Monsieur le Président, Cher.es collègues,
Cela fait des mois que la Syrie traverse des bouleversements majeurs.
Les djihadistes d’hier portent aujourd’hui de beaux costumes, rasés de près. Ils ne seront jamais jugés pour les crimes qu’ils ont commis. Mais désormais, puisqu’ils sont “présentables”, nous pouvons les inviter à négocier… ici même, en France.
Pour l’Occident, c’est une opportunité : accès à de nouvelles ressources, contrats pour nos entreprises… Le cynisme est total.
Dès le début, en commission, nous vous avons alertés sur la nécessité d’un fonds d’urgence face aux désastres humanitaires prévisibles.
Quand des djiadistes à la solde d’Erdogan prennent le pouvoir, avec notre bénédiction , des désastres sont inévitables. La dédiabolisation, on le sait, n’efface jamais la vraie nature des choses.
Des désastres, il y en a eu depuis novembre dernier. Cela fait des mois que la Turquie bombarde le Rojava. Début mars, ce sont plus d’un millier de civils allaouites qui ont été massacrés par ces mêmes djihadistes “reconvertis”.
Et pourtant, c’est uniquement maintenant que vous réagissez. Votre conseiller spécial raconte partout que ce sont les chrétiens qui ont été massacrés début mars.
Les incidents les visant sont marginaux. Il y a une inquiétude légitime des chrétiens en syrie, oui, elle existe, mais pas une urgence qui serait justifiée comme votre texte le sous-entend par un massacre de masse en cours contre les chrétiens.
Ce qui nous dérange, ce n’est pas le fonds en lui-même. C’est son instrumentalisation. Vous utilisez les chrétiens d’orient, vous invisibilisez de votre rapport les communautés victimes du massacre de début mars, ici les alaouites – pour nourrir vos ambitions électoralistes et attirer l’électorat catholique français.
C’est indigne. Nous ne voulons pas cautionner. Nous nous abstiendrons.