M. le président, M. le Vice-président, M. le président du CESER, Mes chers collègues,
Nous examinons aujourd’hui le premier budget du mandat, un budget dans un contexte de crise sanitaire, de crise sociale et de crise climatique comme nous n’en avons jamais vécu.
Un contexte de crise sanitaire dans lequel nous avons l’impression de ne pas pouvoir sortir, de passer de variants en variants, de visio en visio.
Un contexte de crise écologique où chaque été est plus chaud que le précédent et chaque année les catastrophes climatiques sont plus graves et coûtent plus cher à la collectivité.
Un contexte de crise sociale où les inégalités n’ont jamais été aussi fortes, la défiance aussi présente.
Nous nous devons de tenter de dépasser ces crises en investissant pour l’avenir mais également d’apprendre à vivre avec et, apprendre à vivre avec, c’est, avant tout, apprendre des erreurs qui nous ont mené.es là.
Avant de démarrer l’analyse de ce budget et de ses amendements, j’ai une pensée particulière pour l’ensemble des habitantes et des habitants de la région qui vont vivre un hiver difficile dans un contexte de reprise épidémique. Pour toutes celles et ceux qui sont confrontés à de graves difficultés financières, des complications de santé, des difficultés psychologiques, celles et ceux déjà victimes du dérèglement climatique et des inégalités sociales qui en découlent.
Ce budget que vous proposez n’est pas une bonne nouvelle pour elles et pour eux, il n’est pas une bonne nouvelle pour notre région. Alors que nous pourrions avoir l’espoir de sortir de ces crises, l’espoir d’une meilleure société pour les générations futures, ce budget torpille ces espoirs régionaux..
Et ce n’est, en réalité pas une surprise, il s’agit du même budget que celui que vous présentez chaque année, il est dans la même veine des budgets portés par votre parti, c’est un budget conservateur.
C’est un budget qui fait de vous un champion. Le champion non pas d’une région bien gérée mais bien le champion de l’austérité et des agences de notation, le champion des investissements climaticides, le champion du pétrole et de la communication !
Alors M. le président,
Votre budget, vous l’assumez, vous dites même que la région serait bien gérée ? La mieux gérée ?
Mais Austérité n’est pourtant pas synonyme de bonne gestion.
Le budget de fonctionnement est nécessaire pour faire vivre notre région et pour investir sur l’avenir. Pour mieux expliquer cela je vais citer le CESER que je remercie pour leur analyse toujours de grande qualité :
“Le CESER rappelle combien l’essentiel des dépenses inscrites dans la section comptable de fonctionnement représentent en fait des investissements pour l’avenir ou pour répondre à des besoins de service à la population : santé et action sociale ; formation ; éducation ; action associative …”
Ainsi l’austérité, car il faut mettre les bons mots sur les faits, cette austérité a des conséquences graves pour le quotidien des habitantes et habitants de la région.
Cette austérité, c’est celle là même que votre parti a appliquée au niveau national quand il était au gouvernement.
C’est cette austérité qui a cassé l’hôpital public, supprimé des lits et nous a entraîné.es dans cette crise sanitaire.
C’est cette austérité qui a supprimé la police de proximité et a entraîné une recrudescence des problèmes de sécurité.
C’est l’austérité que vous mettez en place depuis 2015 qui détruit les services publics régionaux.
Vous détruisez le service public des lycées, le budget par élève diminue année après année, nous avons de moins en moins de personnels éducatifs et les lycées sont de plus en plus vétustes et de plus en plus remplis. Votre “plan Marshall” est de l’esbrouffe. En refusant d’investir massivement dans les lycées, vous diminuez les conditions d’éducation des lycéennes et lycéens. Et puis en refusant d’investir vous êtes en train de laisser une dette à la région, celles et ceux après vous devront investir massivement pour rattraper le retard que nous sommes en train de prendre.
Vous détruisez le service public de la formation professionnelle. Ce n’est bien entendu pas une nouveauté, depuis 2015 la formation professionnelle est votre grande abandonnée. J’ai l’impression, rendu-compte après rendu-compte, budget après budget qu’ elle ne sert qu’à gager vos dépenses imprévues.
