Intervention de Cécile Michel sur budget 2026 : poursuivre notre ambition pour l’avenir de nos territoires

Monsieur le Président, Chers collègues,

Cette session budgétaire s’ouvre dans un contexte politique national et régional profondément troublé

La droite se confondra bientôt avec l’extrême-droite,  les affaires judiciaires continuent de saper la crédibilité des LR, et notre Région, elle, reste un laboratoire de fractures.

Ce budget 2026 en est l’illustration parfaite. Techniquement irréprochable, politiquement indéfendable. Il ne répond pas à l’urgence sociale, il ne prépare pas l’avenir écologique. Il entretient un modèle épuisé qui mène droit dans le mur. 

Vous présentez un budget identique à celui des années précédentes, comme si rien n’avait changé à une situation déjà lourde de conséquences. Comme si les inégalités ne se creusaient pas, comme si la précarité n’explosait pas, comme si le climat ne se déréglait pas.

Face à cela, c’est la comédie des ratios

827 M€ d’épargne brute, obtenue par la compression des dépenses sociales. En parallèle les recettes d’investissement diminuent, avec le choix de l’Etat de transformer le produit fiscal lié à la TVA en dotation. Mais c’est aussi le résultat de votre choix, à l’opposé de ce discours victimaire : Vous refusez d’activer l’impôt régional, qu’il vous est possible d’aller mobiliser : vous préférez que les décisions difficiles se passent ailleurs… ou qu’elles ne se passent même pas. Vous auriez pu soutenir la Taxe Zucman, l’Etat n’aurait peut-être pas eu à limiter les recettes des collectivités territoriales.  En somme, l’impôt surtout pas… sauf quand il s’agit de taxer les plus précaires !

Et cette épargne, à quoi sert-elle ? À maintenir un investissement de 1,6 Md€, mais sans changement de modèle

Vous brandissez votre note AA+, ‘trois crans au-dessus de l’État’. Sauf que :

L’État est noté par Fitch (A+ depuis septembre 2025), la Région par Standard & Poor’s (AA+). Deux agences, deux échelles. L’une et l’autre disent explicitement qu’elles ne notent jamais une collectivité au-dessus de son État. En somme, votre stratégie de communication diffusée à l’envie est basée sur un mensonge. Un de plus. 

Votre ratio d’endettement est inférieur à 4 ans ? Très bien. Mais où est la dette sociale ?

33 millions en moins sur le chapitre enseignement formation !! Le chapitre qui souffre le plus de la compression des dépenses de fonctionnement !!

Vous coupez les budgets sur les formations certifiantes, les formations sanitaires et sociales et ne misez que sur les formations professionnalisantes traduisant une vision très adéquationniste de l’emploi

Vous sortez 10M d’un chapeau pour le Pass Séniors quand les aides aux autres publics cibles (familles, personnes en difficulté ou en situation de handicap) sont de quelques milliers d’euros symboliques 

Et la dette écologique ? Vous parlez de ‘décarbonation’, laissant croire à votre préoccupation climatique mais, rien qu’en transport :

572 M€ pour les mobilités, vous osez doubler le budget dédiée à la voirie nationale, avec des moyens qui explosent toujours pour la RN88

Alors un petit rappel, après vous être gargarisé de “suivre les recommandations du GIEC en finançant la décarbonation des routes” : vous tordez les chiffres, les faits, les analyses à votre avantage. Christophe CASSOU auteur principal du 6ème rapport du GIEC s’est montré très surpris de vos interprétations quand les recommandations portent sur la décarbonation des transports, et non des routes.

Vos investissements sont toujours aussi mal placés

Des subventions aux multinationales, sans conditionnalités sociales ou écologiques. Avec des investissements priorisés vers la défense, la sécurité, le nucléaire 

Des dépenses pharaoniques pour les JOP 2030, alors que les lycées tombent en ruine – 15 jours de paillettes, bien blanches et de médailles valent plus que 4 ans de scolarité pour les plus de 320 000 lycéens et lycéennes de notre région. Et pour ces JOP 2030 : en plus des investissements pour les infrastructures, où sont les 257,5 millions d’euros que les régions devront inscrire pour garantir le déficit du COJOP ?

et combien d’effets d’annonce dans ce budget ? combien qui viennent aujourd’hui gonfler les lignes d’une stratégie de communication pour dire une supposée action ?

