Monsieur le président, cher.es collègues,
Une politique agricole qui investit…pour quelques uns.. au détriment de la majorité !
Soyons clairs : il ne s’agit pas ici d’un rapport, mais un énième plan de communication, comme si les magazines, les lettres aux agriculteurs et agricultrices ne suffisaient pas, il vous faut maintenant prendre cet hémicycle comme un instrument de votre propagande démagogue , Parlons donc communication : ça c’est sûr, vous êtes toujours les premiers sur la ligne de départ pour montrer qu’on est les meilleurs, le plus gros budget agricole, la plus grosse dotation de France ; au concours de masculinisme régional, vous obtiendrez très certainement une bonne récompense.
Derrière ces gros chiffres (15 millions d’euros supplémentaire au budget d’investissement) se cache une réalité désastreuse qu’il est temps de regarder en face :
la paupérisation : Les exploitant.es agricoles de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont les plus pauvres de France (selon une étude de l’INSEE de février 2025).
La réalité c’est une hémorragie du nombre d’agriculteur et d’agricultrices, de situations d’endettement qui minent les perspectives d’avenir.
La réalité, ce sont des entreprises agroalimentaires qui ont encore augmenté leurs marges ; et en face, des millions de personnes qui dépendent de l’aide alimentaire, un droit à l’alimentation baffoué.
La réalité, c’est un consommateur déboussolé, face à vos labels trompeurs Haute Valeur Environnementale et une marque régionale qui n’apporte aucune garantie de qualité.
La réalité c’est un monde agricole qui souhaite, à 90 % selon une étude du GCA, accélérer ou engager leur transition vers des pratiques agroécologiques, mais qui ne le peuvent pas pour des raisons économiques et financières.
c’est un monde agricole qui subit de plein fouet l’extinction du vivant et la catastrophe climatique, faute d’adaptation suffisante.
et en face, une politique agricole régionale contradictoire : ici, nous avons des élus qui défendent l’apiculture et qui votent dans le même temps l’utilisation des néonicotinoïdes, ces insecticides tueurs d’abeille.
La réalité, c’est une Région qui était la pionnière du bio, le creuset de dynamiques sur le foncier agricole, de coopératives durables Une Région, qui est retombée bien bas dans toutes ces dynamiques.
La réalité, c’est une inégalité dans le partage de la ressource en eau, que vous exacerbez avec votre politique : on rappelle ici les projets de méga-bassine dans le puy de Dôme.
La réalité, c’est un monde agricole profondément divisé. Et il est important ici de dire que vos propos, la stigmatisation de l’agro-écologie que vous opérez, ne fait qu’accentuer ces divisions.
Avec ces propos, vous attisez la haine.
A ce titre, nous devons apporter tout notre soutien à cette maraîchère, à Orliénas, dans le Rhône, qui, engagée dans une démarche d’agriculture biologique,a vu, en fin de semaine dernière ses cultures saccagées. Deux ans de travail réduits à néants, une 50aine de variété d’arbres fruitiers rasés
Je ne peux pas parler d’agriculture ici sans rendre hommage à Pierre Alessandri, secrétaire général de la via campagnola, tué sur sa ferme le 17 mars dernier. Il s’était levé contre le déclassement de terres agricoles au profit de projets immobiliers et les pratiques mafieuses dans le versement des aides de la Politique Agricole Commune. Le silence assourdissant qui entoure ce crime est inacceptable. Son assassinat porte atteinte de manière profonde au monde agricole et nous devons dénoncerde manière unanime ce crime.
Face à ces violences face à ce crime, nous ne baisserons pas les bras.
M. Ferrand, vous regrettiez il y a peu qu’une grande partie de votre famille n’ai pas souhaité faire perdurer le modèle agricole que vous avez porté. Je comprends votre désarroi. Mais nous ne laisserons pas le défaitisme nous envahir. il y a aujourd’hui une agriculture rémunératrice, qui contribue à la transition écologique, qui cherche à s’adapter au mieux, qui préserve le vivant, prend soin de nos territoires, de nos ressources, et qui donne envie à de nouvelles générations de s’installer. Nous écologistes, nous sommes au côté de cette agriculture d’avenir.
Quand vous soutenez les projets d’artificialisation des surfaces agricoles, pour des routes, des zones d’activités, nous préservons les terres fertiles : plus 10 000 ha préservés sur la par le PENAP sur la métropole de Lyon
Quand vous échouez à appliquer la loi égalim dans les lycées, la ville de Lyon atteint plus de 50 % de bio dans les cantines
Quand vous refusez les initiatives de nouvelles solidarités alimentaires, nous les soutenons, à Lyon, Grenoble, Dieulefit
Quand vous continuez de considérer qu’il n’y a pas de sujet sur la place des femmes en agriculture, nous soutenons les groupes d’agricultrices, ces espaces essentiels de construction d’une agriculture d’avenir
Nous voterons donc contre ce rapport, ou plutôt ce plan de communication puisqu’il n’offre pas une réelle perspective d’avenir en renforçant les inégalités et opère un déni d’une réalité désastreuse.
Nous ne baisserons pas les bras, nous refusons d’attiser la haine, nous continuerons d’affirmer qu’il existe une agriculture rémunératrice, une agriculture porteuse de sens. C’est cette agriculture qui donne aujourd’hui espoir aux nouvelles générations, dont nous avons tant besoin, pour rejoindre le monde agricole.