Retour sur l’assemblée plénière des 26 & 27 juin 2025

Le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes était réuni en assemblée plénière, les 26 et 27 juin 2025 pour étudier une série de rapports régionaux : monétisation des jours de congé des agents, soutien à l’industrie de l’armement, proposition d’installation de scanners corporels dans les lycées, compte administratif…

Autant de symboles lors de cette session qui illustrent une nouvelle fois la dérive idéologique de l’exécutif régional. Après sa défaite au congrès des Républicains, Laurent Wauquiez revient plus offensif que jamais, et transforme l’assemblée en congrès idéologique de la droite dure. À défaut de projet pour la Région, la majorité aligne des marqueurs sécuritaires, autoritaires et productivistes, tout en poursuivant une communication de plus en plus radicalisée.

L’assemblée plénière, c’est quoi ?

C’est le temps fort de la vie démocratique du conseil régional : les 204 membres du conseil régional, qui représentent les citoyennes et citoyens d’Auvergne-Rhône-Alpes, se réunissent environ tous les deux mois dans l’hémicycle à Lyon pour la session plénière.

Comme à l’Assemblée nationale, les 204 membres du conseil régional ont le pouvoir de délibérer c’est-à-dire de voter les délibérations (les décisions) que la Région mettra en œuvre. Celles-ci sont proposées par l’exécutif : ici Fabrice Pannekoucke et ses vice-président·es.

L’assemblée du conseil régional est composée de 204 membres : 135 de la majorité (118 LR et 16 UDI), 64 des oppositions (28 écologistes, 11 PS, 6 PCF-LFi, 5 PRG ; 14 RN) et 6 non-inscrits. L’ensemble des votes se font à la majorité simple, Fabrice Pannekoucke a donc les coudées franches pour appliquer son programme.

Pendant un jour et demi, les groupes politiques de la majorité et de l’opposition défendent, amendent et critiquent les délibérations, expliquent pourquoi elles doivent être soutenues ou rejetées. Chaque délibération est ensuite votée et les services du conseil régional peuvent ensuite les appliquer. 

La session plénière est retransmise en direct sur le site de la Région.

Finances : une majorité en panne d’idées

Travailler plus pour gagner plus : retour vers le futur !

L’année 2007 : c’est l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics en France, Ratatouille plus grand succès de l’année au cinéma, le premier titre de champion du monde pour Teddy Riner… Et Nicolas Sarkozy qui devient président de la République avec son slogan : “Travailler plus pour gagner plus”.

18 ans plus tard : après avoir déclaré vouloir “faire du Chirac” lors de la primaire des Républicains quelques semaines plus tôt pour le succès qu’on connaît (très lourde défaite face à Bruno Retailleau avec seulement 25% des voix), Laurent Wauquiez se tourne vers Nicolas Sarkozy pour essayer de remonter la pente. Il propose donc une délibération au titre emprunt de nostalgie : “Travailler plus pour gagner plus”.

Sous couvert « d’expérimentation », on propose aux agents de monétiser leurs jours de repos. Traduction : travailler plus, se reposer moins, pour une poignée d’euros… Avec 100 000 € sur la table, cela va concerner, au mieux, une cinquantaine d’agents, sur les milliers que compte notre collectivité. C’est une vitrine, un argument de tribune mais certainement pas une réponse sérieuse aux attentes des agents.

Ce que nous attendions, c’était un plan d’ampleur pour l’attractivité des métiers publics, pour la qualité de vie au travail, pour la reconnaissance concrète de celles et ceux qui font tourner la Région. Nous avons bien évidemment voté contre cette délibération.

Retrouvez l’intervention de Maxime Meyer :

Compte administratif : les beaux ratios ne font pas forcément de bonnes politiques

Passage obligatoire de cette assemblée plénière, ce compte administratif 2024 tient lieu du mirage. Il laisse penser que les résultats sont impeccables et annoncent ainsi une très bonne santé financière. Le tableau apparaît trop propre, pas une brindille d’herbe venue se coller à l’œuvre magistrale.

Or, avoir de bons ratios financiers n’est pas une fin en soi et ne sert que le récit de l’exécutif qui est de pointer des personnes qui ne répondent pas à ses standards professionnels. En formation : abandon des publics demandeurs d’emploi et stagnation des budgets dédiés à l’insertion des jeunes depuis quatre ans. En agriculture : soutien aveugle à un modèle fondé sur l’agrochimie pour produire toujours plus mais qui épuise les sols et détruit le vivant.