Vous préférez les symboles à l’efficacité.

Vos choix aggravent les fractures. 

La jeunesse est sacrifiée :
1 étudiant sur 3 vit sous le seuil de pauvreté en Auvergne-Rhône-Alpes. Pourtant, :

Pas de gratuité des TER pour les moins de 25 ans.

Rien pour le logement et le logement étudiant en particulier 

18 millions toujours non versés à l’Université Lyon 2 pour un combat idéologique que vous menez.

Les lycées publics : un patrimoine – de la région –  de 18 milliards d’Euros qui s’effrite tant vous rabotez l’enveloppe dédiée à l’investissement chaque année. Un petit effort supplémentaire pour 2026, toujours largement en dessous de ce qu’il faudrait pour entretenir ce patrimoine de la région. 

Le PASS’Région jeunes, comme seule ambition. Qu’entendez-vous de leur préoccupation quand ils et elles badgent à l’entrée des lycées ? Qu’entendez-vous des solitudes et des problèmes de santé mentale, qui touchent indistinctement les jeunes ?  

Où est l’ambition pour leur avenir ?

La précarité et pauvreté augmentent : 

La taux de pauvreté monétaire augmente en France (INSEE 2025 : 15,4%). Si notre région est plus épargnée que d’autres, les inégalités sont importantes entre les départements, l’Allier, la Loire ou la Drôme sont plus concernés. 

Les enfants sont les premiers touchés, les femmes et les familles monoparentales aussi. Et moi ça me choque, oui ça me choque. Loin des discours discriminants, et bien alimentés ici, en assistanat, qui sont dévastateurs, c’est une réalité bien plus complexe qui se vit. 

Qu’elle soit monétaire, alimentaire, sociale, la précarité abîme. 

Le monde associatif est étouffé

Ca ne tient plus, Depuis des années, la région a contribué à mettre le monde associatif en danger. Arrêt des conventions pluriannuelles ; arrêt duet du soutien au fonctionnement, quand les besoins sociaux explosent. Vous rencontrez, vous faites mouliner, vous refusez : vous asphyxiez encore un peu plus un secteur qui pèse 10% des emplois privés et des gens qui s’impliquent corps et âme pour l’intérêt général. 

Vous préférez mettre des millions dans la chasse plutôt que d’investir dans le lien social. C’est une réalité, qui affaiblit notre région.

Alors oui, nous le rappelons, nous portons une alternative : l’écologie et la justice sociale.

Nous proposons 148,8 M€ de solutions concrètes et urgentes pour répondre aux crises que vous négligez. 

Pour les jeunes :

  • 50 M€ pour la santé mentale, l’accessibilité des établissements et le sauvetage des missions locales.
  • 35 M€ pour le logement des étudiants et jeunes travailleurs, via des résidences, des foyers, et la cohabitation intergénérationnelle.

Pour les associations :

  • 37 M€ pour sauver la culture et le lien social 

Pour les territoires :

  • 27 M€ pour la mobilité rurale, l’insertion professionnelle et la requalification des logements vacants.

Nos propositions participent aussi aux économies indispensables pour rattraper les gaspillages éhontés que vous affectez aux industries fossiles et à l’accélération du dérèglement climatique, et en gageant sur ce qui est hors compétences.

Votre budget gère le statu quo et aggrave les fractures. Nos amendements préparent l’avenir. Mais c’est tout un logiciel qu’il faut rénover en profondeur pour véritablement engager les transformations indispensables. Nous ne voterons pas ce budget. Parce que clairement, il incarne vos mauvais choix. Les nôtres sont ceux de l’ambition sociale et écologique.

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