Le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes était réuni en assemblée plénière, les 16 et 17 octobre 2025 pour étudier une série de rapports régionaux illustrant bien les priorités de l’exécutif régional : expérimentation de brigades cynophiles dans les lycées, soutien au nucléaire, à la déviation de la RN88, le tout avec un débat d’orientation budgétaire très autocentré.
L’assemblée plénière, c’est quoi ?
C’est le temps fort de la vie démocratique du conseil régional : les 204 membres du conseil régional, qui représentent les citoyennes et citoyens d’Auvergne-Rhône-Alpes, se réunissent environ tous les deux mois dans l’hémicycle à Lyon pour la session plénière.
Comme à l’Assemblée nationale, les 204 membres du conseil régional ont le pouvoir de délibérer c’est-à-dire de voter les délibérations (les décisions) que la Région mettra en œuvre. Celles-ci sont proposées par l’exécutif : ici Fabrice Pannekoucke et ses vice-président·es.

L’assemblée du conseil régional est composée de 204 membres : 135 de la majorité (118 LR et 16 UDI), 64 des oppositions (28 écologistes, 11 PS, 6 PCF-LFi, 5 PRG ; 14 RN) et 6 non-inscrits. L’ensemble des votes se font à la majorité simple, Fabrice Pannekoucke a donc les coudées franches pour appliquer son programme.
Pendant un jour et demi, les groupes politiques de la majorité et de l’opposition défendent, amendent et critiquent les délibérations, expliquent pourquoi elles doivent être soutenues ou rejetées. Chaque délibération est ensuite votée et les services du conseil régional peuvent ensuite les appliquer.
La session plénière est retransmise en direct sur le site de la Région.
Finances : le moment central de cette assemblée relégué au second rang
Débat d’orientation budgétaire : les ratios financiers ne font pas une politique
Moment central de cette assemblée plénière, le débat d’orientation budgétaire a été relégué à l’après-midi. Pour l’exécutif, il semblait plus important de débuter par l’expérimentation de brigades cynophiles dans les lycées et le soutien au secteur du nucléaire.
Nous avons l’impression de vivre dans “Un jour sans fin” avec éternellement le même débat, la même autosatisfaction pour les chiffres budgétaires alors que la situation pour les habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas bonne, ni dans les trains, ni dans les lycées, ni pour tous ceux qui œuvrent sur le terrain – notamment dans les associations, la culture, le spectacle vivant.
Que souhaitent les usagers des trains du quotidien ? Une durée de désendettement inférieure aux autres Régions de France ? Non, ils veulent des bus du quotidien plus fréquents, avec des horaires étendus, plus de transport à la demande dans tous les territoires. Ils veulent une Région qui investit massivement sur le ferroviaire, qui commande des rames, qui augmente les cadences, et avec des trains à l’heure. Or la Région n’a quasiment pas commandé de trains en 10 ans.
Et qu’en est-il des usagers des lycées ? De même, ils préfèrent des lycées bien entretenus au quotidien, avec du chauffage, des sanitaires en bon état, des parcs informatiques qui fonctionnent, des budgets de fonctionnement qui permettent de faire les projets pédagogiques.
Pour nous, en phase avec les attentes et les besoins des acteurs du territoire, nous avons d’autres orientations budgétaires :
- un renforcement des budgets des lycées pour permettre un meilleur entretien au quotidien, plus de présence humaine, des projets pédagogiques ;
- un renforcement du budget de la culture, notamment en direction du spectacle vivant ;
- un budget pour accompagner les petites communes pour leur besoin d’ingénierie pour bâtir les projets ;
- un renforcement des budgets en formation professionnelle pour accompagner les publics à leur montée en compétences ou reconversion ;
- le renforcement des investissements d’avenir pour accompagner le dérèglement climatique.
Nous avons voté contre ce rapport.
Retrouvez l’intervention de Vincent Gay :
Budget supplémentaire : rien pour l’éducation, la formation ou le monde associatif
Le budget supplémentaire vient inscrire des compléments au budget de l’exercice en cours. Nous aurions pu voir des infléchissements, au vu des recettes finalement plus importantes que prévu, à hauteur de 25 millions supplémentaires, mais non, rien ne bouge. D’ailleurs pourquoi bouger quand on s’autoproclame “Région la mieux gérée de France ?”.
