Pour un véritable tourisme durable en Auvergne-Rhône-Alpes

Compétence partagée entre la Région et les différentes collectivités territoriales, le tourisme est une composante essentielle de la vitalité de nos territoires. En effet, avec 221 500 emplois directement liés au tourisme et une fréquentation la plaçant sur la seconde marche des destinations touristiques de France, notre région Auvergne-Rhône-Alpes est sans conteste un acteur incontournable du secteur. Pourtant les événements récents nous montrent à quel point le secteur touristique peut être ébranlé et mis à mal par les crises successives. 

En septembre 2022, la majorité régionale présentait son bilan de la saison touristique estivale. Fidèle à ses habitudes et sous couvert d’un affichage basé sur les seuls taux de fréquentation, la Région parlait alors d’une saison “exceptionnelle”. Les difficultés de recrutement n’ont été qu’effleurées. Quant à la sécheresse qui a frappé nos territoires, elle a été passée sous silence. Pire, « la météo » était alors présentée comme un facteur de réussite de la saison ! 

Face à cette politique de l’autruche, nous estimons indispensable de reconnaître les profondes mutations en cours dans le secteur touristique et de prendre en compte les difficultés engendrées afin d’anticiper sa nécessaire transition.

Crise des recrutements : mobilisons tous les outils à notre disposition 

Alors même que près de 40 % des professionnels ont fait état d’importantes difficultés à embaucher cet été, que la problématique refait surface à l’orée de la saison hivernale et des embauches de travailleurs saisonniers, la Région brandit son « Plan de retour au travail » et laisse peser toute la responsabilité sur les travailleurs et les travailleuses. 

Ces difficultés de recrutement sont pourtant multifactorielles et doivent faire l’objet d’une approche transversale basée sur les différentes compétences de la Région : formation, économie, mobilité, aménagement. Alors que la réforme de l’assurance chômage portée par Emmanuel Macron précarise toujours plus les travailleurs saisonniers, la Région peut et doit favoriser la création d’emplois à plein temps, en réfléchissant à de nouvelles synergies entre les différentes activités d’un territoire. En concertation avec les professionnels du tourisme, nous devons faire évoluer les métiers du secteur afin de les adapter aux changements qu’ils subissent actuellement de plein fouet et les rendre de nouveau attractifs.

Favoriser le tourisme de proximité pour une justice sociale et écologique

Suite à la crise sanitaire et comme le montrent les chiffres de la saison estivale (80 % de clientèle française, 31 % de tourisme intra régional), le tourisme de proximité est en hausse constante. Basée sur une redécouverte de sa propre région, cette forme de tourisme est vertueuse à tout point de vue : consolidation du lien social, impact environnemental amoindri, réappropriation de son territoire et intérêt nouveau pour sa conservation, fiabilité de la fréquentation dans le temps.

Là où la majorité régionale choisit de favoriser un tourisme international coûteux en bilan carbone et réservé à une minorité financièrement aisée, nous plaidons pour réorienter l’argent public dans des projets faits par et pour les habitants d’Auvergne Rhône-Alpes. Les projets soutenus par la Région doivent favoriser l’émergence d’un tourisme accessible au plus grand nombre, en termes de tarifs mais aussi de mobilités. C’est un tout autre cap que tient aujourd’hui Laurent Wauquiez, en dépensant des millions en canons à neige, en soutenant toujours plus de projets coûteux en argent public et peu accessibles à bon nombre d’habitants de la région. Les priorités doivent changer pour s’adapter aux enjeux de demain. 

Protéger nos patrimoines naturels et culturels

Notre région est riche de ses patrimoines naturels et culturels exceptionnels. Ils sont nos premiers atouts touristiques et nous devons les protéger. La sécheresse que nous avons vécu, que certains de nos territoires vivent encore, a eu des conséquences directes sur le secteur touristique et l’arrivée de la saison hivernale laisse déjà présager les possibles conflits autour des usages de l’eau. Repousser ces questions en continuant à investir de l’argent public dans des projets peu regardant de leur impact environnemental revient à fragiliser dès aujourd’hui ces patrimoines. 

Le tourisme « bienveillant », formule si chère à la majorité et pourtant vide de sens, doit être remplacé par un véritable tourisme durable. Dans une logique de restructuration globale des investissements régionaux, ceux-ci doivent être faits à l’aune de leurs impacts sur notre environnement direct et indirect, mais également sur les populations locales. Certains territoires en état de sur-tourisme doivent être protégés de toute urgence, en stoppant les investissements favorisant cette surexploitation. D’autres espaces doivent être valorisés, par le biais d’offres touristiques douces mêlant mobilité décarbonée, hébergements éco responsables, apprentissages scientifiques et culturels, consommation responsable, pour un tourisme au service du territoire.

Le secteur touristique est arrivé, comme nombre d’autres activités, à la croisée des chemins. La Région a la responsabilité d’accompagner les acteurs touristiques, les collectivités, les territoires sur une voie d’avenir. Cet accompagnement nécessite de conditionner les aides régionales à plusieurs critères garantissant la soutenabilité des projets pour l’avenir de notre région, pour en faire une destination touristique exemplaire et précurseure de la transition environnementale et sociale. 

Ecrit par Natacha Muracciole, conseillère régionale écologiste du Cantal (15).

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