Voici notre traditionnel retour de la commission permanente (CP) du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, qui a eu lieu ce vendredi 14 février 2025. Pour rappel, la CP est un organe représentatif de l’assemblée plénière, composée de 68 personnes (dont 9 écologistes), où les décisions sont prises à huis clos, sans débat et où il n’y a pas de réel compte rendu public.
Pour cette première commission permanente de l’année 2025, nous avions 80 rapports à voter (1585 pages et un total de 230 514 723,74 d’euros), ce qui n’a pas empêché l’exécutif régional d’expédier cette CP en 19 minutes en visioconférence.
Bien que la droite insiste souvent sur la nécessité de travailler davantage, le nouvel exécutif a pris la décision de regrouper toutes les commissions en une seule journée au lieu de deux. Ce choix a conduit à une journée particulièrement dense, d’autant plus que certaines commissions ont été fusionnées, notamment des commissions majeures.
Le temps de délibération était donc limité et les élu·es ont dû courir entre les différentes commissions, au point que la commission Éducation a empiété sur celle des Transports. Ces conditions nuisent à la qualité des débats et s’ajoutent aux dysfonctionnements déjà existants : un nombre limité de rapports et certains envoyés la veille à 20h30 pour des commissions prévues dès 9h le lendemain.
Face à cette situation, nos élu·es ont dénoncé une nouvelle atteinte à la démocratie et ont réaffirmé leur volonté de disposer de plus de temps pour préparer, délibérer et analyser les dossiers ; revendiquant ironiquement la possibilité de « travailler plus » afin d’exercer pleinement leur rôle démocratique.
🎭 Culture à la tronçonneuse – épisode 3
Quand la majorité ne ment pas, c’est pour cacher la vérité. Ainsi, l’attrayant budget sanctuarisé de la culture ne traduit rien d’autre qu’un budget constant. Mais alors, qui dit nouvelles dépenses, dit nouvelles coupes. La Région se targue donc d’investir dans des grands projets, tels que l’aventure Michelin 2 qui récolte 1 million d’euros supplémentaire sans condition sociale ou environnementale. Une belle somme pour une entreprise en phase de licenciement. En contrepartie, le reste du secteur culturel, et notamment le spectacle vivant, accuse le coup : une baisse de 400.000 euros rien qu’à cette commission, et de 5,2 millions d’euros en fonctionnement sur l’ensemble du budget 2025 voté en Assemblée Plénière. La Région AuRA continue de mener une politique culturelle incohérente et brutale.
🌾 Aux origines du mâle
Dans le monde très masculin de la commission agriculture, la misogynie ne prend jamais congé. Les stéréotypes genrés planent dans la pièce et n’épargnent pas les services, qui peuvent se trouver dans l’embarras des propos de la sphère Wauquiez. Emmanuel Ferrand, commissaire de la commission n’a vu aucun problème à souligner que le représentant des services avait “deux oreilles, comme les femmes” et qu’il peut donc “faire deux choses à la fois, non, trois !”.
🌱 “Il faut voir le taux de déchets…”
C’est la manière dont le président de la commission agriculture parle des petites installations en agriculture qui ne s’en sortent pas… sans base chiffrée, et surtout sans prise de conscience du nécessaire accompagnement de toutes les installations. Au regard des enjeux de renouvellement des générations en agriculture, c’est bien la diversité des installations qui permettra de répondre au défi auquel fait face l’agriculture.
🐝 “Il n’y a aucun lien de cause à effet entre les néonicotinoïdes et les abeilles.”
On pourrait presque rire de l’absurdité de cette phrase si elle n’avait pas été prononcée par le président de la commission agriculture. Interrogé sur les conséquences de l’utilisation des néonicotinoïdes, M. Ferrand a préféré mentir et affirmer qu’ils n’auraient aucun impact sur les abeilles. Au-delà de l’impact désastreux sur la biodiversité, c’est toute la filière apicole qui se retrouve plus que jamais menacée, et maintenant abandonnée, par la majorité de la Région. Pour rappel, la dangerosité des néonicotinoïdes sur les abeilles a été démontrée par de nombreuses études, tout comme la fabrique du doute orchestrée par les industriels pour tenter de le cacher.
🎓 Uniforme au lycée : une facture salée pour la Région !
L’expérimentation du port de l’uniforme au lycée mise en place par l’exécutif régional depuis septembre représente un coût important. Quatre lycées participent à cette initiative, deux publics et deux privés. Chaque tenue revient à 313 €, dont seulement 100 € sont pris en charge par l’État, sans aucune aide pour les établissements privés. À ce jour, cette expérimentation a coûté 700 000 € à la Région, une somme qui aurait pu être investie dans des projets pédagogiques à destination d’un bien plus grand nombre de lycéennes et lycéens de notre région. Au-delà de son coût conséquent, cette initiative soulève une autre problématique majeure : l’absence de toute modalité d’évaluation. Aucune méthode n’a été définie pour mesurer son impact sur la cohésion entre élèves, l’amélioration des résultats scolaires ou du comportement, ni même sur la réduction des inégalités, arguments pourtant avancés par l’exécutif régional en faveur du port de l’uniforme. Malgré son coût élevé, cette initiative est mise en œuvre sans assurance quant à son efficacité, soulevant des interrogations sur la pertinence d’un tel investissement.
🏫 Lycées : quand externalisation rime avec complication !
L’externalisation des services dans les lycées constitue un choix coûteux pour la Région. Elle est présentée comme une expérimentation, or elle est imposée de manière systématique dans les nouveaux lycées de la Région. Ce modèle pose plusieurs problèmes. Les prestataires externes, moins familiers avec les établissements et leurs spécificités, ne connaissent pas les publics concernés et ne font pas partie de la communauté éducative. Ils ne peuvent égaler l’efficacité des agents internes. Sans compter que les conventions avec les entreprises privées n’ont pas toujours été bien ficelées, obligeant les rares agents de la collectivité encore en poste à terminer le travail, par exemple remettre en place les tables et chaises dans les salles une fois le ménage terminé car cette tâche n’est pas prévue au contrat. Ces agents ne travaillent plus aux mêmes horaires pour pouvoir pallier les absences et manquements des entreprises privées. L’organisation du travail conduit à isoler des agents, et on sait les risques psychosociaux encourus. La Région fait alors face à des coûts plus élevés et détériore les conditions de travail de son propre personnel.
💸 Économie : la transition écologique n’est qu’un affichage de plus
La politique économique de la Région manque cruellement de cohérence et de vision en matière de transition écologique et de justice sociale. D’un côté, elle affiche sa volonté d’accompagner la formation des salariés en finançant les formations chez Lactips, une entreprise développant des polymères biodégradables. Mais dans le même temps, elle continue à soutenir l’outil industriel d’entreprises produisant des emballages plastiques, perpétuant ainsi un modèle polluant qu’elle prétend combattre. Cette contradiction se retrouve également dans son soutien aux multinationales de l’agroalimentaire : la Région finance la formation des salariés de Refresco, un groupe fabriquant des boissons sucrées, alors qu’elle supprime dans le même temps les subventions à l’Économie Sociale et Solidaire (ESS).