Pourtant d’autres choix sont possibles. En effet, d’autres collectivités font des choix plus en responsabilité face à la réalité d’un monde que la droite semble ignorer. La Métropole de Lyon par exemple agit pour la transition écologique et sociale avec des investissements massifs en rénovation thermique des collèges ou en transports publics. La Région aurait pu en faire de même en investissant dans les lycées dont elle a la compétence ou en commandant davantage de rames TER. Au lieu de ça, la majorité préfère couper les budgets culture, jeunesse ou encore vie associative.

Ce compte administratif traduit une idéologie conservatrice, réactionnaire, aveugle au réchauffement climatique et annonciateur d’un déplacement toujours plus à droite de l’échiquier politique.

Retrouvez l’intervention de Cécile Michel :

Economie : la Région en première ligne de la surenchère guerrière

Chaque sujet d’actualité est l’occasion pour le président de Région et son omniprésent “conseiller spécial” de faire de grandes annonces et des coups de communication. Les multiples conflits mondiaux, que ce soit en Ukraine, en Iran ou à Gaza constituent à ce titre de très bonnes opportunités.

Sous couvert de souveraineté économique, la Région annonce soutenir sans condition l’industrie de l’armement, sans débat démocratique ni transparence. Alors que la France, “pays des droits de l’Homme”, est devenue le 2ᵉ exportateur mondial d’armes et que 10% des armes en circulation dans le monde sont de fabrication française, les parlementaires nationaux restent privés d’un vrai droit de regard, contrairement à leurs homologues allemands. La Région, elle, s’aligne sur cette opacité, en traitant la guerre comme une opportunité économique quand bien même certains composants militaires produits en Auvergne-Rhône-Alpes sont retrouvés sur les champs de bataille ukrainiens, des deux côtés. Dans un contexte international explosif, ce choix est cynique, dangereux et contraire aux impératifs de paix, de justice et de résilience.

Nous nous sommes abstenus sur ce rapport et avons déposé un amendement demandant un contrôle des composants des armes produites et de leur destination.

Retrouvez l’intervention de Fabienne Grébert :

Education : les élèves passés au crible des obsessions sécuritaires de la droite

En réaction au meutre d’une surveillante dans un collège de Nogent (Haute-Marne), l’exécutif en a profité pour verser dans la surenchère sécuritaire. Après les fameux portiques de sécurité, il propose cette fois-ci l’installation de scanners corporels et d’outils de surveillance algorithmique dans les établissements scolaires.

La sécurité des jeunes accueillis dans les lycées est primordiale et nécessite des mesures sérieuses. Il faut leur permettre d’évoluer dans un espace où leur intégrité physique et psychologique ne risque pas d’être atteinte. 

Le drame de Nogent invite cependant à répondre que l’on aura beau transformer les lycées en forteresse, on ne pourra empêcher ce type d’acte d’être perpétré sur le parvis et en présence de gendarmes, comme à Conflans-Sainte-Honorine et Arras. On le voit, la réponse sécuritaire ne fonctionne pas : elle donne l’impression de réagir et l’illusion d’agir. Elle rassure à court terme mais elle n’agit ni sur les causes profondes, ni sur les signaux d’alerte ignorés.

La sécurité vient du lien établi entre les personnes qui fréquentent le même lieu. Construire du lien c’est réellement agir à la racine de la violence, pas avec peur mais avec humanité, exigence, bienveillance. Ce sont les deux attitudes nécessaires à une posture éducative source de sécurité.

Nous refusons la vision de l’école forteresse et avons voté contre ce rapport. Ce qu’il faut, ce sont des CPE, des infirmier·es, des médiateurs·trices, des adultes dans les établissements, pas des machines pour surveiller des enfants.

Retrouvez l’intervention de Catherine Bony :

Relations internationales : la centralisation des fonds européens

La délibération sur la politique de cohésion affiche un discours pro-européen, prônant le maintien de la régionalisation des aides européennes. Sur cet aspect nous sommes d’accord, nous estimons que les décisions se prennent au niveau le plus proche possible des citoyen.nes, tout en respectant la bonne échelle de décision, en suivant le principe de subsidiarité. Et pour ces deux politiques la Région est la bonne échelle.

