Intervention d’Olivier Royer et d’Anne Babian-Lhermet sur la préparer les mobilités de demain, sur nos routes et dans nos train

Monsieur le président, cher.es collègues,

Les mobilités représentent plus du tiers des émissions de gaz à effet de serre de notre région. C’est un enjeu majeur, mais c’est aussi une urgence sociale pour nos concitoyennes et nos concitoyens, qu’ils vivent au cœur des métropoles ou dans les zones rurales.

Or, à la lecture de cet avenant mobilités au CPER, notre groupe ne peut cacher son inquiétude. Ce document, qui aurait dû être l’outil de la bascule vers les mobilités décarbonées, ressemble hélas à un plan de maintien du statu quo.

Notre premier constat est celui d’un surinvestissement routier anachronique.

Si nous sommes évidemment favorables à l’entretien et à la sécurisation des routes existantes pour les cars et les usagers, nous contestons l’inclusion de nouvelles infrastructures, comme les contournements ou doublements, dans les « mobilités du quotidien ».

C’est une aberration écologique et financière. Prenons l’exemple du contournement Nord-Ouest de Vichy : un projet qui a reçu trois avis négatifs lors de l’enquête publique et qui  ne consiste qu’à déplacer les nuisances, sans s’attaquer à la racine du problème. Son plan de financement n’est pas bouclé, les riverains des axes concernés par la circulation de poids lourds vont continuer encore longtemps à subir des nuisances, alors qu’on devrait mettre en place des actions immédiates, comme l’interdiction totale du transit, des transports en commun et des mesures de sécurité. Autre exemple, le doublement de la RN88, ce projet souffre d’un déficit grave d’évaluation, comme le relève l’Autorité environnementale, son coût explose et son utilité socio-économique n’est toujours pas démontrée, et il se fait au prix d’une artificialisation massive.

Face à cela, le ferroviaire est encore et toujours le parent pauvre.

Notre réseau s’effondre. Les vitesses sont ralenties sur plusieurs lignes.

Si nous saluons les moyens mis pour les Services Express Régionaux Métropolitains, nous regrettons qu’ils le soient surtout sur les études et pratiquement pas sur les travaux.

On ne peut que se féliciter que des moyens soient mis sur le réseau existant pour limiter sa dégradation, mais toujours pas de réouverture !

Nous regrettons par exemple, de ne pas voir la réouverture du tronçon Boën-Thiers, maillon manquant vital entre Clermont Ferrand et Saint-Étienne, ni celle de la ligne Volvic-Le Mont-Dore

·         Et la Rive droite du Rhône !  après les promesses de ces dernières années,elle doit absolument rouvrir, et à très court terme ! les populations locales ne comprennent pas cette aberration : la ligne est en état pour le fret, mais aucun train de voyageur ne circule !

En privilégiant la construction de nouvelles routes, vous créez des charges d’entretien futures que nos collectivités ne pourront plus payer, tout en ne mettant pas les crédits nécessaires au sauvetage du rail.

Enfin, un mot sur le fret.

C’est saisissant : 515 millions d’euros pour la route, contre à peine 8 millions pour le fret ferroviaire (et rien de la région). C’est un non-sens alors que les camions saturent et dégradent les chaussées aux frais du contribuable.

Quant au projet de BHNS Lyon-Trévoux, nous dénonçons un projet coûteux (192 M€) pour un gain de temps illusoire, là où le train en rive de Saône aurait été pertinent.

Au regard des enjeux climatiques, ce CPER aurait pu être l’outil de la décennie pour basculer vers les mobilités décarbonées. Il devient un document d’entretien du statu quo. Ce CPER ne prépare ni 2030, ni 2050, il prolonge mécaniquement un modèle qui est déjà en échec.

Nous voterons contre ce volet mobilités qui ne prépare pas l’avenir.

«Une mobilité qui oublie les plus précaires n’est pas une mobilité pour toutes et tous»

Vous nous proposez une nouvelle tarification “sociale”, mais uniquement sur les car-régions alors qu’Auvergne–Rhône-Alpes reste en queue de peloton national en matière de tarification sociale sur les TER.

Notre tarif Illico Solidaire permet aux bénéficiaires d’avoir une réduction de 75 %, mais dans plusieurs régions, -75 % est le point de départ, pas l’ambition finale. 

Nous vous proposons la mise en œuvre d’une vraie tarification, globale, au quotient familial CAF, à 11 tranches, parce que la vie ne se résume pas à quatre catégories administratives (jeunes, actifs, retraités ou précaires).

Dans notre proposition les QF les plus bas seraient à -75 %, comme l’illico solidaire actuel.

Ce n’est pas une révolution : d’autres régions vont déjà jusqu’à -80 %, et la Région Sud descend à -90 % sous 600 € de quotient.

L’intérêt des 11 tranches, c’est de limiter les effets de seuil : on ne passe plus d’un tarif attractif à un tarif dissuasif pour 10 € de revenu supplémentaire. C’est une justice sociale réelle, pas déclarative.

Prenons un trajet étalon : Rive-de-Gier → Lyon Perrache à 80€ d’abonnement mensuel aujourd’hui.
Le tarif le plus élevé, lui, resterait compétitif par rapport à la voiture, même avec la déduction fiscale maximale des 80 km par jour. Donc aucune incitation au retour vers l’autosolisme : juste de la cohérence.

Mais surtout, posons la seule question qui compte : quel effet pour les 10 % les plus précaires de notre région ?

Si ces 10 % ne peuvent toujours pas accéder au train pour aller travailler, se soigner, étudier, alors notre politique publique échoue. Lutter contre le non-recours doit rester notre boussole.

Et je vous pose la question : quel choc d’offre peut fonctionner si les plus pauvres restent sur le quai parce qu’ils n’ont toujours pas les moyens de monter dans le train ?

Notre proposition est modérée, réaliste, déjà pratiquée ailleurs.

Ce qui manque aujourd’hui, ce n’est pas l’argent : c’est la volonté de faire de notre région un territoire où personne n’est condamné à reprendre sa voiture ou à refuser un emploi parce qu’il est trop pauvre pour prendre les transports en commun

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