Le groupe Les Écologistes, premier groupe d’opposition au conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, dénonce la stratégie fumeuse de Laurent Wauquiez en matière de sécurité.
La région Auvergne-Rhône-Alpes avait déjà choisi au précédent mandat de concentrer sa politique de sécurité sur l’aide au déploiement de caméras dans certaines communes qui lui en font la demande. Ce dispositif a pourtant été épinglé par la Cour des comptes, qui a interrogé la légalité des subventions versées par les régions.
Caméras partout, prévention de la délinquance nulle part
En commission permanente du vendredi 17 septembre, la grande offensive de Laurent Wauquiez en matière de sécurité accouche d’une souris : 11 subventions d’investissement pour le déploiement de 74 caméras.
Si la vidéosurveillance peut s’avérer un outil intéressant pour participer à la résolution de certaines affaires ou pour la vidéoverbalisation des infractions routières, son efficacité reste largement limitée lorsqu’il s’agit de prévenir la délinquance.
La majorité a assumé cette stratégie uniquement répressive en repoussant lors de la commission permanente l’amendement déposé par Les Écologistes pour conditionner le versement des aides à la présentation par chaque commune d’une stratégie globale de sécurité comportant des dispositifs de prévention de la délinquance.
Une escalade sur la sécurité qui masque la réalité de l’incompétence du président de région en la matière
Le début du second mandat de Laurent Wauquiez est marqué par une nouvelle étape dans la surenchère de communication en matière de sécurité. Dès le 2 juillet était annoncée la mise en œuvre de plusieurs mesures, notamment la création d’une brigade d’intervention dans les lycées sous la direction de la région, et l’expérimentation de la vidéosurveillance avec caméras de reconnaissance faciale.
Une fois de plus, le président de région passe par des chemins tortueux pour pouvoir s’afficher en garant de la sécurité publique.
“C’est un véritable abus de pouvoir ! Laurent Wauquiez est conscient qu’il ne peut exercer le pouvoir de police en lieu et place des maires, à proximité des lycées. Il sait qu’il ne peut détenir les informations que s’échangent les maires et la police nationale et ça l’ennuie. Le président de la Région devrait avoir d’autres occupations que de jouer les officiers de police judiciaire en cherchant à utiliser abusivement des données qui devraient être traitées par la police nationale.” a réagi Fabienne Grébert, co-présidente du groupe Les Écologistes.
Elle ajoute : “C’est sans compter que les 300 millions d’euros annoncés sur ce mandat pour la sécurité seront forcément amputés à d’autres politiques qui concernent bien, elles, les compétences réelles de la région. Reste à savoir si le couperet tombera sur les investissements ferroviaires, la rénovation des lycées…”
L’apprenti sorcier de la sécurité joue avec les droits et les libertés publiques contre le droit français et européen
Au-delà de cette surenchère de communication et de cette débauche de moyens, la décision d’expérimenter la reconnaissance faciale aux alentours des lycées et des gares pose une question fondamentale relative aux droits des citoyen·nes et aux libertés publiques. Le droit donne un cadre à l’utilisation des données, notamment biométriques, et le tribunal de Marseille a déjà débouté la région Sud qui cherchait à utiliser la reconnaissance faciale à l’entrée des lycées.
“Il sait qu’il a le droit contre lui, et pourtant il persiste et signe. Nous ne sommes pas des ayatollah du juridique, mais là il s’agit de libertés fondamentales. Puisqu’il refuse d’entendre nos alertes, nous avons été contraints d’engager les recours utiles, et nous irons au bout.” précise Zerrin Bataray, conseillère régionale membre du groupe Les Écologistes qui a participé au dépôt du recours.
Le 4 septembre, le groupe Les Écologistes a ainsi déposé une demande de déféré préfectoral. Cette procédure consiste à demander au préfet de région de déférer devant le tribunal administratif les délibérations litigieuses.
Le 17 septembre, le groupe Les Écologistes a déposé un recours gracieux auprès du président de région relatif à la sécurité. Par le recours gracieux, nous avons décidé de laisser une chance à Laurent Wauquiez de revoir sa copie et de ne pas mettre en péril les droits et libertés des citoyen·nes dans une surenchère démagogique. S’il veut vraiment agir à long terme sur la sécurité dans notre région, nous sommes prêt·es à échanger sur les moyens d’y arriver, mais dans le respect des faits et du droit, cette fois.

Contact presse : Jérémy Erre
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