Rien pour l’éducation et la formation alors que nous connaissons toujours les mêmes difficultés dans les lycées ou les universités. Par ailleurs, en pleine mobilisation du monde associatif, nous rappelons qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, les coupes ont été nombreuses alors que ce sont plus de 20 000 associations, qui emploient 241 000 salariés, dans des secteurs aussi variés que la culture, la formation, l’insertion, la santé, l’économie sociale et solidaire.
Nous avons voté contre ce budget supplémentaire qui joue la compression extrême des dépenses et qui exécute des orientations budgétaires que nous ne partageons pas.
Nous avons déposé un amendement pour financer des postes de médecins et de spécialistes salariés dans les territoires en tension et un second pour financer des études de préfiguration d’une réserve naturelle régionale sur les derniers kilomètres du Rhône sauvage, tous deux portés par Maxime Meyer. Ils ont été rejetés par l’exécutif.
Retrouvez l’intervention de Véronique Vermorel :
Administration générale : 4 300 euros pour un envoi de courriers et de nombreux frais d’avocats
Ce rapport rend compte tout autant de dépenses et de contrats passés par la Région, que de dépenses de communication ou de travaux dans les lycées. Il nous apprend par exemple que la Région a dépensé 4 300 € pour un envoi de lettres destiné à faire mieux accepter la déviation de la RN 88, dans 4 communes de Haute-Loire.
Autre exemple, les frais d’avocats engagés par la Région sur la RN88 sans compter ceux à venir pour une autre déviation contestée à Saint-Péray en Ardèche et qu’elle va devoir débourser lors sa défaite. En effet, le combat très médiatisé de notre élue Maud Grard qui portait son écharpe lors de la mobilisation contre cette déviation avait amené l’exécutif à interdire le port d’écharpe à tous les conseillers régionaux dans le règlement intérieur.
Or, le tribunal de Privas a abandonné toute poursuite contre elle. Ce qui serait donc illégal, ce n’est pas de porter une écharpe de conseiller régional, mais bien de l’interdire pour invisibiliser l’opposition.
Retrouvez l’intervention de Florence Cerbaï :
Education : des brigades cynophiles dans les lycées et un soutien au nucléaire
Des brigades cynophiles dans les lycées : l’exécutif cède aux aboiements de l’extrême droite
Dans ce rapport, la Région demande à l’Etat de l’accompagner dans l’expérimentation de brigades canines pour lutter contre la drogue dans les lycées. Cette énième expérimentation s’inscrit une fois de plus dans la surenchère sécuritaire de l’exécutif. Nul doute que cette énième expérimentation mènera une nouvelle fois à un échec comme les précédentes sur le port de l’uniforme ou l’installation illégale de scanners à l’entrée des établissements.
Ces dispositifs laissent penser aux jeunes qu’ils sont potentiellement en danger quand ils entrent au lycée. Et surtout ils leur laissent penser qu’ils sont potentiellement des dangers pour les autres. C’est une façon de monter les individus les uns contre les autres. Plutôt que de tisser du lien, on exacerbe les tensions.
La sécurité ne naît pas du contrôle exercé. La sécurité naît du contrat social, du lien établi entre les personnes qui fréquentent le même lieu, un lien de confiance, un lien qui responsabilise.
Dans le même temps, les dotations en fonctionnement et en investissement pour les lycées publics sont tellement insuffisantes que des projets pédagogiques sont annulés.
Quitte à avoir des chiens dans les établissements, nous avons déposé un amendement visant à accueillir des chiens médiateurs pour soulager les élèves et les éduquer davantage au bien-être animal. Loin des priorités de l’exécutif, cet amendement a été rejeté.
Retrouvez l’intervention de Catherine Bony :
Soutien au nucléaire : l’énergie renouvelable à l’infini de l’exécutif c’est la communication
Ce rapport présente un volet sur la formation. Il existe un véritable enjeu en termes de formation dans le domaine nucléaire, et nous le rappelons depuis longtemps : le personnel habilité manque, les soudeurs viennent de l’étranger et nous dénonçons depuis plusieurs années la perte de compétences dans le nucléaire. Mais une fois de plus, c’est un rapport vide d’ambition, de plan précis, de budget dédié. C’est un énième plan de communication destiné à donner une tribune politique à une majorité en manque cruel d’idées.