Néanmoins, avec cette majorité le diable se cache dans les détails et elle s’enfonce dans ses contradictions. Sur la Politique agricole commune (PAC), la droite n’évoque ni les mesures environnementales, ni la nécessaire évolution des pratiques agricoles pour protéger les agriculteurs, les populations, les sols et la biodiversité. En revanche elle déclare vouloir mettre des barrières contre l’importation des produits des autres pays qui seraient moins exigeants sur ces mêmes normes environnementales ! Cherchez l’erreur.

Notons également que la Région, qui réclame une décision au plus proche des territoires, ne l’a pas appliquée dans la refonte des territoires associés au programme Leader, imposant des regroupements sans aucune cohésion territoriale.

Face à ces contradictions nous nous sommes abstenus sur ce rapport et avons déposé cinq amendements, tous rejetés par l’exécutif : 

  • pour protéger les productions de la concurrence déloyale ;
  • pour garantir de meilleurs revenus aux paysans grâce à une répartition plus juste des aides ;
  • pour intégrer la notion d’alimentation à la Politique agricole commune (PAC) ;
  • pour donner la priorité à la transition agro-écologique ;
  • pour retrouver des programmations LEADER au plus proche des territoires ruraux.

Retrouvez l’intervention de Vincent Gay :

Environnement : révisions de chartes de parcs naturels régionaux

Face aux enjeux  liés à la transition écologique, au réchauffement climatique et à l’érosion de la biodiversité, il est essentiel de soutenir le développement de parcs naturels régionaux véritablement ancrés dans les territoires. Ces espaces protégés ne doivent pas être conçus comme des sanctuaires isolés mais comme des projets vivants en lien direct avec les populations locales et l’ensemble des acteurs du territoire.

Dans cette logique de préservation des territoires, l’objectif de zéro artificialisation nette apparaît comme une mesure indispensable. L’artificialisation des sols – due à l’expansion urbaine, aux infrastructures et à l’étalement commercial – fragilise les écosystèmes, réduit les terres agricoles et accentue les risques d’inondations ou de canicules. Atteindre cet objectif signifie stopper cette dynamique destructrice en limitant l’urbanisation à des espaces déjà construits ou reconvertis. 

Nous avons voté en faveur de ce rapport.

Retrouvez l’intervention de Jean-Pierre Béguin :

Tourisme : une vision d’hier face aux défis d’aujourd’hui

La vision du tourisme par la majorité est d’un autre temps : c’est le bétonnage de sites naturels comme au Pont d’Arc en Ardèche, un discours sur la montagne des quatre saisons, mais des budgets massifs pour la promotion du ski à l’étranger ou encore des tentatives de faire « une région du vélo” mais de nouveaux péages à un euro pour ces derniers dans les TER.

En bref, la politique touristique de la Région engage des millions d’euros pour conforter le tourisme actuel :  celui de l’avion, du béton, du surtourisme et des stations de skis saturées, à rebours de l’urgence climatique, écologique et sociale.

Retrouvez l’intervention de Florence Cerbaï :

Vœu : non à la loi “Duplomb” !

Alors que la proposition de loi du sénateur de Haute-Loire, Laurent Duplomb, visant à “lever les contraintes au métier d’agriculteur” s’apprête à passer en commission mixte paritaire au Parlement, nous appelons au rejet de cette loi nocive. 

En effet, celle-ci prévoit la réintroduction de pesticides interdits depuis 2016 en raison de leur dangerosité pour la santé humaine et l’environnement, la facilitation de la construction de méga-bassines ou encore l’affaiblissement de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement.

Ce vœu a été sans surprise rejeté par l’exécutif qui s’inscrit dans la droite ligne de cette loi et des lobbies de l’agro-industrie qui la soutiennent, au détriment de la santé des agriculteurs, des sols et des citoyens.

Retrouvez l’intervention de Renaud Daumas :

Question orale : soutien au Planning familial

Le Planning familial a alerté récemment sur la baisse de ses financement publics et la menace que cela induit sur l’accès à la santé sexuelle en France. En Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs Centres de Santé Sexuelle (CSS) risquent de fermer dans les prochains mois faute de financement suffisants. Ce sera le cas de sept d’entre eux juste dans la Drôme à la fin du mois.

Olivier Royer, élu dans ce département, a demandé comment la Région comptait sécuriser les centres de santé sexuelle et reproductive et les associations qui les portent sur l’ensemble de son territoire ?

Réponse attendue dans un mois par écrit.

Retrouvez la question posée par Olivier Royer :

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