Interventions de Véronique VERMOREL et d’Anaïs WIDIEZ sur les Bilans 2020 (Apprentissage, Développement durable, Egalité Femmes-hommes)

Intervention de Véronique VERMOREL sur le rapport Développement durable, les rapports Apprentissage et aides aux entreprises

Regroupés en une seule délibération, nous avons aujourd’hui à débattre et à prendre acte de plusieurs rapports. C’est bien dommage d’ailleurs de diviser ainsi le temps d’expression sur, d’une part, les bilans sur l’apprentissage et l’aide aux entreprises et, d’autre part, le rapport de développement durable et le rapport sur l’égalité hommes/femmes. Ces deux derniers mériteraient d’ailleurs un débat à part entière mais ça en dit long sur la considération apportée à ces thématiques.

Devant cette pénurie organisée du temps de parole, nous avons choisi de nous exprimer à deux voix et de prioriser nos interventions. Pour ma part, je m’exprimerai au nom de notre groupe Les Ecologistes sur le rapport de développement durable ; ma collègue Anaïs Widiez ensuite sur le rapport égalité homme/femme.

Concernant le rapport de développement durable, c’est un élément important destiné à guider les politiques publiques et à discuter des orientations budgétaires. La loi l’a vraiment pensé comme un outil prospectif et prévoit en effet qu’il soit présenté préalablement au débat sur le projet de budget, de façon à pouvoir contribuer aux choix politiques et à leur cohérence au regard des 5 finalités du développement durable. Force est de constater qu’en nous le présentant le jour même du vote du budget, les jeux sont pour ainsi dire faits ! Au moment où nous parlons, en effet, la messe est dite : votre budget est arrêté. C’est un premier point que nous voulions souligner.

Ensuite, le rapport que vous nous présentez aujourd’hui est plus un rapport d’activité dans lequel des pictogrammes indiquent le lien avec quelques-uns des 17 objectifs de développement durable définis par l’ONU. C’est bien loin de l’esprit de la loi (n o 2010-788) du 12 juillet 2010  car ce document n’est pas destiné à être une image statique des résultats de la collectivité et un simple inventaire des actions passées, comme ce que vous nous présentez ; il doit également fournir des indicateurs et des objectifs pour demain, indicateurs qui doivent clairement répondre aux 5 piliers définis que sont :

  • ü  lutte contre le changement climatique et protection de l’atmosphère,
  • ü  préservation de la biodiversité, protection des milieux et des ressources,
  • ü  épanouissement de tous les êtres humains,
  • ü  cohésion sociale et solidarité entre territoires et entre générations,
  • ü  transition vers une économie circulaire – Consommation responsable

Mais nous ne trouvons à aucun moment dans ce document des éléments permettant de situer la collectivité par rapport à des objectifs (quelle est l’efficacité derrière les chiffres donnés ? Comment mesurer l’écart si un objectif n’a pas été clairement formulé) ; nous ne trouvons pas non plus d’indicateurs permettant d’évaluer l’impact des actions prises, comme tout simplement les émissions de GES économisées, ou le nombre de km2 de terres arables préservées.

Vous auriez pu poser, comme d’autres collectivités le font, des indicateurs comme l’indice de vulnérabilité aux risques climatiques, ou par exemple, très adapté pour la région,  un indice d’autonomie alimentaire du territoire auralpin, qui donnerait un cadre et un cap à toutes les décisions prises, ayant un lien avec la politique agricole, mais aussi avec la politique foncière ou économique de la région.

Rien dans ce rapport ne va dans le sens d’une lecture transversale, ni d’une posture d’évaluation des politiques publiques et d’amélioration continue. C’est bien dommageable car c’est pourtant le sens d’un rapport de développement durable.

La photographie que vous donnez dans ce rapport est donc un simple constat et un satisfecit de vos choix, sans analyse fine des interactions multiples : nous sommes devant une photographie sans arrière-plan, ni profondeur de champ, et sans perspectives. Cela montre à quel point votre exécutif reste myope aux enjeux climatiques qui nous dictent pourtant de peser chacune de nos décisions en mesurant leurs impacts et leurs conséquences à l’aune de ces 5 piliers du développement durable.

Je passe la parole à ma collègue Anaïs W.

Intervention d’Anaïs WIDIEZ sur rapport le Égalité Femmes-Hommes

M. le président, Mes chères collègues, 

Je vais donc vous parler du bilan égalité 2020.

Dans le document qui est présenté, on note des points positifs comme la campagne #ChangeonsLesCodes et la mise en valeur de modèles féminins dans le numérique, la tournée de l’association Filactions auprès des jeunes, où encore les ambitions présentées dans le rapport qui sera exposé tout à l’heure sur les violences faites aux femmes et que je laisserai ma collègue commenter.

Mais globalement je tire aussi de cette lecture un sentiment flou, une impression qu’il a fallu meubler un peu… ça manque de chiffres, de pourcentages et de mises en perspectives surtout, des sujets ne touchant pas spécifiquement à l’égalité femmes hommes où à la politique de la région y sont mélangés, je ressens un malaise pour tout vous dire.

Mais je crois que ce malaise concerne l’échelle nationale puisque ce bilan est globalement autour des moyennes nationales sur les chiffres clés, les marqueurs, les stéréotypes persistants etc… ce qui est logique puisque globalement, la région a surtout mis en application des obligations prévues par la loi et les règlements des collectivités.

L’égalité est une valeur socle inscrite dans la devise de la république. Et l’égalité devant le droit, nous l’avons. Nos aînées se sont battues, courageusement, et ont obtenu les droits fondamentaux pour les femmes. Pourtant, et je vous cite dans ce bilan, “beaucoup d’inégalités et de paradoxes subsistent”. Pourquoi ?

Nous sommes un certain nombre à penser que le chemin qu’il reste à parcourir est maintenant culturel, que le nouveau terrain de jeu féministe et écoféministe se situe au niveau de la déconstruction des stéréotypes, du détricotage du sexisme dans les esprits, du désamorçage des logiques de domination. Parce que les stéréotypes de genre, le sexisme et les logiques de domination sont le terreau des violences faites aux femmes, et notre première source d’insécurité.

Le conseil régional s’honorerait à adopter un langage épicène pour toutes ses communications, on y reviendra, à adopter un grand plan de lutte contre le sexisme, une budgetisation sensible au genre, et pourquoi pas à appliquer l’éco-éga-conditionnalité des subventions publiques.

Alors nous avons une assemblée quasiment paritaire, ce que je salue, avec un partage des responsabilités qui semble paritaire en 2020, ce que je salue également. Et c’est très important parce que l’égalité et l’émancipation des femmes viendront autant des politiques publiques que des femmes qui seront forces motrices du changement. Et dans cette lutte transversale et transpartisane, mes chères collègues, et c’est un mot épicène mais je le dis au féminin, nous avons cette responsabilité mes chères collègues conseillères régionales, d’occuper l’espace politique et médiatique, et de produire des modèles pour les petites filles et les jeunes femmes qui veulent faire de la politique, mais aussi pour toutes celles qui s’effacent et se taisent parce qu’elles croient que c’est là leur place.

Il y a encore beaucoup à faire, au-delà de l’application des lois, et il nous faut aujourd’hui une politique plus volontariste.

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