Albane Colin a rappelé plusieurs points sur les failles du nucléaire en interpellant l’exécutif :
- le nucléaire ne nous rend pas indépendants. L’uranium est importé à 100 % de pays étrangers, en majorité du Kazakhstan et d’Ouzbékistan, pays sous influence russe ;
- Flamanville l’illustre, les EPR sont des fiascos économiques et technologiques ;
- le nucléaire est coûteux et le bilan carbone des EPR ne sera pas compensé avant des décennies dans le meilleur des cas ;
- l’implantation de ces EPR dans l’Ain a été imposée, sans réel débat démocratique alors que le territoire n’est pas prêt à les accueillir ;
- enfin, le nucléaire est dangereux. Il nous rend vulnérables face à une attaque terroriste, une guerre. À l’image de Poutine dont un des premiers actes de guerre a été d’aller occuper la centrale de Zaporijia. Par ailleurs, le débit du Rhône baisse, sa température grimpe, et selon l’Agence de l’eau, il pourrait perdre 50 % de son débit d’ici 2050. Avec ces nouvelles centrales, cela aggraverait les conflits d’usage.
Nous avons déposé un amendement visant à faciliter la transparence et la concertation autour du projet d’EPR 2 au Bugey et des futurs besoins énergétiques des territoires concernés par le tracé du futur collisionneur du CERN. Cet amendement a été rejeté par l’exécutif et nous avons voté contre ce rapport.
Retrouvez l’intervention d’Albane Colin :
Transports : encore et toujours la déviation de la RN 88
Renaud Daumas a rappelé quelques éléments sur ce projet de déviation. Sur la sécurité, le passage à 2×2 voies ne change rien aux drames de la route. Sur ce tronçon, le nombre d’accidents et de décès au km est le même que sur la partie déjà aménagée à 2×2 voies.
Sur le cadre de vie des riverains, les habitants des hameaux aujourd’hui paisibles, tout aussi nombreux que les riverains actuels, subiraient sous leurs fenêtres les engins, la poussière et le bruit pendant des années de travaux et le trafic routier durant son exploitation. Vous déplacez les nuisances et les commerces de centre-bourg se retrouveraient court-circuités.
Sur le plan budgétaire, ce projet est un gouffre. On passerait de 226 à plus de 400 millions d’euros pour gagner seulement trois minutes en voiture !
Pendant que l’État et les régions s’enlisent dans le tout-routier, la France entière s’interroge sur ces « grands projets inutiles ». Les citoyens réclament des investissements dans le ferroviaire, les transports collectifs et la mobilité du quotidien.
Nous avons déposé trois amendements pour rappeler le contenu de l’enquête citoyenne menée sur le projet de déviation : sur l’aspect de la sécurisation, de la notion de désenclavement et sur la nécessaire concertation des riverains.
Ils ont tous été rejetés par l’exécutif, nous avons voté contre ce rapport.
Retrouvez l’intervention de Renaud Daumas :
Voeu : pour la connaissance de toutes nos histoires
Le jour de la rentrée scolaire 2025, Caroline Grandjean, enseignante à l’école de Moussages (Cantal), s’est donné la mort après des mois de harcèlement lesbophobe, de menaces et l’absence de soutien de l’Education nationale ou de la commune.
Natacha Muracciole a rappelé que c’est à l’Ecole de la République de combattre par l’instruction la haine de l’autre, le rejet pur et simple de la différence. Cela passe par l’apprentissage des luttes, des constructions sociales et familiales. C’est ainsi qu’on donnera à nos enfants toutes les clés pour évoluer dans une société riche de toutes ses histoires.
Notre vœu consistait donc à demander à l’Etat de faire rentrer les histoires des minorités dans le programme d’enseignement au lycée, en travaillant à la conception de séquences avec les représentants des populations concernées.
Ce vœu a été adopté !
Retrouvez l’intervention de Natacha Muracciole :
Question orale : effondrement de la montagne à La Rivière (38)
Après l’effondrement d’un pan de montagne sur la commune de La Rivière en juillet 2024 et après le dépôt de plainte contre X du département de l’Isère, Myriam Laïdouni a interpellé l’exécutif en posant la question suivante : quelles mesures la Région prévoit-elle pour accompagner la résilience de ce territoire, et plus largement la résilience des territoires soumis aux situations similaires. Comment compte-t-elle renforcer la prévention des exploitations à risques ?
Retrouvez l’intervention de Myriam Laïdouni :