la lutte contre les violences faites aux femmes :

> Les milieux ruraux 

47% des féminicides ont lieu en territoire rural, alors que ces territoires représentent 30% de la population. Prévalence des violences en milieu rural, mais aussi fragilité accrue des femmes victimes de violence en milieu rural : manque d’accès aux services publics, difficulté d’obtenir l’anonymat, freins à la mobilité, isolement géographique, précarité et dépendance économique. Ce sont autant de murs à franchir pour sortir d’un couple qui se transforme en enfer.

> Sortir des idées fausses, des clichés xénophobes. Dans presque la moitié des cas d’aggression sexuelle, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits. Et, dans 91% des cas, les agressions envers les femmes sont perpétrées par une personne connue de la femme victime. Loin de moi l’idée de nier les agressions commises par des inconnus. Mais regardons les chiffres en face : dans 91% des cas, l’agresseur est un proche. 

Prendre cela en considération, c’est intégrer le fait qu’il s’agit d’un problème sociétal, et non d’agresseurs isolés. Cela permet d’élaborer des politiques transversales : comprendre l’importance d’entourer ces femmes de professionnels compétents, d’associations, de réseaux d’acteurs formés. Lever les tabous, les préjugés et sortir de l’isolement.

> Les jeunes

Les premières violences se cristallisent dans les relations des adolescents. C’est là que tout débute. Il nous faut donc une campagne de sensibilisation, car il ne s’agit pas uniquement d’identifier des agresseurs, mais d’opérer un changement systémique, une politique transformatrice de la société. Et nous en avons les moyens, puisque la Région se doit de coordonner les politiques en faveur de la jeunesse à l’échelle de son territoire. 

> La mise en place d’une politique de lutte contre les violences faites aux femmes est une très bonne nouvelle. Notre région compte de nombreuses actrices et nombreux acteurs, compétents qui seront capables de porter des actions pertinentes, de terrain ; nous avons la capacité de mettre en œuvre des actions innovantes.

> Les Ecologistes voteront donc en faveur de ce rapport, mais nous allons proposer un certain nombre d’amendements pour bonifier cette politique : 

Dans le sens : 

  • d’une équité de moyens sur les territoires, 
  • d’une coordination avec les acteurs à tous les échelons, 
  • d’un véritable déploiement des politiques de sensibilisation vers les jeunes,
  • de moyens en fonctionnement. 

Alors, et seulement dans ce cas, nous pourrons être encore plus fiers de notre région, une Région qui aura mis en place une politique transversale, coordonnée, pertinente dans la lutte contre les violences faites aux femmes.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut