Voici notre traditionnel retour de la commission permanente (CP) du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, qui a eu lieu vendredi 26 septembre 2025 à Clermont-Ferrand. Pour rappel, la CP est un organe représentatif de l’assemblée plénière, composée de 68 personnes (dont 9 écologistes), où les décisions sont prises à huis clos, sans débat et où il n’y a pas de compte rendu public.
Pour cette cinquième commission permanente de 2025, nous avions 92 rapports à voter (3756 pages et un total d’engagements financiers de 410 millions d’euros), le tout a été expédié en 29 minutes ! Quitte à déplacer les services de la Région, cette session aurait pu durer plus longtemps pour, osons rêver, prendre le temps de débattre des choix politiques !
🛩️ Et 204 000 euros supplémentaires pour le “jet privé” de Laurent Wauquiez !
Une ligne aérienne, Le Puy-Orly, largement déficitaire mais abondamment financée par de l’argent public, particulièrement depuis l’élection à l’Assemblée nationale de celui qui multiplie les casquettes (président de groupe à l’Assemblée, président de groupe à la Région, conseiller “spécial”…).
Lors de la commission permanente de mars dernier, une rallonge de 600 000 euros avait déjà été accordée par la Région pour le syndicat mixte de l’aéroport du Puy-en-Velay pour cette ligne car les compagnies ne se bousculent pas pour l’exploiter. En effet, cette ligne n’est utilisée en moyenne que par cinq personnes par vol !
L’ancien président de Région, toujours prompt à dénoncer “l’assistanat”, continue à injecter de l’argent public pour un mode de déplacement très émetteur de gaz à effet de serre, et qui ne concerne qu’un nombre infime de personnes.
🌾 Agriculture : un changement du mode de financement des syndicats qui interroge
Le conseil régional verse chaque année une subvention aux organisations professionnelles agricoles, réparties selon leurs résultats respectifs lors des élections aux chambres d’agriculture.
Or nous avons constaté pour l’année en cours que le montant de l’enveloppe globale a été divisé par deux ! Nous avons interrogé sur la raison de cette baisse et il nous a été répondu que ce montant restait fléché selon le mode de calcul habituel et que la deuxième moitié de la somme est fléchée vers les appels à projets portés par les syndicats et validés par la Région, à la condition qu’ils s’inscrivent dans la vision de la majorité régionale !
Pourquoi ce changement dans le mode de financement ? L’explication est sûrement à chercher du côté des résultats aux élections des chambres d’agriculture du début d’année, où la FRSEA (branche régionale de la FNSEA) bien que toujours majoritaire, a perdu du terrain dans de nombreux départements et a même perdu la chambre d’Ardèche au profit de la Confédération paysanne (syndicat classé à gauche) !
Avec l’ancien système de répartition, la FRSEA aurait vu sa subventions diminuer à l’inverse de celle des autres syndicats tandis que là, avec une partie de l’enveloppe dédiée aux projets validés par la Région, la FNSEA ou leurs alliés des Jeunes Agriculteurs auront bien plus de facilités à les faire financer contrairement à ceux portés par la Confédération paysanne.
Le macronisme et le wauquisme ont ça en commun : la difficulté à respecter les résultats électoraux.
🌱 Agriculture : la Région freine l’installation paysanne
Nous avons eu la confirmation que la Région n’appliquera pas la mesure 105 du FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) relative à l’installation des personnes en reconversion professionnelle alors même que la Région se targue d’être à la pointe de l’installation en agriculture.
Malheureusement, ce n’est guère étonnant puisque cela s’inscrit dans la lignée des actions de la majorité de ces dernières années sur l’installation, elle qui avait déjà supprimé en 2022 la subvention à l’ARDEAR (Association pour le développement de l’emploi agricole et rural) ce qui représentait un total de 500 000 euros de fonds européens.
🎭 Culture : 300 000 euros pour un spectacle de drones
La Région intervient beaucoup auprès d’autres collectivités territoriales pour des projets culturels très divers. A cette commission, ce ne sont pas moins de 300 000 € qui sont votés pour un spectacle de drones lumineux dans l’Allier !
Sachant que le Département met aussi 300 000 €, ce ne sont pas moins de 600 000 € d’argent public pour des “spectacles” d’un quart d’heure !
Ne pourrait-on pas employer cette somme à soutenir des acteurs culturels qui interviennent dans les territoires ruraux, au plus près des habitants ?
🏫 Éducation : 3 lycées sur 4 abandonnent l’uniforme !
C’est un nouveau camouflet infligé à l’exécutif régional. Le lycée privé Jeanne d’Arc au Péage-de-Roussillon (Isère) a décidé de mettre fin à l’expérimentation du port de l’uniforme pour les lycéennes et lycéens de son établissement. En cause des vêtements pas assez nombreux et inadaptés mais aussi malheureusement de la stigmatisation de la part d’élèves des autres établissements.
Cette coûteuse expérimentation (1 million d’euros), annoncée en grande pompe l’an dernier, devait durer deux ans dans les lycées volontaires. Or au fil des mois, les établissements volontaires abandonnent progressivement le port de l’uniforme.
Les fameux panneaux bleus omniprésents dans la région clament plusieurs slogans vantant l’action de l’exécutif comme “la Région finance les lycées”, “la Région soutient ses lycéens” mais on ne pourra pas ajouter “la Région uniformise sa jeunesse”.
🎓 Formation : “Prime Formation+Mérite”, on souhaite bien du mérite aux personnes voulant prétendre à cette gratification !
C’est nouveau, ça vient de sortir mais c’est en fait du réchauffé puisque ce dispositif prend la suite de la prime Droits et devoirs versée aux allocataires du RSA, sortant d’une formation sur un métier en tension et entrant à nouveau durablement sur le marché du travail.
En lieu et place de 500 euros, ce sera désormais 1000 euros par personne, et surtout beaucoup de com’ : une cérémonie annuelle est prévue pour récompenser 60 candidats triés sur le volet (en effet, maximum 15 candidats à la prime par trimestre).
En réalité, il faudra beaucoup de mérite pour l’avoir car les conditions demandées pour son obtention sont drastiques en termes de recevabilité, d’éligibilité, mais également réduits aux secteurs de l’industrie et de l’énergie, et non plus ouverts à l’ensemble des métiers en tension comme auparavant (restauration, BTP, médico-social…).
Voilà probablement la raison pour laquelle le nombre de dossiers est volontairement plafonné à 15 par trimestre : peu de monde concerné… mais encore beaucoup de com’ avec une cérémonie qui devrait coûter autant que le dispositif ! Beaucoup de bruit pour rien donc…