Lors de la précédente AP nous avons voté un “plan de retour à l’emploi” de 100 millions d’euros. Bonne nouvelle, auriez- vous enfin pris conscience des enjeux ?
Absolument pas, ces millions ne sont pas dans le budget, ce plan ne sera pas financé par la région mais par Pôle emploi. Encore une fois vous faites de la communication mensongère.
Et vous êtes en train de détruire le bouclier social régional.
Je vais citer à nouveau l’avis du CESER : “ La crise sanitaire a mis en évidence le rôle clé des associations dont l’action indispensable nécessite un soutien actif de la Région.”
Le CESER propose à l’unanimité que vous souteniez les associations et que faites-vous ?
Vous abandonnez le tissu associatif notamment dans les secteurs de l’action sociale, de la solidarité, de la culture, ces mêmes structures qui sont au premier plan face aux crises en particulier dans les quartiers populaires. Car le plus flagrant dans votre abandon du champ social est votre budget sur le volet social de la politique de la ville. Le budget n’était déjà plus que de 350 000€, vous ne laissez plus que 100 000€, la question des banlieues n’a donc plus aucun intérêt pour vous ?
Je me demande ce que pensent les élus de votre majorité issus de ces territoires…
Ce budget, cette austérité torpillent les espoirs de la jeunesse, torpillent les espoirs des générations futures. Et la ligne dans votre budget sur la jeunesse montre bien votre intérêt pour ces générations : elle n’existe pas !
Alors vous vous targuez d’un investissement sans précédent. Soit. Nous nous en réjouissons également, il est plus que nécessaire d’investir aujourd’hui et vous savez bien que nous serions même allés plus vite, comme tous les observateurs le recommandent et comme toutes les autres régions le font : nous aurions investi plus ! Nous aurions investi pour les générations futures et pour une relance écologique et sociale !
D’ailleurs le tableau des nouvelles autorisations de programme, que nous avons enfin reçu hier soir – c’est d’ailleurs un peu particulier en matière de transparence démocratique -, ce tableau fait état de 804M€ de nouvelles AP l’an prochain en investissement, pour 1,4 milliards de crédits de paiement. La réalité, c’est que vous allez d’abord payer en 2022 l’addition salée de votre grande générosité du premier semestre 2021, juste avant les régionales. Et sur des investissements hautement questionnables, comme les 21 M€ de minibus sans critères offerts aux clubs sportifs, dont le tiers à deux semaines du 1er tour des régionales.
Car le problème c’est que votre investissement n’est pas QUE insuffisant, il est surtout contraire aux intérêts de la région ! Il continue de détruire notre environnement, notre qualité de vie, notre santé. Vos choix sont climaticides M. le président !
Votre volonté de supprimer chaque année du budget dans les transports ferroviaires est climaticide. Elle va à l’opposé de votre soi-disant volonté d’agir sur la qualité de l’air ! Dans ce budget, vous diminuez de 50 millions l’investissement dans le ferroviaire pour les mettre dans le transport routier qui n’est pas votre compétence ! Vous menez une politique des années 70, M. Wauquiez, une politique polluante qui n’a pas compris les enjeux du dérèglement climatique et de développement réellement durable des territoires.
Vous continuez de préférer financer les canons à neige plutôt que les politiques de préservation de l’eau ou que les politiques de transition des territoires de montagne !
Vous continuez de préférer financer les chasseurs plutôt que des parcs naturels régionaux.
Cette fuite en avant que vous organisez dans ce budget torpille l’espoir de bâtir un monde désirable et vivable pour les générations futures,
Cette fuite en avant torpille l’espoir d’un véritable plan de relance régional face aux crises
Ce budget 2022 pourrait pourtant être celui de la relance, être celui de la transition écologique, être celui des solidarités ! C’est dans cet esprit que nous vous avons proposé de nombreux amendements.
Avec près de 200 millions de mouvements budgétaires, dont 40 M€ en commun avec nos partenaires de gauche pour réhausser le budget de la formation professionnelle à la hauteur des enjeux. Ces amendements n’ont pas vocation à faire de la communication politique, l’objectif est bien d’avoir un débat politique éclairé pour tenter d’améliorer ce budget et de redonner espoir aux générations futures.
